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Connaître les ennemis du poireau, pour une culture «en toute sécurité»

Mieux vaut prévenir que guérir est un adage connu de tous les producteurs de poireaux. La prévention se décline dans le choix variétal, le choix de la parcelle quand il est possible de choisir, la structure du sol et le drainage. Ces démarches permettent de prévenir pas mal d’ennuis, mais demeurent quelques maladies et ravageurs que nous passons en revue.

Temps de lecture : 5 min

Les ravageurs du poireau sont nombreux, mais ceux qui nous posent le plus de problèmes sont la mouche mineuse, la teigne et le thrips.

  La mouche mineuse

La mouche mineuse (Phytomyza gymnotoma) peut provoquer d’énormes dégâts. Ce ne sont pas tellement les piqûres de nutrition mais bien les galeries creusées par les larves qui provoquent des déformations et la présence des pupes dans le fût des poireaux. Le feuillage se déforme, les fûts éclatent et ne sont plus commercialisables.

Deux générations par an provoquent leur pic de dégâts, au printemps et en automne. Les dégâts sont devenus très importants depuis la vague de vol de cette mouche en 2008-2009 (voir aussi Le Sillon Belge du 20 mai 2016). La présence simultanée de plantes porteuses de pupes au printemps et de jeunes poireaux en pépinière ou venant d’être plantés permet le cycle complet de la mouche sur le site de la ferme maraîchère.

Les attaques de 2016 ont été un peu moins sévères que celles des années précédentes. Mais il est encore trop tôt pour oser penser que nous en sommes à une rémission suite à l’adaptation des ennemis naturels comme ce fut observé dans les pays au sud-est de notre région.

La mineuse des alliacées (Phytomyza gymnotoma) peut provoquer d’énormes dégâts. Les larves, qui provoquent des déformations voire l’éclatement  des fûts, et la présence des pupes compromettent la qualité marchande des poireaux. Deux générations par an provoquent leur pic de dégâts,  au printemps et en automne.
La mineuse des alliacées (Phytomyza gymnotoma) peut provoquer d’énormes dégâts. Les larves, qui provoquent des déformations voire l’éclatement des fûts, et la présence des pupes compromettent la qualité marchande des poireaux. Deux générations par an provoquent leur pic de dégâts, au printemps et en automne.

  La mouche de l’oignon

La mouche de l’oignon (Hylemyia ou Phorbia ou Delia antiqua) attaque les jeunes plants de mars à juin. Les larves se concentrent au niveau du plateau racinaire qui pourrit suite à des infections bactériennes.

  La teigne du poireau

La teigne du poireau (Acrolepiopsis assectella) hiverne dans les débris végétaux. Une à deux semaines après l’envol et la ponte au printemps, les petites chenilles commencent leur développement et les dégâts aux feuilles. Les larves creusent les feuilles dans le sens longitudinal et poursuivent leur chemin dans le fût. Leur développement complet se fait en avril et mai.

La seconde génération de teigne provoque les dégâts de mi-juin à mi-août. La troisième, la plus dommageable, se développe de fin août à fin septembre.

Les filets anti-insectes placés pendant les périodes de vol sont efficaces, de même que les traitements insecticides (Bacillus thuringiensis, autre insecticide homologué). Les périodes de vol peuvent être détectées en observant chaque semaine la présence de mâles dans les pièges à phéromones placés dans la parcelle quelques centimètres au-dessus du feuillage des poireaux.

  Les thrips

Le thrips pique le feuillage en été et début d’automne. Les piqûres restent visibles sous l’aspect de points gris. L’environnement de la parcelle joue un rôle important dans l’importance des attaques de thrips, comme c’est le cas en fraisiers.

Attention : rouille, mildiou et alternariose

Si les ravageurs peuvent causer d’importants soucis aux cultures de poireaux, il en va de même de certaines maladies.

  La rouille

La rouille (Puccinia allii) laisse des pustules de couleur rouille sur le feuillage. Elle peut se développer du printemps à l’automne. Cette maladie altère la présentation du feuillage au point de ne plus rendre la production commercialisable. Les températures idéales sont de l’ordre de 18 ºC. La résistance variétale est une piste prioritaire chez les sélectionneurs.

La rouille du poireau altère  considérablement  la présentation du feuillage. Les nouvelles variétés,  hybrides pour la plupart, apportent un progrès  apprécié.
La rouille du poireau altère considérablement la présentation du feuillage. Les nouvelles variétés, hybrides pour la plupart, apportent un progrès apprécié.

  Le mildiou

Les grandes taches foliaires formées par le mildiou (Phytophtora porri) prennent l’aspect du papier. La maladie peut se développer du printemps à l’automne. Bien que la maladie soit différente, les fortes attaques se font lors des périodes humides et de température entre 15 et 20 ºC, comme pour le mildiou de la pomme de terre.

Le mildiou peut provoquer d’importants dégâts et rendre la production invendable à cause des lésions au feuillage. La résistance variétale et une bonne aération de la parcelle sont les deux premières méthodes de lutte. Les traitements fongicides complètent la protection des plantes. 2016 fut une année funeste pour le mildiou en poireau.

  L’alternariose

Les taches de forme générale en ovale montrent des anneaux concentriques bruns ou violacés, d’où l’autre nom de l’alternariose (Alternaria porri), à savoir « maladie des taches pourpres ». D’autres alliacées sont sensibles aux attaques du même champignon : la ciboule, l’oignon rocambole et l’échalote.

Cette maladie s’étend beaucoup plus vite lorsque le feuillage commence à devenir sénescent ou lorsqu’il souffre de dégâts d’insectes ou de grêle. Les attaques sont liées à des fins d’étés et des automnes exceptionnellement chauds. La température idéale pour cette alternariose est de 26 ºC en moyenne, dans la fourchette de 15 à 34 ºC.

Agir préventivement contre d’autres maladies aussi

Le poireau est planté à une douzaine ou une quinzaine de centimètres de profondeur. Les parcelles sont donc choisies pour leur bon drainage, en particulier pour les cultures d’automne et d’hiver. Pythium et Rhizoctonia sont des maladies de faiblesse qui apparaissent en sols compacts et très humides.

Les résidus de culture sont d’importants foyers d’inoculum de maladies, la rotation sera idéalement de 5 ans et d’au minimum 4 ans. Sclerotium est un champignon provoquant des pourritures en oignons. Il peut s’installer en poireaux si la rotation est très courte en sols contaminés.

L’aération de la culture est importante pour prévenir les maladies foliaires, la densité de plantation sera donc faible en terrains moins bien ventilés naturellement. Pour des raisons identiques, l’irrigation sera pilotée pour ne pas augmenter la période humide du feuillage, en travaillant pendant les périodes de rosée naturelle par exemple.

L’apport soutenu et sans à-coups de l’azote limite les risques de développement de maladies foliaires.

Et la protection ?

La résistance variétale à la rouille et à l’alternariose est incorporée dans les programmes de sélections des maisons semencières. Les variétés récentes apportent des progrès intéressants ; ce sont presque exclusivement des hybrides.

Plusieurs produits de protection sont agréés dans la lutte préventive et curative contre les maladies foliaires du poireau en production conventionnelle. Pour en savoir plus, consultez www.fytoweb.be/fr .

A contrario, peu de moyens de lutte sont acceptés par les cahiers de charge en agriculture biologique.

F.

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