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Auprès de mon potager: imaginer déjà les prochains semis !

La période hivernale est propice pour jardiner en rêves, en imaginant déjà les légumes que nous récolterons au cours des prochaines saisons. C’est aussi une période idéale pour trier, classer, inventorier les graines qu’il nous reste en stock. Et aussi, pouvoir choisir dans les catalogues celles qu’il nous manque.

Temps de lecture : 7 min

Dans les jardineries et dans les catalogues, le choix variétal est très large, surtout dans les rayonnages dédiés aux semences ; la diversité est un peu moindre pour les plants à repiquer. La question se pose donc, est-ce intéressant de produire soi-même ses plants de légumes ?

Produire ses plants ou les acheter ?

Nous pouvons élever nous-mêmes nos propres plants ou les acheter. Ces deux options ont leurs avantages et leurs inconvénients.

Semer pour élever ses propres plants

Cette option permet de disposer d’un choix beaucoup plus large de variétés. En jardineries, nous profitons en plus des conseils de spécialistes, les variétés sont déjà choisies pour leur adaptation à nos conditions climatiques. Nous avons la possibilité de produire les plants et de les installer dans le potager à leur stade idéal. Nous avons beaucoup moins de risque d’introduire une maladie ou des ravageurs venant d’une autre pépinière.

L’élevage de plants procure une grande satisfaction au jardinier. Mais pour élever des plantes sensibles au froid, nous devons disposer d’une structure adaptée : un coffre, une couche, une serre, une véranda…

L’élevage subit parfois des échecs, la régulation des températures n’est pas toujours idéale, il suffit d’une nuit de gel ou d’une journée à 50ºC sous le verre pour tout perdre. L’arrosage doit être régulier : à suivre chaque jour ou à réguler automatiquement.

Acheter des plants

Cette autre stratégie présente aussi des avantages. Pour le petit jardin, c’est tout aussi économique : un sachet qui contient 1500 graines est bien trop grand pour un jardinier qui a besoin de 10 plants/an. Autre avantage : on décide, on achète, on plante sur la même journée. Pas de souci de conservation de ses semences d’une année à l’autre.

Les fleurs de courges sont surtout fécondées par du pollen emmené par les insectes pollinisateurs qui travaillent dans un rayon de plusieurs centaines de mètres. Les croisements sont donc la règle, sauf si le sélectionneur isole les plantes pour éviter ces croisements.
Les fleurs de courges sont surtout fécondées par du pollen emmené par les insectes pollinisateurs qui travaillent dans un rayon de plusieurs centaines de mètres. Les croisements sont donc la règle, sauf si le sélectionneur isole les plantes pour éviter ces croisements. - F.

En pépinières ou en place?

Quelles espèces semer en pépinières et quelles autres semer directement en place ?

De nombreuses espèces de légumes se sèment directement en place. Elles se comportent mieux en les semant directement en place : les carottes, les betteraves, les navets, les panais.

D’autres espèces peuvent être semées en place ou semées en pépinière puis plantées. Nous choisissons suivant la date de récolte souhaitée. Le maïs, le haricot, le pois sont délicats, ils peuvent être semés en pots mais ne reprennent que difficilement. Enfin, les laitues peuvent être semées en place dès juin, la racine pivotante peut prélever l’eau en profondeur. Par contre, les premières cultures de l’année sont semées en pots ou en mottes pressées pour gagner de la précocité, mais les racines restent superficielles et les arrosages doivent être plus soutenus.

Pour celles qui ont cycle de végétation plus long ou qui ont des exigences de température durant les premiers après le semis, l’élevage en pépinière est une obligation et sera suivi d’une plantation. En semant en pépinière sous abris, nous pouvons gagner quelques semaines de précocité. Sous abris, nous sommes aussi moins dépendants des aléas climatiques. Nous pouvons aussi semer, repiquer une ou deux fois et planter. Un bel exemple : le chou-fleur. Nous le semons en terrine, le repiquons en godets de 6 cm de diamètre puis en godets de 9 cm de diamètre ; enfin, nous l’installons au potager. Chaque transplantation lui permet de densifier son chevelu racinaire.

Les étiquettes, riches d’infos

Les indications sur les sachets de graines et sur les catalogues mentionnent des informations très précieuses.

Variété population ou hybride ?

Les semenciers sélectionnent dans un groupe de plantes d’une espèce celles qui leur semblent présenter les meilleures caractéristiques. Ils laissent ces plantes sélectionnées produire des semences dans une enceinte close pour éviter l’arrivée de pollen venant de l’extérieur. Ils obtiennent une sélection. Ils peuvent renouveler l’opération plusieurs fois et affiner leur tri tout en gardant une diversité nécessaire au maintien de la richesse de la population. Les plantes de la population se reproduisent entre elles. La force de la population se trouve dans la relative diversité des plantes qui présentent des traits majeurs communs. En prenant la même précaution de diversité et d’isolement, le jardiner peut maintenir la variété en multipliant ses semences. Les étiquettes ne mentionnent que le nom de la variété.

L’hybride est obtenu en fertilisant les fleurs d’une population A aux caractéristiques communes que nous appelons « A » dans notre exemple avec le pollen d’une population B aux caractères « B » de la même espèce. L’espoir sera d’obtenir un hybride avec des caractéristiques très intéressantes et même amplifiées grâce à la mixité. C’est une variété F1. En essayant de faire féconder les fleurs de ces plantes F1 par du pollen du même groupe, nous n’obtiendrons plus la même homogénéité, les mêmes avantages. Un hybride coût plus cher à produire et donc les semences sont plus chères pour le jardiner. Sur l’emballage, à côté du nom de la variété, il est mentionné « F1 ».

Choisir selon…

le climat  : nous comprenons facilement qu’une variété sélectionnée pour s’adapter au climat méditerranéen ne soit pas nécessairement adaptée à la Belgique. La maison semencière qui distribue des variétés chez nous en tient compte. Soyons prudents en cas d’achats à distance. Nos variétés sont pratiquement les mêmes qu’aux Pays-Bas et que dans les Hauts de France.

l’usage  : des variétés sont adaptées à la congélation d’autres moins. Cette indication sur l’emballage est pertinente sans être vraiment exclusive.

la précocité  : celle-ci signifie aussi, pour certaines espèces, l’adaptation à la longueur du jour. Ce sera notamment le cas pour les laitues et les chicorées frisées ou scaroles. Le non-respect des recommandations augmente les risques de montée prématurée à graines ou d’absence de pommaison.

la durée de végétation  : cette information est importante chez nous. Des variétés à durée de végétation longue peuvent tout simplement ne jamais mûrir sous notre climat. Elle est différente de la précocité mais lui est en partie associée.

la résistance aux maladies et aux ravageurs  : c’est une caractéristique extrêmement importante pour pouvoir cultiver sans recourir aux produits de protection des plantes. Les sélectionneurs apportent des nouveautés remarquables par rapport aux anciennes sélections.

les dimensions de la plante  : c’est une donnée importante pour les petits potagers et pour les jardins en bacs.

le goût  : c’est une information à la fois très importante et subjective. Tout est une question de… goût.

La fécondation de la fleur de haricot est principalement réalisée avant son ouverture complète. La plante s'autoféconde donc largement avec seulement un peu de croisement naturel. Les semences gardent assez bien les caractères de la plante sur laquelle nous prélevons les graines.
La fécondation de la fleur de haricot est principalement réalisée avant son ouverture complète. La plante s'autoféconde donc largement avec seulement un peu de croisement naturel. Les semences gardent assez bien les caractères de la plante sur laquelle nous prélevons les graines. - F.

Produire ses propres semences ?

C’est tentant ! Pour des raisons économiques et surtout pour le plaisir de suivre le cycle complet de la nature pour nos légumes préférés. Pour un travail de qualité, inspirons-nous des explications reprises ci-avant pour les sélections. Ensuite, travaillons avec méthode pour indiquer clairement le nom de la variété de départ et l’année de récolte des graines. Ensuite, laissons-les mûrir en plein air ou en laissant sécher les pieds semenciers récoltés en entiers sous un espace ventilé et à l’abri de la pluie. Dès le battage des graines, s’assurer de bien faire sécher la récolte avant de la ranger dans un emballage distinct.

Certaines espèces sont plus faciles à multiplier que d’autres. Celles qui nous donnent des semences entièrement formées dans le légume cueilli sont les plus faciles à multiplier : la qualité des semences dépend des précautions prises dans les différentes étapes. Pour des variétés anciennes et rares, l’autoproduction de semences est une façon de préserver la variété.

Renseignons-nous sur le mode de fécondation de l’espèce : si l’autofécondation est de règle, les précautions d’isolement e ne doivent pas être aussi sévères que pour les espèces à fécondation croisée.

Pour conserver ses graines

Simple et idéal : un endroit frais et sec dans une boîte métallique pour protéger les semences des insectes et des rongeurs.

Lors d’une prochaine rubrique, nous aborderons les calendriers des travaux au potager.

F.

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