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La Scar fait peau neuve avec un site de production d’aliments entièrement dédié à l’élevage biologique

La Scar a inauguré, la semaine passée à Bullange, son usine de production d’aliments exclusivement biologique. Une réponse forte et adéquate à la demande grandissante de ce type de produits émanant des 2.500 agriculteurs qui constituent la coopérative.

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La Scar est une coopérative agricole dont les bases remontent à la fin du XIXe siècle et qui est restée indépendante et de taille réduite puisqu’elle commercialise annuellement environ 70.000 t d’aliments composés. Dans le but de conserver cette optique coopérative et indépendante, la société fait le choix, depuis de nombreuses années, de la différenciation. Éric Walin, directeur, explique : « Afin de pérenniser notre vision d’un outil collectif au service des agriculteurs, il est important de nous adapter et d’évoluer avec les attentes des producteurs, mais aussi des consommateurs ».

La différenciation pour rester compétitif

« Si nous voulons continuer à être compétitifs, nous devons saisir les contraintes de certaines demandes précises comme des opportunités d’exister et de créer de la valeur ajoutée, tout en répondant aux exigences de nos coopérateurs », poursuit-il. Cette différenciation, elle est principalement représentée par la spéculation biologique, qui a été identifiée très tôt comme une production intéressante.

« Dès 1995, notre nutritionniste a entamé la production de quelques mélanges bio dans notre ancienne usine de Waimes. Mais ce n’était que les débuts de la spéculation. La demande était marginale, la qualité des mélanges était moyenne et il n’existait aucune réglementation européenne, ce qui donnait lieu à de nombreuses interprétations. Le volume annuel de production était alors inférieur à 500 t/an ».

La transformation de l’usine de Bullange, alors entièrement dédiée à l’alimentation des bovins en conventionnel, en site de production exclusivement biologique, a été décidée en 2006. Les volumes vendus de ce type d’aliment étaient en effet en progression constante, notamment grâce à une collaboration commencée en 2003 avec le secteur avicole. Le transfert de la production conventionnelle vers le site de Herve a donc permis de maintenant consacrer entièrement l’usine de Bullange à la production des 21.000 t (chiffres de 2016) d’aliments composés biologiques. Ce secteur représente, sur les 9 premiers mois de 2017, 41 % des composés agricoles et plus de 50 % de la clientèle.

De nombreux investissements

Quitte à transformer l’usine, la coopérative en a profité pour réaliser des investissements dans de nouvelles installations, afin de se retrouver techniquement à la pointe. « En 2016, 550.000 € ont ainsi été investis pour construire 8 silos de produits finis spécifiques aux volailles, ainsi qu’une ensacheuse automatique avec étiquetage direct », explique Éric Walin. « Cette année, ce sont 22 silos de stockage de matière première qui ont été construits. Étant donné la spécialisation en volailles, la réception de l’usine a été améliorée à l’aide d’un système d’injections d’acides organiques pour traiter les tourteaux et autres matières à risque. De plus, le déchargement des camions qui prenait auparavant 1h15 se réalise maintenant en 25 minutes ». Enfin, dans une optique de durabilité chère à l’agriculture biologique, 640 m² de panneaux photovoltaïques ont été installés et produisent 15 % de l’énergie consommée sur le site. Le coût total de ces investissements s’est porté à environ un million d’euros. D’autres projets sont en préparation à Bullange, avec principalement l’automatisation complète de l’usine en 2018, pour un coût de 200.000 €.

Toutes ces améliorations ont eu lieu en totale collaboration avec les autorités communales, comme le confirme le bourgmestre de Bullange, Friedhelm Wirtz, très heureux de voir cette usine se développer dans cette région rurale et fortement portée sur ce type de spéculation.

Bio et conventionnel en parallèle

L’objectif affiché n’est pas d’opposer l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle, mais bien de travailler sur les deux tableaux en parallèle, et de la meilleure manière possible. Quelle meilleure solution, donc, que de proposer deux circuits indépendants l’un de l’autre ? Le ministre wallon de l’Agriculture René Collin approuve en tout cas cette idée. « C’est bien vu », lance-t-il tout de suite. « C’est une réponse proactive à la demande des producteurs qui n’est pas réalisée uniquement pour le profit. J’apprécie particulièrement le fait de ne pas mettre en opposition les deux types d’agriculture, qui cohabitent très bien chez nous ».

« Ce qui est bon pour nos agriculteurs, c’est d’être plus fort et moins dépendant des intrants étrangers, être plus autonome et favoriser l’économie circulaire. La Wallonie ne sera jamais concurrentielle avec les grands pays producteurs, nous devons donc miser sur une augmentation de la valeur ajoutée et donner plus de valeur aux matières premières ». Le ministre rajoute qu’il faut faire en sorte que les producteurs soient mieux considérés, garder notre qualité locale et mieux valoriser le bio et la qualité différenciée, afin que l’ensemble de l’agriculture en sorte renforcée.

« L’élevage biologique a besoin de tous ses partenaires, et la Scar en est un incontournable, avec des ambitions fortes mais atteignables pour ses clients ». Alors que le nombre estimé d’exploitations au moins partiellement biologiques pour 2020 était de 1.750, le ministre annonce qu’elles seront finalement plus de 2.000. Concernant la qualité différenciée, il explique que AgriLabel – une cellule d’appui pour soutenir les producteurs dans leurs démarches d’obtention d’un label – a été renforcé, dans l’objectif de doubler le nombre de produits labellisés d’ici 2020.

« PQA (Porcs Qualité Ardennes) est un bel exemple de qualité différenciée qui vise la flexibilité afin de permettre à chacun de travailler selon ses choix ». Il souligne encore que les produits biologiques doivent se vendre au prix juste. « Vendre de tels produits au rabais, c’est rendre un mauvais service à ce type d’agriculture, mais aussi à l’ensemble des producteurs, et même aux consommateurs ». « Bien qu’un compromis européen soit sur la table, la Wallonie refuse catégoriquement d’y apposer sa signature, donc la Belgique ne peut l’accepter », conclut-il.

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