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Poudre de lait: aucune solution pour les stocks publics d’intervention!

Alors que la Commission européenne essaie de convaincre les États membres d’assouplir le dispositif d’intervention publique sur la poudre de lait pour ne pas en stocker encore plus l’année prochaine, les producteurs européens de l’European Milk Board (EMB) demandent le renforcement des outils de gestion des crises.

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Il ne lui reste plus que la peau sur les os. Même une hausse du prix du beurre ne parvient pas à soulager la détresse dans la filière laitière », constate l’EMB qui a mené, le 26 octobre, une « action symbolique » : la statue d’une vache squelettique avec, à ses pieds, des sacs pleins de poudre de lait trônait devant le siège de la Commission européenne. « Il manque toujours un mécanisme de prévention des crises au sein la Politique agricole commune » pour limiter ou réduire la production en cas de déséquilibre grave du marché, déplore une nouvelle fois l’organisation. Concrètement, celle-ci souhaite que l’Observatoire du marché laitier soit complété d’un mécanisme permanent permettant, en cas de crise, de limiter ou réduire la production pour une durée limitée.

L’EMB estime par ailleurs que les prix du lait restent nettement inférieurs aux coûts de production, notamment du fait de la pression qu’exercent les stocks de poudre de lait écrémé accumulés durant la dernière crise, en 2016. « Depuis 2012, la France enregistre, en moyenne, un manque à gagner annuel de 21 %, les Pays-Bas de 23 %, l’Allemagne de 22 %, la Belgique de 24 % et le Danemark de 17 % », détaille Sieta van Keimpema, vice-présidente de l’organisation.

Le problème de l’intervention publique

La Commission essaie justement de convaincre les États membres de réduire le plafond d’intervention publique pour la poudre de lait écrémé à zéro pour 2018 afin de ne pas accumuler de nouveaux stocks de poudre. « Si rien n’est fait, à partir de mars de l’année prochaine (date d’ouverture du dispositif d’intervention publique), nous serons obligés d’acheter de la poudre de lait à un prix fixe dans les limites du plafond de 109.000 t », s’est à nouveau inquiété le commissaire européen à l’agriculture Phil Hogan le 19 octobre alors qu’il participait au Forum des coopératives laitières polonaises.

En effet, selon les données de l’Observatoire européen du marché laitier, le prix moyen de la poudre de lait pour l’alimentation humaine dans l’Union européenne se situe actuellement à 162,9 €/100 kg, soit en dessous du niveau d’intervention (169,8 €/100 kg).

Mais l’accueil réservé par les experts des Vingt-huit, le 23 octobre, à cette proposition a été mitigé : quelques-uns soutiennent la proposition tout en insistant bien sur le fait qu’elle doit être temporaire, d’autres dénoncent un nouvel affaiblissement du filet de sécurité. Tous par contre appellent la Commission européenne à trouver une solution pour se débarrasser des stocks accumulés depuis 2016 (près de 400.000 t), notamment à destination des démunis et de l’alimentation animale.

Les experts des États membres ont d’ailleurs donné leur feu vert le 19 octobre en comité permanent OCM (organisation commune des marchés) à la vente de 40 t de poudre de lait écrémé de l’intervention publique à 144,05 €/100 kg (le prix moyen de la poudre de lait à destination des aliments pour animaux se situe à 142,3 €/100 kg).

Depuis le lancement d’appels d’offres pour vendre les stocks, seulement 180 t ont trouvé preneur, dont 40 t en décembre à 215 €/100 kg et 100 t en juin à 185 €/100 kg.

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