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Grand écart entre beurre et poudre maigre

Le grand écart se creuse entre d’un côté une pénurie en matières grasses qui affole les cours du beurre et de l’autre une demande tout juste frémissante en poudre maigre, insuffisante pour résorber les stocks massifs constitués en 2016. L’Union européenne et les Etats-Unis gagnent des parts de marché à l’international face au retrait de la Nouvelle-Zélande.

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Les cours du beurre ont encore grimpé en mai. La cotation française Atla a gagné 800 € en un mois et doublé en un an pour atteindre un record absolu à 5.300 €/t fin mai ! Le prix du beurre exporté d’Europe de l’Ouest a légèrement moins augmenté (4.589 €/t en mai), d’autant que le prix départ Océanie, qui demeurait bien supérieur, a flanché en euros, du fait de l’appréciation de l’euro par rapport au dollar néo-zélandais (et australien), et est à présent aussi compétitif.

On se trouve en situation de quasi-pénurie. D’un côté l’offre est en recul du fait des moindres disponibilités en Nouvelle-Zélande, face au fort recul de collecte jusqu’en janvier, et de la nette baisse des fabrications de beurre dans l’UE au 1er trimestre (-4 % par rapport à 2016). De l’autre, la demande reste vive dans les pays producteurs comme chez les importateurs et ne peut être totalement satisfaite. Faute de disponibilités, les échanges internationaux de beurre et butter oïl ont reculé de 19 % vis-à-vis de 2016 sur le 1er trimestre. La Nouvelle-Zélande, 1er exportateur mondial, a réduit ses envois de 12 % et les expéditions de l’UE enregistrent une baisse de 26 % malgré un redressement en mars (-1 % en regard à 2016).

Les stocks européens ont été ramenés en deçà des niveaux habituels fin 2016 et restent sensiblement plus faibles depuis (à peine 90.000 t fin mars). Couplé à la perspective d’une reprise moins marquée qu’initialement prévue de la collecte laitière européenne, cela alimente les craintes des acheteurs sur les disponibilités futures en matière grasse laitière.

On peut penser que l’envolée des cours va stimuler les fabrications européennes de beurre dont l’évolution est très disparate d’un État membre à l’autre, mais la gestion du coproduit poudre maigre va demeurer problématique. En effet, en mai le prix du lait calculé pour une valorisation en beurre et poudre maigre (295 €/t) demeurait en deçà du prix du lait moyen européen.

Les échanges de poudre maigre frémissent

Les échanges internationaux de poudre maigre ont retrouvé du dynamisme en mars par rapport au modeste niveau de 2016 (+11 %), mais ils égalent tout juste leur niveau 2016 sur le 1er trimestre. L’Union européenne tout comme les Etats-Unis ont toutefois nettement accru leurs envois (respectivement +7 % et +19 % par rapport à 2016) profitant des retraits néo-zélandais (-19 %) et australien (-23 %) faute de disponibilités. Il semble que la demande frémisse chez la plupart des principaux importateurs avec des achats en hausse en Chine (+3 % en regard à 2016 au 1er trimestre), au Mexique (+16 %), en Algérie, aux Philippines, en Russie… mais d’autres subissent encore le ralentissement de leur économie.

Après avoir cédé 500 €/t entre décembre et mars, la cotation Atla de la poudre maigre a légèrement rebondi (+200 €/t en 2 mois). À 1.900 €/t fin mai, elle s’éloigne quelque peu du seuil d’intervention, mais reste très basse malgré le ralentissement des fabrications européennes (-8 % vis-à-vis de 2016 au 1er trimestre). Celles-ci demeurent toutefois relativement élevées d’autant qu’elles sont actuellement en plein pic saisonnier. Par ailleurs, les fabrications étatsuniennes, dont plus de la moitié est destinée au marché mondial, sont en hausse (+3 % /par rapport à 2016 au 1er trimestre).

L’intervention a été réactivée en UE toute fin mars et 7.937 t de poudre maigre auraient été offertes depuis lors par des opérateurs en Lituanie, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Pologne. Ces volumes s’ajoutent aux 409.000 t de surstocks (350.000 t à l’intervention et 59.000 t de stocks privés aidés début avril) qui hypothèquent tout redressement significatif des cours dans les prochains mois, sauf reprise marquée de la demande mondiale. Jusqu’alors, la Commission européenne ne parvient pas à vendre même de petites quantités, les prix proposés n’excédant pas 1.630 €/t sur les dernières enchères d’avril et mai, avec des offres basses à 1.380 €/t.

Le marché des fromages reste dynamique

Début 2017, les principaux producteurs mondiaux ont globalement privilégié la transformation du lait en fromages. Au 1er trimestre, les fabrications étatsuniennes ont ainsi progressé de 2 % vis-à-vis de l’année précédente, tout comme les fabrications européennes, malgré le recul de la collecte. Les fabrications néo-zélandaises ont probablement reculé début 2017, mais l’Australie les a quant à elle bien maintenues malgré la forte baisse de sa collecte.

Les échanges internationaux de fromages sont bien orientés, en hausse de 4 % par rapport à 2016 sur le 1er trimestre et même +10 % en mars. L’Union européenne, 1er exportateur mondial, a accru ses parts de marché avec des envois en hausse de 9 %, tout comme les Etats-Unis (+12 %) qui ont dû pour cela faire des concessions tarifaires. Au contraire, les expéditions néo-zélandaises ont reculé de 13 %, faute de disponibilités malgré le focus mis sur les fromages. Les achats des principaux importateurs (Japon, Etats-Unis et Russie) ont plutôt reflué, mais ils ont au contraire vivement progressé en Corée du Sud, Australie, Chine et bon nombre de pays d’Amérique du Sud.

Les stocks européens ont connu une hausse saisonnière marquée en mars mais restent à des niveaux modestes. Ainsi, après une rechute de 390 € entre février et avril, le cours du cheddar départ Océanie a rebondi de 70 € à 3.270 €/t en mai (+43 % en regard à 2016). Le cours du gouda en Allemagne qui avait subi une chute un peu moindre (-300 € entre novembre et mars) s’est très légèrement redressé à 3.100 €/t en mai. Il reste 56 % au-dessus de son très bas niveau de mai 2016, mais 18 % sous le sommet de début 2014. Le cours de l’emmental, peu exporté sur le marché mondial, a regagné les 100 €/t cédés en avril : 4.150 €/t en mai (+13 % par rapport à 2016, mais -8 % par rapport au point culminant du début 2014).

D’après Tendances Lait et Viande (Idele)

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