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L’étiquetage d’origine impacte les exportations agroalimentaires belges

Il y a quelque mois, un débat avait émergé au sein de l’Union européenne quant au caractère obligatoire ou non de l’étiquetage d’origine. Certains États membres, dont la France, ont décidé de mettre en place un étiquetage obligatoire.

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Ce type de mesures nuit toutefois aux pays exportateurs comme la Belgique. C’est pourquoi, lors de la réunion des ministres européens de l’Agriculture du 17 juillet, Willy Borsus s’est exprimé en faveur d’un mécanisme volontaire d’étiquetage d’origine, en excluant l’obligation d’étiquetage faite aux producteurs nationaux. « En effet, dans le marché intérieur unique, l’objectif est bien de faire tomber les barrières et non pas d’en créer de nouvelles », a précisé le ministre belge.

Baisse des exportations

À cet égard, la Belgique dispose de premiers chiffres : la Banque nationale a relevé une baisse substantielle des exportations de certains produits vers la France depuis l’été dernier. En effet, les contrats pour le lait et les produits laitiers sont de moins en moins renouvelés depuis la première annonce de la mesure française durant l’été 2016. Aussi, le secteur laitier belge a connu une diminution de ses transactions commerciales allant jusqu’à 17 %, entre le 2ème semestre et la même période de l’année passée.

La mesure est finalement entrée en vigueur le 1er janvier 2017 et une nouvelle diminution des exportations a été constatée depuis ce moment. Le commerce de certains produits comme la poudre de lait est d’ailleurs désormais quasiment nul. « Alors que l’objectif des autorités françaises visait à améliorer l’information aux consommateurs, je constate que sous la pression exercée par certains grands groupes de distribution, c’est le choix des consommateurs qui s’est restreint », a expliqué Willy Borsus à la Commission et aux États membres.

En outre, la France est un marché d’exportation important pour notre pays : les exportations agroalimentaires totales sont estimées à 5 milliards € en 2015 alors que les exportations de viande et de produits laitiers belges vers la France représentaient pour la même période 1,3 milliard €. Pour le Ministre : « Nous sommes favorables à promouvoir la proximité et une information complète du consommateur. L’étiquetage volontaire est une très bonne réponse à ces exigences, alors que l’étiquetage obligatoire sera un frein pour les pays exportateurs comme la Belgique. »

Le ministre a donc demandé à la Commission, en tant que garante du marché commun, d’initier les travaux d’évaluation de ces mesures nationales afin qu’un rapport intermédiaire indépendant puisse déjà être établi un an après l’entrée en vigueur de la première mesure nationale.

Suivre les pratiques commerciales

La Belgique a également fait remarquer que ce débat est aussi lié en partie aux conclusions de la Task Force « marchés agricoles » qui estime qu’il conviendrait de suivre de près les pratiques commerciales entre les opérateurs de la chaîne alimentaire. Notre pays a donc proposé que cette évaluation intègre un monitoring des effets aux deux extrémités de la chaîne agroalimentaire, à savoir d’une part sur les prix payés aux agriculteurs et d’autre part sur les prix payés par les consommateurs.

La demande de la Belgique a été soutenue par cinq États membres (les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Allemagne, la République Tchèque et le Danemark).

La Commission s’est déclarée ouverte à cette évaluation mais a souhaité attendre la mise en place de tous les décrets nationaux des États membres qui ont déjà notifié leur projet afin de procéder à une évaluation globale. Elle a d’ailleurs demandé aux États membres concernés de lui transmettre tous les éléments disponibles.

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