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Les produits phytos sources de tensions entre des agriculteurs et le ministre Di Antonio

Le dossier de l’utilisation de produits phytosanitaires dans l’agriculture wallonne suscite des tensions entre des agriculteurs et le ministre wallon de l’Environnement, Carlo Di Antonio, comme l’illustrent certains sifflements et huées entendus mercredi à Gembloux lors de l’assemblée annuelle de la Fédération wallonne de l’Agriculture (Fwa).

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Par la voix de son président, la Fwa a déploré mercredi la manière dont le ministre wallon de l’Environnement aborde ses dossiers. « Les récentes propositions concernant des bandes tampons (de six mètres de large, NDLR) à proximité des riverains étaient tout à fait inacceptables et emblématiques d’une volonté d’engendrer de la confrontation entre les agriculteurs et leurs voisins », a fustigé Joseph Ponthier.

Au cours de son intervention, précédée et ponctuée de quelques huées et sifflements, Carlo Di Antonio a réitéré sa volonté d’aller vers une agriculture « zéro phyto » en Wallonie. « Je propose le choix audacieux d’une agriculture progressivement sans pesticides. Cela prendra du temps et nécessitera un accompagnement », a déclaré le ministre, soulignant les avantages économiques, notamment pour les revenus des agriculteurs, de santé publique et environnementaux d’une telle évolution. « Ne vous faites aucune illusion », a-t-il poursuivi à l’adresse des agriculteurs présents dans la salle, « soit nous serons pro-actifs et les premiers, soit nous serons contraints de suivre l’évolution des mœurs. La Wallonie doit être pionnière d’une agriculture sans pesticides. Cela ne veut pas dire 100 % bio. Doit-on continuer dans le modèle actuel ou chercher ensemble d’autres voies ? »

Concernant la problématique des zones tampons et de la protection du public par rapport à la pulvérisation de produits phytosanitaires, le ministre a évoqué le prochain dépôt sur la table du gouvernement wallon d’une note contenant des mesures qui, en réalité, figurent déjà dans la liste des bonnes pratiques agricoles.

La Fwa regrette toutefois que le ministre de l’Environnement avance des mesures avant même les conclusions d’une étude scientifique en cours sur la question en Wallonie. Plus généralement, les agriculteurs wallons sont agacés par un discours ambiant laissant penser qu’ils abuseraient des pesticides alors que leur utilisation a drastiquement baissé ces 20 dernières années en Wallonie et qu’ils utilisent, dans le respect des prescrits légaux, des produits somme toute agréés par les autorités compétentes, souligne-t-on à la Fwa. « Il est évident que les agriculteurs wallons n’ont aucune envie d’empoisonner les gens et de s’empoisonner eux-mêmes », entend-on au sein de la Fédération wallonne de l’Agriculture.

La Fwa demande des solutions de rechange crédibles à l’utilisation des produits chimiques, alors que celles-ci font bien souvent défaut, comme dans la culture de la betterave – pour laquelle des pertes de rendement jusqu’à 40 % sont craintes –, de plants de pommes de terre ou certaines productions horticoles.

(Belga)

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