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La hausse de l’offre fait pression sur les prix

Non seulement la relance de la collecte européenne s’accentue, mais la collecte océanienne démarre son pic saisonnier en hausse sensible. Cette hausse de l’offre laitière commence à peser sur les marchés des commodités et risque de se répercuter cet hiver sur les prix du lait.

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La production laitière européenne a retrouvé de la vigueur depuis le printemps dernier et surpasse légèrement depuis l’été son niveau record de 2015. Elle affiche ainsi une hausse de 2,7% par rapport à 2016 au 3e trimestre 2017 et 4,2% en octobre. D’après les estimations de l’Institut de l’Elevage, elle pourrait progresser de 4,5% au 4e trimestre auquel cas la collecte annuelle enregistrerait une hausse de 1,5% vis-à-vis de 2016 (+2,26 millions de tonnes) à 154,7 millions de tonnes de lait.

La collecte est en hausse sensible par rapport à 2016 dans l’ensemble des États membres à l’exception de quelques pays secondaires dans le secteur laitier. Le dynamisme laitier sur l’ensemble de l’année est toutefois à deux vitesses.

Certains pays sont dans une dynamique de croissance : leur collecte cumulée n’avait pas sensiblement reflué voire avait progressé en 2016 et ils enregistrent des records de production en 2017 : en cumul sur 10 mois, la collecte de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, de l’Irlande, du Danemark et de la Belgique est ainsi supérieure au précédent record.

En revanche, en France, en Allemagne, et au Royaume-Uni, les 3 plus gros producteurs laitiers européens, la production avait nettement ralenti en 2016 et la collecte cumulée sur 10 mois en 2017 est toujours en deçà du record de 2015 qu’elle ne devrait pas rattraper sur l’ensemble de l’année.

Les Pays-Bas sont dans une situation quelque peu intermédiaire. Résolument inscrits dans une trajectoire de croissance, ils avaient fortement augmenté leur production en 2016 malgré la crise. Mais ceci au prix d’un dépassement pour la 2e année consécutive de leur plafond de déjection de phosphate, qui leur vaut une menace de non reconduction de leur dérogation à la Directive nitrates après 2018. Le plan national mis en place en 2017 pour régulariser la situation a freiné la production à partir du printemps mais en fin d’année, la furieuse volonté de produire renforcée par le prix du lait très attractif ont relancé la production au risque de mettre en péril le potentiel de production des années à venir.

Progression de la collecte cumulée des grands exportateurs

Aux États-Unis, le dynamisme laitier s’est quelque peu tassé depuis l’automne, mais la collecte demeure en hausse de 1,4% par rapport à 2016 en octobre.

Si l’hémisphère nord est plutôt dans son creux saisonnier, la production est en plein pic dans l’hémisphère sud. Après un démarrage poussif, la collecte océanienne a bondi en octobre : +6,7% par rapport au bas niveau de 2016 en Australie et +2,7% par rapport à 2016 en Nouvelle-Zélande. Les conditions climatiques y sont plutôt favorables et le prix du lait incitatif, ce qui devrait continuer à stimuler la collecte sur la fin d’année.

Le surplus d’offre océanien vient ainsi s’ajouter au dynamisme des collectes européenne et étatsunienne. La collecte cumulée des 5 principaux exportateurs affiche une hausse de 2% vis-à-vis de 2016 sur le 3e trimestre et de 3% en octobre par rapport au faible niveau d’octobre 2016. Sans être pléthorique, cette offre supplémentaire risque fort de peser dans les prochains mois sur les cours des commodités laitières et par ricochet sur les prix du lait.

Pression accrue sur les prix cet hiver

Dans les trois principaux bassins exportateurs, les prix du lait à la production ont globalement convergé depuis le printemps vers un niveau très correct. Fin 2017, les premiers signaux à la baisse se font entendre et la pression devrait se renforcer cet hiver compte tenu de la hausse de l’offre laitière chez les grands exportateurs et de la baisse des cours des commodités laitières. Le prix du lait valorisé en beurre et poudre maigre sur le marché mondial est en effet retombé en deçà des 300 €/t en novembre.

Aux États-Unis, le prix du lait moyen toutes classes est stable depuis août en dollar US comme en euro, le taux de change s’étant stabilisé après une sensible dépréciation du dollar par rapport à l’euro.

En Nouvelle-Zélande, le prix du lait prévisionnel Fonterra pour la campagne 2017/2018, s’était maintenu en monnaie locale à un bon niveau depuis fin juillet (6,75 NZD/ kg MS hors dividendes). Mais la coopérative a annoncé début décembre une baisse de 5% à 6,40 NZD/ kg MS, hors dividendes, compte tenu de l’évolution des cours des ingrédients laitiers et même de 6% dividendes inclus. Cette baisse pourrait être plus prononcée en euro compte tenu de la sensible dépréciation du dollar NZ.

En Union européenne, les prix du lait ont continué de progresser en octobre, sauf en France où les correctifs saisonniers jouent défavorablement. Le prix du lait allemand (ramené au standard français) a gagné 5 € à 370 €/1.000 litres en octobre soit 36% de plus qu’un an plus tôt. Le prix néerlandais (standard à 3,7% MG) a lui aussi gagné 11€ à 400 €/1.000 litres mais FrieslandCampina annonce un prix garanti en légère baisse pour décembre.

D’après Tendances

Lait et Viande (Idele)

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