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Bien choisir les techniques de désherbage dans le but d’atteindre le zéro pesticide

Dès le 1er juin 2019, les communes wallonnes ne pourront plus faire usage de pesticides pour le désherbage des espaces publics. En parallèle, nombre de particuliers, professionnels des espaces verts et autres collectivités sont eux aussi à la recherche d’alternatives. Frédéric Jomaux, coordinateur du Pôle wallon de gestion différenciée, fait le point sur les techniques actuellement disponibles.

Temps de lecture : 5 min

Installé au cœur du palais 8 de Brussels Expo, l’îlot thématique Garden Passion accueillera de nombreux professionnels et passionnés de jardins et espaces verts lors de leur passage à Agribex. L’occasion de recueillir de nombreux conseils en matière d’alternatives aux pesticides pour le désherbage de ces surfaces.

Dresser l’inventaire des espaces verts

« Choisir une ou plusieurs nouvelles techniques de désherbage demande de suivre un schéma décisionnel spécifique », explique M. Jomaux. En premier lieu, il convient de prendre en compte tous les espaces verts nécessitant un entretien, que l’on ait la responsabilité de plusieurs espaces (communes, professionnels, collectivités) ou d’une surface plus restreinte (particulier).

« Il est ensuite nécessaire d’établir la « carte d’identité » des espaces à désherber (parcs, parkings, cimetières, allées, parterres…) afin de déterminer si un désherbage total et parfait est nécessaire », poursuit-il.

Réduire les surfaces à désherber

Le désherbage alternatif, qu’il soit manuel, mécanique ou thermique, requiert plus de temps que le désherbage chimique. « Changer de technique implique donc de réduire les surfaces à désherber car un même niveau d’entretien ne pourra plus être atteint, à moins de considérablement augmenter les temps de travail et, par conséquent, les coûts qui y sont relatifs ».

Il est ainsi possible d’enherber proprement et avec homogénéité les allées, des cimetières par exemple, en ajoutant terre et semences aux graviers déjà en place. Concernant les parkings, des dalles alvéolées peuvent être installées et engazonnées. Pour l’entretien, réaliser annuellement quelques tontes suffit et exige nettement moins de temps qu’un désherbage alternatif. Il est également possible de réduire les surfaces aux pieds des arbres ou dans les parterres par le fleurissement ou le paillage.

Identifier les exigences d’entretien

Outre l’augmentation des moyens humains, le désherbage alternatif nécessite plus de moyens matériels. Or, ce matériel a lui aussi un coût. À la lumière de ce nouvel élément, il est d’autant plus clair que le désherbage alternatif ne peut être identique au désherbage chimique.

Chaque personne ayant en charge l’entretien d’espaces verts doit donc identifier les exigences d’entretien de ceux-ci. Le but ? Distinguer les espaces exigeant un entretien moins fréquent ou moins intensif, même si cela passe parfois par un changement de mentalité. En effet, voir un cimetière enherbé ou végétalisé peut parfois surprendre.

Tester et choisir les techniques

Vu l’investissement que représente le désherbage alternatif, choisir la technique la plus adaptée à ses besoins professionnels ou privés est impératif. « Plusieurs paramètres permettent de faciliter le choix », explique Frédéric Jomaux. Et de les citer : « type et états du revêtement (graviers, pavés…), superficie totale, configuration (escaliers, pentes…), présence d’obstacles et accessibilité des lieux à entretenir ».

Le besoin en personnel et en consommable ainsi que la répartition des espaces à désherber doivent également être considérés avec grand intérêt. « Tester la machine avant l’achat est toujours un plus ! »

Des techniques mécaniques…

Parmi les techniques mécaniques de désherbage, on retrouve les brosses à fibres de nylon à rotation horizontale ou verticale, les brosses en acier « dont l’action est plus efficace mais requiert un revêtement stable » et des brosses combinant nylon et acier. L’usure des brosses dépend quant à elle de leur utilisation (surface de travail, fréquence…). Certains modèles peuvent être montés sur débroussailleuse, d’autres, destinés aux très grandes surfaces, sur tracteur.

On retrouve également des herses et grattoirs adaptés aux motoculteurs, des disques arracheurs d’adventices destinés à être accouplés à un porte-outil ou encore des rabots de piste permettant de scalper le sol en surface.

Enfin, autre outil pouvant être utilisé, le réciprocateur. Celui-ci ressemble, de loin, à une débroussailleuse et est constitué de deux lames circulaires crantées agissant comme des ciseaux.

… aux alternatives thermiques

« Le désherbage thermique requiert 3 à 7 interventions par an, là où un à deux traitements chimiques suffisent, et est plus adapté aux petites surfaces qu’aux grands espaces. » précise M. Jomaux.

Dans ce domaine, de nombreuses solutions existent. On retrouve, en premier lieu, les techniques mettant à l’œuvre la flamme directe, l’infrarouge (via une plaque chauffante), la combinaison des deux ou l’air pulsé à 300 ºC. « Dans ce dernier cas, les risques d’incendies sont réduits à néant. »

Dans un second lieu, on retrouve différents procédés à base d’eau : pulvérisation d’eau chaude (l’utilisateur doit alors avoir suffisamment d’eau à sa disposition, via une remorque par exemple, ce qui peut s’avérer peu pratique), utilisation de mousse chaude constituée d’eau et d’un savon biodégradable et utilisation de vapeur d’eau. Cette dernière technique permet de réduire la quantité d’eau nécessaire. En outre, les outils sont généralement plus compacts.

Faire un choix pratique

Outre les différents critères liés aux espaces en eux-mêmes évoqués ci-dessus, d’autres critères plus pratiques entrent en jeux dans le choix de la technique et de l’engin de désherbage.

Frédéric Jomaux : « N’oublions pas que l’outil sera fréquemment utilisé. Avant de faire son choix, il faudra donc considérer la facilité d’utilisation, la maniabilité et l’ergonomie de l’engin, les éventuelles vibrations (confort de travail) ou encore la dangerosité (flamme, émanation de gaz) ».

Enfin, la dépendance de l’appareil, soit à l’eau, soit au gaz, ainsi que son prix d’achat sont les deux critères qui prennent bien souvent le plus de poids dans la décision de l’utilisateur ou de la collectivité.

J.V.

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