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Le sous semis en culture de maïs: des effets bénéfiques pré et post-récolte, sans influence sur les rendements

Bien que connu depuis plusieurs années, le sous-semis d’un couvert en culture de maïs ne s’est jamais imposé comme un incontournable auprès des cultivateurs. Toutefois, l’arrivée de nouveaux semoirs, permettant l’implantation du couvert et du maïs en un seul passage, devrait changer la donne. Mais quelles espèces privilégier ? Avec quel impact sur les rendements en ensilage et grain ? Pour y répondre, le Cipf a mis la technique à l’épreuve du terrain.

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Dans la pratique, le ray-grass italien implanté entre les rangs de maïs constitue le sous-semis le plus connu en culture de maïs aujourd’hui. Le développement rapide de cette graminée induit cependant la nécessité de décaler son implantation par rapport à celle du maïs sous peine de voir ce dernier fortement concurrencé par le développement rapide du ray-grass. On conseille dès lors un semis du ray-grass au stade 7e – 8e  feuille du maïs. Cette contrainte implique une opération supplémentaire à une période de l’année où la charge de travail est déjà très importante. Le succès de ce type de sous-semis reste donc limité.

Depuis peu, l’implantation d’un sous-semis en simultané avec la plantation du maïs a fait son apparition. Dans ce cas, les espèces utilisées sont choisies de façon à prévenir tout développement excessif susceptible de concurrencer la culture. Des espèces à développement lent en début de cycle sont privilégiées. Les ray-grass sont ici à proscrire (développement rapide et caractère asséchant).

Protéger le sol

La présence d’un sous-semis en culture de maïs génère divers effets bénéfiques à court et moyen termes. Ceux-ci sont multiples et variés. Tout d’abord, l’implantation d’un sous-semis permet l’obtention d’un couvert hivernal efficace avant l’installation d’une culture de printemps, ce qui est pratiquement impossible en effectuant une implantation post-récolte. Un couvert hivernal à base de graminées joue également le rôle de fixateur de l’azote résiduel, ce qui limite le lessivage hivernal.

Il ne faut cependant pas attendre l’hiver pour mesurer les premiers effets positifs liés à la présence d’un sous-semis : en cours de culture, le développement d’un réseau dense de fines racines entre les rangs de maïs induit une meilleure fixation des particules de sol, ce qui limite les processus érosifs.

Lors de la récolte du maïs, si les conditions ne sont pas favorables et que la portance est limitée, la couverture végétale permet de limiter sensiblement le tassement du sol.

Enfin, à plus long terme, la pratique favorise la formation d’humus ce qui mène à une augmentation de l’activité biologique.

En cas d’implantation simultanée du maïs et du sous-semis, une précaution particulière doit être prise lors du désherbage. Celui-ci doit en effet être sélectif à la fois du maïs et du sous-semis. Moyennant un choix judicieux de l’espèce de sous-semis en fonction des adventices présentes dans la parcelle, les observations montrent que le désherbage ne constitue pas un obstacle à cette pratique. Si vous désirez adopter la technique, le Centre indépendant de promotion fourragère (Cipf) vous fera part des recommandations nécessaires.

Graminées ou légumineuses ?

En 2017, le Cipf a pu tester cette technique nouvelle (semis simultané du maïs et du sous-semis) avec un semoir Pöttinger. Les résultats présentés ont donc été obtenus à l’aide d’un semoir Aerosem Duplex Seed qui combine une distribution mono graines en rangs doubles et l’implantation d’une couverture de sol sur 4 lignes entre les rangs de maïs.

Parmi les sous-semis testés, la fétuque rouge apparaît comme étant la plus adaptée. En limitant sa densité de semis à un maximum de 6 kg/ha, la concurrence sur le maïs ne se fait pas ressentir et le développement est suffisant pour obtenir une couverture de sol efficace. Des mesures comparatives de rendements effectuées entre des parcelles de maïs avec et sans sous-semis de fétuque rouge ont fourni les mêmes résultats, tant en maïs fourrage qu’en maïs grain.

Des sous-semis de légumineuses implantées simultanément au maïs ont également été effectués. Trèfle blanc, trèfle blanc nain et lotier ont été intégrés dans l’expérimentation. Parmi ceux-ci, le lotier (semé à 2 /ha) est à écarter. Celui-ci est trop sensible aux produits de désherbage. Il est également sensible aux attaques d’oïdium en fin de saison.

Dans le cadre d’un sous-semis, le lotier est à éviter car trop sensible au désherbage.
Dans le cadre d’un sous-semis, le lotier est à éviter car trop sensible au désherbage. - Cipf

Le trèfle blanc et le trèfle blanc nain ont été testés à des densités de 2 et 4 kg/ha. Avec 4 kg/ha de trèfle, des pertes allant jusqu’à 10 % du rendement en matière sèche du maïs ont été enregistrées. Cette concurrence est inacceptable et montre l’importance de bien doser les sous-semis. À une densité de 2 kg/ha, le couvert s’est révélé être suffisant et la perte en rendement maïs était cette fois située entre 1 et 5 % au travers des différents essais.

À une densité de 2 kg/ha, le couvert de trèfle blanc nain s’est révélé être efficace.
À une densité de 2 kg/ha, le couvert de trèfle blanc nain s’est révélé être efficace. - J.V.
Semé à 4 kg/ha, le couvert de trèfle blanc induit une perte de rendement en matière sèche de 10 %. Une densité de 2 kg/ha est à privilégier !
Semé à 4 kg/ha, le couvert de trèfle blanc induit une perte de rendement en matière sèche de 10 %. Une densité de 2 kg/ha est à privilégier ! - J.V.

Ces essais ont également permis de mettre en évidence un gain de rendement de 3 à 4 % pour des parcelles de maïs semées en rangs doubles (Duplex Seed) par rapport à des rangs simples. La perte en rendement maïs liée à la présence de 2 kg/ha de trèfle blanc ou de trèfle blanc nain est donc compensée par cette technologie.

Les résultats prometteurs enregistrés en 2017 encouragent le Cipf à développer cette technique. En 2018, un soutien accordé par l’administration wallonne permettra au Centre de mettre en place des essais à plus grande échelle afin de consolider la mise au point de cette technique nouvelle et de confirmer les résultats obtenus. Des recommandations techniques pourront ainsi être assurées dans les principales situations rencontrées.

Gilles Manssens, Fabien Renard, Guy Foucart

Cipf, Ucl – Louvain-la-Neuve

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