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Le Pavillon du Mohair à Gouvy: élevage, création et vente, une combinaison épanouissante

Cela fait un peu plus de 8 ans que Sylvia Veithen élève, avec le soutien de son mari, René Jacoby, des chèvres angora. Depuis peu, le troupeau a déménagé dans une petite ferme à Gouvy, non loin de Vielsam. Ce week-end, cet élevage unique en Wallonie ouvrira ses portes aux visiteurs lors des Journées Fermes Ouvertes et leur fera découvrir sa production vedette : le Mohair.

Temps de lecture : 7 min

Tout a débuté il y un peu moins de 10 ans, avec une passion, celle des animaux, et trois chèvres. Sylvia est alors vendeuse à la recherche d’un emploi et nourrit secrètement le rêve de développer une activité autour de l’élevage.

Une activité axée sur la création

« À l’origine, j’ai une formation de vendeuse. Il y a presque 10 ans, je me suis retrouvée sans emploi et cela m’a donné l’occasion de réfléchir à des alternatives. J’ai toujours rêvé de travailler avec les animaux et la maison que nous habitions à l’époque à Tenneville était dotée d’un terrain qui nous offrait certaines possibilités. Restait à trouver l’animal. Une chose était sûre, je ne souhaitais certainement pas élever des animaux pour les tuer. L’élevage d’animaux pour la laine permettrait aux animaux de passer leur vie chez nous. J’ai donc cherché une idée dans ce sens », explique Sylvia.

Pourquoi pas la chèvre Angora ?

Ainsi, lors d’une visite dans un parc français, le couple découvre la chèvre angora qui produit une laine d’une qualité supérieure à celle du mouton. Le couple acquiert donc trois chèvres auprès d’un marchand de passage. « À l’époque, on y allait vraiment à l’aveugle et on apprenait sur le tas, de nos animaux et de nos erreurs. On a vite compris que ces trois animaux n’étaient pas les meilleurs et que, pour faire quelque chose de concret, il nous en fallait plus. Nous nous sommes donc rendus chez un éleveur français spécialisé afin d’acheter 5 femelles de plus », dit l’éleveuse.

La Sica Mohair, une coopérative française

« C’est à ce moment que nous avons également découvert la Sica Mohair, une coopérative d’éleveurs de chèvres angora située à Castres. Leur aide nous a été et nous est encore très précieuse », précise Sylvia. Elle continue, « Au début, je pensais travailler de manière très artisanale, avec ma petite production que je lavais et mettais en forme moi-même mais j’ai vite pris conscience que cela ne serait pas possible. Le lavage, tissage et la teinture du mohair est vraiment un métier à part entière. Nous avons donc œuvré au développement du troupeau et nous nous sommes mis en relation avec la Sica Mohair qui s’occupe du lavage, du tissage et de la teinture du mohair ».

De Tenneville à Baclain

Depuis un peu plus d’un an, l’élevage s’est installé à Baclain (Gouvy) dans une petite ferme disposant de tout l’espace nécessaire à son épanouissement. « Nous étions un peu à l’étroit à Tenneville. Ici nous disposons de tout l’espace nécessaire autour de la ferme et les étables ont été adaptées aux animaux. Le troupeau compte 51 bêtes et nous pourrions facilement l’agrandir, même si ce n’est pas l’objectif pour l’instant car ça représente déjà pas mal de travail au quotidien, ne serait-ce que pour l’alimentation et la surveillance », dit l’éleveuse.

Troupeau mâle et femelle

Le troupeau se compose aussi bien de femelles que de mâles : « Les mâles sont castrés à la naissance et évoluent auprès des femelles. le troupeau compte près de 50 % de mâles castrés. Ils sont légèrement plus grands que les femelles et pas du tout agressifs, la cohabitation ne pose donc aucun problème. Le seul désavantage est, qu’en vieillissant, ils développent plus rapidement du jarre – des poils grossiers – et peuvent donc avoir une laine de qualité un peu moindre. Par contre, ils produisent une plus grande quantité de laine que les femelles donc cela s’équilibre », explique Sylvia.

Seul un bouc angora, coiffé de cornes enroulées pouvant atteindre 90 cm, assure la reproduction du troupeau. Ce dernier a été sélectionné afin d’améliorer la qualité de la fibre et le poids des toisons produites sur l’élevage. Il est mis au contact des femelles dans le courant du mois d’octobre sinon, il pâture en compagnie de quelques mâles castrés.

Juste quelques chevreaux

Au printemps, les chèvres donnent naissances à 1 ou 2 chevreaux. Ceux-ci sont tous blancs, déjà bien recouverts de mohair et pèsent entre 2 et 3 kilos. « Les chèvres angoras sont très maternelles et elles allaitent leurs petits jusqu’au début juillet. Néanmoins, les chevreaux deviennent très vite des ruminants et mangent du foin dès les premiers jours. Ils grossissent très rapidement », dit-elle.

L’objectif de Sylvia n’est pas de maximiser les naissances : « Car il faut les vendre à d’autres élevages ou pire, à la boucherie et ce n’est pas ce que je veux. Je préfère donc n’avoir que quelques chevreaux vigoureux chaque année qu’une dizaine plus frêles, pouvant tomber malades ou desquels je suis obligée de me séparer », dit-elle.

Au maximum en pâture

Les animaux profitent des pâtures tout au long de l’année : « J’essaie qu’ils soient un maximum de temps à l’extérieur car ce sont des animaux qui ont besoin de se défouler et, s’ils sont cloisonnés dans un petit espace pendant trop longtemps, ils ont tendance à être un peu agressifs entre eux. Je ne les laisse par contre pas sortir quand il pleut ou il neige, et de toute façon ils n’aiment pas ça. J’évite ainsi que leur laine soit souillée et je les préserve un peu car ce sont des animaux très sensibles et vite malades. Et, un animal malade ne donne pas une bonne laine. De plus, la chèvre angora est peu connue chez nous, il est donc difficile de trouver des professionnels qualifiés pour les soigner. Je m’adresse très souvent à mes collègues français quand j’ai un problème », explique Sylvia.

Les chèvres du Pavillon du Mohair sont nourries à l’herbe de l’exploitation et reçoivent un supplément de céréales acheté à l’extérieur.

Tonte deux fois par an

La laine de Mohair pousse très vite. Les animaux sont tondus deux fois par an, en mars et fin août-début septembre. Sylvia et René s’en occupent personnellement. « Les chèvres sont rasées de près, avec une tondeuse électrique. La peau est tendue avec soin, afin de ne pas les blesser. Chaque toison est récoltée et identifiée par animal. Les toisons sont ensuite pesées afin de pouvoir connaître les performances de chaque chèvre tout au long de sa vie. Par la suite, je trie soigneusement les toisons à la main. Je supprime toutes les impuretés : mohair souillé, mèches trop courtes, fausses coupes, foin… Ensuite elles sont classées en différentes catégories, suivant la finesse du mohair », explique Sylvia.

Vente à la ferme et en ligne

Après tout ce travail, le mohair – environ 120 kg par an – est envoyé en France. « Les artisans laveurs, filateurs et teinturiers de la Sica Mohair se chargent de la transformation de notre matière première en produit d’exception. Je suis très contente du résultat. Je récupère un produit quasi fini avec lequel je peux réaliser mes créations. Il s’agit soit de pelotes de laine à tricoter, soit du tissu que je peux mettre en forme par moi-même. La coopérative me fournit également des produits artisanaux courants tels que les gants, écharpes, chaussettes, couvertures… ».

Sylvia vend ses créations à la ferme – « Un tout nouveau magasin est d’ailleurs en construction ; Il accueillera également d’autres produits artisanaux suivant la même philosophie, », dit-elle – et sur les marchés artisanaux. Le couple planche aussi sur un site de vente en ligne.

2e participation au JFO

Cette année, le Pavillon du Mohair participera pour la seconde fois aux Journées Fermes Ouvertes : « Pour nous, c’est une belle opportunité de nous faire connaître et de toucher un public plus large, du Luxembourg jusqu’à Bruxelles ». Au programme de ces deux journées : visites guidées de l’élevage, informations sur la transformation du mohair, marché artisanal, restauration, tour en calèche…

À l’avenir Sylvia aimerait d’ailleurs développer un peu plus cet aspect pédagogique au sein de l’exploitation : « J’envisage d’organiser des visites guidées pour les touristes et les écoles durant lesquelles je pourrais montrer l’élevage mais aussi donner des explications sur la transformation du mohair. Mais pour l’instant, je suis comblée. Mon métier me permet de combiner ma passion des animaux, mon intérêt pour la création et mes compétences de vendeuse ».

DJ

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