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Les marchés des ingrédients laitiers orientés à la baisse

Le grand écart demeure entre matière grasse et matière protéique laitières. Toutefois la reprise de la collecte européenne et océanienne, qui continue d’alourdir le marché de la poudre maigre, se traduit aussi dorénavant par une détente des cours du beurre et des fromages commodités.

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L e net redressement de la collecte européenne (+4 % par rapport à 2016 sur août-octobre) s’accompagne d’une vive relance des fabrications de beurre et de poudre maigre qui s’est vraisemblablement accentuée fin 2017. En cumul sur 10 mois elles demeuraient toutefois en recul de respectivement 2 % et 5 % par rapport à 2016.

Les fabrications de fromages sont également de plus en plus dynamiques et retrouvent sur 10 mois leur niveau de progression tendanciel (+2 % en regard à 2017).

Les fabrications de produits de grande consommation évoluent diversement : redressement pour les laits liquides et fermentés mais décrochage pour la crème.

Détente sur le marché du beurre

Les disponibilités en beurre ont fortement progressé fin 2017 grâce à la reprise de la collecte européenne et à la hausse saisonnière prononcée de la production laitière océanienne, contribuant à détendre quelque peu les cours. La cotation Atla du beurre échangé sur le marché spot a reculé de 2.400 €/t en 3 mois, tombant à 4.140 €/t tout début 2018 (-6 % vis-à-vis de 2017). La cotation des contrats recule également depuis fin octobre mais, stabilisée à 5.140 €/t en décembre, elle demeure 30 % supérieure à son niveau déjà élevé d’un an plus tôt.

Le prix du beurre exporté d’Europe de l’Ouest sur le marché mondial s’est encore déprécié de 715 €/t en décembre à 4.180 €/t, tiré à la baisse par le beurre néo-zélandais encore moins cher à 4.040 €/t le même mois. Jusqu’en octobre, dernières données disponibles à ce jour, les échanges internationaux de beurre et butter oïl sont restés ralentis faute de disponibilités suffisantes en matière grasse. Les exportations cumulées des 5 principaux exportateurs affichent un recul de 15 % sur 10 mois et les envois européens accusent quant à eux un repli de 20 % sur 11 mois. Si tous les clients n’ont pu être servis, et que certains ont dû se retirer compte tenu des prix records, la Chine, la Russie, l’Australie, les Philippines et le Canada ont sensiblement accru leurs achats sur les 10 premiers mois de l’année.

Le marché des protéines se dégrade encore

Le dynamisme de la demande internationale a certes permis d’accroître les échanges mondiaux de poudre maigre de 10 % sur 10 mois et notamment au profit de l’Union européenne qui a augmenté ses expéditions de près de 40 % en regard à 2016. Mais ceci sans parvenir à redresser significativement les cours qui s’effritent depuis janvier. En outre, les exportations des principaux exportateurs ont ralenti sur septembre-octobre (-4 % par rapport à 2016). Et fin 2017, la reprise des fabrications européennes et océaniennes, avec la hausse de la collecte, alourdit encore davantage le marché déjà plombé par l’importance des stocks.

En effet, les stocks états-uniens de poudre maigre sont à leur plus haut (149.000t, +47 % par rapport à 2016) et continuent de s’étoffer alors que les stocks européens dépasseraient de leur côté 400.000t. Les stocks privés sont plutôt en deçà du niveau habituel mais plus de 376.000t sont stockés à l’intervention et la Commission européenne ne parvient pas à trouver preneur pour des volumes significatifs, bien qu’elle ait ramené le prix minimum à 1.390 €/t en novembre.

La cotation Atla de la poudre maigre a ainsi encore perdu 55 €/t en novembre et décembre tombant à 1.385 €/t fin décembre, plus de 310 €/t en deçà du prix d’intervention. Elle peut encore se déprécier au 1er semestre si la demande internationale ne suit pas la hausse saisonnière des fabrications européennes. L’intervention est en effet fermée jusqu’au 1er mars prochain et devrait rester ensuite très contenue, la Commission ayant proposé de ne pas réactiver les achats automatiques pour ne fonctionner que par adjudication.

Le marché mondial des poudres grasses est quant à lui peu animé. Les échanges internationaux sont en léger recul par rapport à 2016 malgré le dynamisme de la demande chinoise et algérienne. L’Australie, l’Argentine et l’Uruguay en sont les principales victimes, probablement faute de disponibilités. La Nouvelle-Zélande a maintenu sa position dominante (2/3 de parts de marché) avec des exportations stables sur 10 mois, tandis que l’UE-28 a reconquis quelques positions (expéditions en hausse de 2 % par rapport à 2016) notamment en Algérie (+126 % à 62.000t sur 10 mois).

La cotation Atla de la poudre grasse est orientée à la baisse. Tombée à 2.600 €/t en décembre, elle se situe 17 % en deçà de son niveau de décembre 2016 et 31 % sous son pic de début 2014.

Le marché des fromages désormais contrasté

Globalement solide, le marché européen des fromages connaît cependant une évolution contrastée depuis septembre. D’un côté, le cours des spécialités fromagères, peu exposées à la concurrence internationale, se tient bien : la cotation de l’emmental en Allemagne a progressé à 4.680 €/t en décembre (+18 % par rapport à 2016). De l’autre, celle du gouda (commodité fromagère) a décroché de 670 €/t en trois mois, dans le sillage du cours du beurre. À 2.890 €/t en décembre, elle est repassée 14 % sous son bon niveau de 2016 à pareille époque. Le cours du cheddar océanien a reculé dans les mêmes proportions à 3.036 €/t en décembre.

Les échanges mondiaux de fromages ont progressé de 7 % sur les 8 premiers mois de l’année grâce à la fois à une demande dynamique et à des fabrications en hausse, les transformateurs ayant nettement privilégié les fromages au couple beurre/poudre maigre. Sur septembre – octobre toutefois, ces échanges ont marqué le pas (-2 % par rapport à 2016) alors que les fabrications ont progressé avec la reprise de collecte européenne et océanienne. L’Union européenne, 1er exportateur mondial de fromages, a subi ce ralentissement réduisant ses envois de 4 % par rapport à 2016 sur ces deux mois et 2 % en novembre.

Le dynamisme des fabrications fromagères pèse sur la valorisation de la poudre de lactosérum dont la demande internationale semble plafonner au 2nd semestre. Le cours de la poudre destinée à l’alimentation animale s’est déprécié de 40 % entre juin et novembre avant de regagner 20 €/t en décembre à 570 €/t. L’UE subit l’agressivité des États-Unis qui ont accru leurs expéditions (+9 % sur 10 mois) grâce à des disponibilités également abondantes et plus compétitives.

D’après Tendances Lait et Viande (Idele)

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