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La plantation maraîchère, ses diverses formules, ses avantages et points faibles

À côté du semis en place, il est une autre manière d’engager ses cultures maraîchères. Le recours à la plantation permet d’intensifier la production par unité de surface mais suppose un investissement supplémentaire et une parfaite maîtrise des risques sanitaires.

Temps de lecture : 7 min

Le semis direct et les différents paramètres susceptibles de stimuler ou d’entraver la bonne germination des semences ainsi confiées au sol ont été évoqués dans notre édition du 17 mars. Le recours à la plantation est une autre technique de production maraîchère. Elle présente logiquement une série d’avantages mais aussi quelques inconvénients.

Les « plus »…

La plantation permet de réduire, par rapport au semis en place, la durée d’occupation de la parcelle dédiée à la culture légumière. C’est important lorsque l’on travaille sous tunnels maraîchers. En plein air, c’est le cas aussi pour les fermes maraîchères dont la surface disponible est limitée. Elle permet de produire une culture de plus par an sur la même sole.

La possibilité de cultiver des plantes au cycle végétatif plus long et aux exigences climatiques plus élevées par rapport à ceux de nos régions permet d’élargir l’offre de légumes produits sur place.

La maîtrise de l’enherbement, surtout problématique aux stades les plus jeunes de la culture semée en place, est facilitée.

Les conditions d’élevage des plants sont mieux contrôlées et maîtrisées en pépinière. Les plantes sont robustes et développent un chevelu racinaire dense.

… et des « moins »

Le prix de l’obtention des plants est élevé. La mise en place requiert des machines de plantation et souvent du personnel pour les plus simples d’entre elles. Trouver des équipes disponibles au bon moment est une difficulté.

Les risques sanitaires de transmission d’une maladie par les plants sont significatifs. Il faut les prendre en compte dans la maîtrise de la qualité à la ferme.

La reprise de la végétation après la plantation est une étape délicate, avec des risques de pertes de plantes ou de freinage. Le choc de la plantation peut conduire à un arrêt complet de la croissance. Il est lié à la réduction des disponibilités en eau dans les tissus végétaux. C’est donc la balance absorption d’eau par les racines – évapotranspiration et évaporation de l’ensemble plante + motte qui est concerné.

De l’importance des racines, à la plantation

La proportion de racines emmenées avec le plant est un facteur important. Les mottes conservent davantage de racines que les arrachis. Les espèces à racine pivotante ne se comportent pas comme celles à enracinement fasciculé. La ramification des racines dépend aussi du substrat, de la température de sol, et du régime hydrique (une légère variation du niveau d’humidité des mottes favorise l’enracinement).

Le stade phénologique à la plantation intervient ; si les plants sont physiologiquement âgés, si la plantation a dû être retardée, par exemple, la reprise est nettement moins bonne. Idéalement, nous plantons quand les racines commencent à émerger latéralement de la motte pressée.

Chaque motte peut nourrir une ou plusieurs plantes, comme ici avec la mâche.
Chaque motte peut nourrir une ou plusieurs plantes, comme ici avec la mâche.

L’obtention du plant

L’élevage du plant se fera sous serre, sous tunnels, sous voiles ou en plein air, selon la culture et surtout l’époque de l’année. La disponibilité en structures et en main-d’œuvre permet de décider si l’élevage peut-être réalisé à la ferme ou s’il est externalisé.

Les techniques employées dans les grandes unités spécialisées dans la production de plants ont recours à des investissements considérables et une automatisation poussée. Elles sont assorties d’une diminution notable des besoins en main-d’œuvre par plant.

De telles techniques ne sont pas disponibles dans les petites fermes maraîchères, les opérations traditionnelles sont encore utilisées.

Elevage comprenant un repiquage

Le semis est réalisé à densité élevée en caissettes et terrines disposées à hauteur de travail confortable pour l’opérateur. Pour permettre une germination rapide au début de la saison, nous équipons les surfaces de germination de la tablette d’une puissance de chauffe de 300 w/m².

Le substrat de semis est légèrement tassé (0,2 bar) avant le semis. Dès que les semences sont placées, elles sont recouvertes de 3 à 10 mm de substrat, selon l’espèce. Cette dernière couche est légèrement tassée. Nous arrosons de l’eau tiédie à la pomme très fine.

Un voile recouvre le semis ou un film de polystyrène, jusqu’à la levée. La température du substrat est réglée selon l’espèce.

Dès la levée, la température est diminuée progressivement pour éviter l’étirement des plantules.

Le repiquage

Aux stades cotylédons étalés à apparition de la première vraie feuille, nous repiquons. Le repiquage pour la production de plants nus n’est presque plus pratiqué. Pour mémoire, nous plantions à 5 à 10 cm de distance entre plantes dans un substrat de terre franche améliorée de terreau. Le repiquage pouvait aussi se faire en pots, la technique est aujourd’hui utilisée à l’échelle des amateurs.

Le repiquage en mottes pressées est la technique la plus utilisée, à côté de celle du semis direct en mottes pressées.

Le substrat doit être adapté pour permettre une bonne cohésion des mottes. Une proportion d’argile et des fibres la permettent. Le mélange est fortement humidifié au moment du moulage des mottes. En s’évacuant, l’eau laissera la place à de l’air. Le moulage des mottes permet la constitution d’une alvéole de plantation dans laquelle les racines de la plantule prennent place.

Notons que les mottes pressées peuvent être semées directement sans passer par l’étape du repiquage, c’est le cas dans les entreprises spécialisées en élevage de plants. Les lots de semences doivent alors avoir un pourcentage de germination très élevé.

Les mottes cubiques ont des dimensions adaptées aux espèces. Par exemple : 3,7 ou 4,2 cm de côté pour les laitues, 8 cm de côté pour la tomate et 12 à 14 cm pour le concombre.

Les mini-mottes

Elles sont réalisées et maintenues dans des plaquettes alvéolées. Le volume utile est beaucoup plus faible que pour les mottes pressées. La forme est pyramidale ou tronconique. La durée de l’élevage est plus courte, de 10 à 25 jours selon les espèces, la plantation est réalisée avec des plantes plus jeunes. L’irrigation est réalisée à une fréquence plus élevée vu le faible volume du globe racinaire de chaque plante. Le substrat doit contenir des éléments peu solubles, dont le phosphore. Les éléments solubles dans l’eau dont l’azote et le potassium sont amenés au fur et à mesure par la fertirrigation. Le substrat de base peut contenir ¾ de tourbe et ¼ de matériau siliceux.

Le volume réduit de la motte est compensé par une attention accrue pour le suivi et surtout les apports d’eau et de fertilisants.

Le durcissement

Les plantes venant des abris doivent être durcies avant d’être installées dans la parcelle de production. Cette étape amène progressivement les plantes dans des conditions plus difficiles de croissance.

On provoque un ralentissement de la vitesse de croissance, une réduction de la transpiration, un épaississement de la cuticule cireuse pour les plantes qui en possèdent, une diminution de la teneur en eau et donc une augmentation de la teneur en matière sèche et de la teneur en sucres et un durcissement des tissus.

En pratique, après la plantation, la plante résistera mieux au froid et au déficit hydrique.

Pour y arriver, nous plaçons les plantes à un régime de températures basses, proches du zéro de végétation et nous limitons les arrosages. L’aération sera progressivement augmentée en enlevant le voile de protection. Le durcissement est atteint en 5 à 7 jours.

La veille de la plantation, nous trempons les mottes ou les mini-mottes ou nous arrosons abondamment les plantes.

La plantation proprement dite

Les mottes pressées sont plantées flottantes pour les laitues et les chicorées, les mottes ne sont que partiellement enterrées. Les choux sont enterrés jusqu’à la base des premières feuilles. Pour les parcelles irriguées par aspersion, nous pouvons n’enterrer que 1/3 à ½ de la motte. Pour l’irrigation en goutte-à-goutte, l’enterrage des mottes est complet, pour éviter que les mottes ne jouent le rôle de mèches d’évaporation.

Les mini-mottes sont enterrées complètement.

F.

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