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Flandre: 10% d’azote supplémentaire provenant de la transformation du lisier

L’évolution du secteur de transformation du lisier a toujours été étroitement liée à l’évolution des réglementations. En Flandre, il subit seulement maintenant un effet du MAP 5 (MestActiePlan), un « plan lisier » lancé en 2015.

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C’est lors de l’inauguration de l’installation biologique de traitement de lisier D’Haeye-Cleaning à Avelgem que les résultats de l’enquête annuelle du Vlaams Coördinatiecentrum voor de Mestverwerking (VCM) ont été présentés.

Cette nouvelle installation a une capacité de transformation de 25.000 m³ de déjections par an, soit près de 70 m³ par jour. Le lisier est d’abord séparé par centrifugation, après quoi l’air qui sera rejeté passe dans le réacteur Biobed qui en élimine les odeurs. Cette mesure n’est pas obligatoire, mais l’entreprise D’Haeye souhaitait une entente aussi bonne que possible avec le voisinage.

Suivi à distance

Après la séparation, la fraction épaisse est envoyée vers une entreprise de compostage. Ladite fraction comporte alors une quantité de 30 % de matière sèche, et contient 70 à 75 % du phosphore du lisier.

La fraction mince contient presque tout l’azote et est stockée pour être envoyée au réacteur biologique. Par un procédé de nitrification et dénitrification, des bactéries transforment alors l’azote ammoniacal en gaz diazote sans effet sur le climat. Il ne reste alors qu’un effluent riche en potassium et quelques boues résiduelles qui peuvent être épandues sur les terres. L’ensemble du processus peut être suivi à distance.

Effluents de porcs et biologie

Avec cette installation, la technique de transformation biologique prouve qu’elle est toujours d’actualité, malgré les critiques sur le fait qu’éliminer l’azote dans l’air est peu en accord avec le principe de l’économie circulaire. C’est une problématique qui a été soulignée par les membres du VCM eux-mêmes, dans une récente note.

Mais il semble pour le moment que la biologie soit la meilleure solution. « Il n’y a pas d’alternative qui puisse faire la même chose pour le même prix », a déclaré Dieter Van Parys de Bioarmor, entreprise bretonne spécialisée dans les produits d’hygiène et d’environnement de l’élevage. Actuellement, plus d’un tiers de l’azote transformé l’est biologiquement, et de tout l’azote transformé biologiquement l’année passée, 90 % provenaient des effluents de porc.

Plus d’azote, plus d’usines

La quantité totale d’azote transformée augmente chaque année. Cette hausse a été remarquablement importante l’année passée, avec une croissance de 10 % à 41,5 millions de kilos d’azote. Le VCM a imputé cela au MAP 5 dont les conséquences n’avaient été réellement visibles qu’en 2016. « Le printemps 2016 était également très humide. Par conséquent, les épandages de fumier ont été moins nombreux », a ajouté Thomas Vannecke, conseiller chez VCM.

La transformation et l’export des effluents de porcs et de volailles représentaient 86 % de l’azote de l’ensemble du lisier transformé. Les deux sortes de lisier se rencontrent en quantités équivalentes dans le secteur. Cependant, la transformation et l’export de déjections de volailles ont augmenté l’année passée, ce qui est probablement dû à la hausse du nombre de poulaillers.

En 2016, deux nouvelles installations de transformation biologique ont été créées. La Flandre compte au total 121 usines de transformation de lisier opérationnelles. Ces usines se trouvent dans des régions où beaucoup de porcs sont élevés : la moitié de la capacité de transformation se trouve en Flandre-Occidentale, suivie par la province d’Anvers avec 18 %.

Séchage biothermique

Comme dit précédemment, la transformation biologique est sans aucun doute la technique la plus utilisée. Quatre installations sur cinq sont biologiques, mais la transformation biologique ne représente que 36 % (en baisse de 3 %) de l’azote transformé. La technique de séchage biothermique est quant à elle en augmentation de 8 % et représente maintenant 38 % de l’azote transformé. C’est la première fois que le séchage biothermique est plus utilisé que la transformation biologique.

Thomas Vannecke voit deux explications à cette popularité grandissante. Premièrement, c’est une technique qui se prête bien à la transformation du lisier de volailles. C’est un lisier naturellement très sec, et son volume a considérablement augmenté ces dernières années avec l’expansion du secteur. La deuxième raison est la forte croissance de la transformation du lisier bovin, qui a été multipliée par sept l’année passée (de 0,16 tonne d’azote en 2015 à 1,2 tonne en 2016). Bien que cela reste relativement faible par rapport à la quantité totale de 41,5 tonnes, l’augmentation est impressionnante. « Avec le nouveau MAP, et la fin des quotas laitiers, il y a plus d’effluents bovins à transformer. Mais les agriculteurs réalisent également eux-mêmes la séparation à la ferme : la fraction mince est épandue sur les terres, tandis que la fraction épaisse est envoyée au séchoir. De cette manière, plus de fumier composté peut être amené sur les terres, sans apporter du phosphore en excès », a indiqué l’analyse.

La France, meilleur client

En dehors du lisier dont les nutriments retournent dans les fermes flamandes, une partie termine dans les jardins et la grande majorité est exportée. Le plus gros marché à l’exportation est la France, puisque sur 10 kilos de produits exportés, 6 kilos le sont pour la France. Il s’agit principalement de déjections séchées biothermiquement et de fumier calcique. Dans les deux cas, la température est augmentée de façon à rendre le produit hygiénique et permettre son exportation.

Dans le fumier calcique, la chaux permet cette augmentation élevée de la température via une réaction chimique. Le produit final est donc riche en calcium, ce qui le rend plus intéressant pour les clients.

Quel avenir ?

En 2016, il y a eu 10 % de lisier transformé en plus qu’en 2015. Cela a pour conséquence directe de réduire la capacité disponible. Cette capacité théoriquement disponible (23,5 % en moyenne en 2016) est due à des lacunes techniques ou des raisons administratives. Cependant, 20 unités de traitement de lisier ont signalé un manque d’approvisionnements en intrants. Quoi qu’il en soit, le VCM entrevoit encore une douzaine de nouvelles usines de transformation s’installer à l’avenir.

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