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Une baisse record en 2022 pour l’utilisation et les ventes d’antibiotiques à usage vétérinaire

En 2022, l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux a diminué de près de 25 % par rapport à 2021. Il s’agit de la plus forte diminution depuis 2011, l’année de référence. Dans l’ensemble, c’est une diminution de 58,2 %. Toutefois, la prudence reste de mise dans le secteur des poulets de chair et en cas d’utilisation d’antibiotiques d’importance critique. C’est ce que rapporte l’Amcra, le Centre de connaissances sur l’utilisation des antibiotiques et l’antibiorésistance chez les animaux en Belgique.

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A u début de l’année 2021, l’autorité fédérale, l’Amcra et les secteurs partenaires ont signé une deuxième Convention antibiotiques pour la période 2021-2024. Elle comprend des objectifs de réduction déjà détaillés dans la « Vision 2024 » dudit Centre de connaissances par rapport à la vente d’antibiotiques chez les animaux et dont trois des quatre objectifs sont repris dans les graphiques ci-dessous.

Bien que trois résultats sur quatre soient très positifs, il faut aussi signaler une légère augmentation (+ 1,1 %) de la vente des antibiotiques d’importance critique qui est à attribuer à une plus grande utilisation en 2022 des fluoroquinolones chez les poulets de chair et les veaux de boucherie. Ces deux secteurs concernés ont déjà mis en place des mesures correctives afin d’inverser cette tendance.

L’obligation d’enregistrer l’utilisation d’antibiotiques au niveau des exploitations, dans la base de données nationale Sanitel-Med, a permis de fixer des objectifs spécifiques chez les porcs, les poulets de chair et les veaux de boucherie. Ces objectifs ont été concrétisés par la mise en place de trajets de réduction (au niveau des différentes catégories animales), avec une réduction périodique des valeurs seuils utilisées pour le benchmarking. Ce système a porté ses fruits en 2022 dans la plupart des catégories animales : – 44,5 % chez les porcelets non sevrés, -22,7 % chez les porcelets sevrés, -24 % chez les porcs d’engraissement, -18,2 % chez les truies et verrats, – 5,1 % chez les veaux de boucherie, – 24,5 % chez les poules pondeuses (réduction de la médiane de l’indicateur BD100 par rapport à 2021). Seule une augmentation de 10,2 % a été constatée pour les poulets de cher en 2022 par rapport à 2021.

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1 % des utilisateurs en zone d’alarme

Un objectif à réaliser avant la fin 2024 est de parvenir à un maximum d’1 % d’utilisateurs en zone d’alarme (exploitations caractérisées par une utilisation structurellement élevée d’antibiotiques). Par rapport à 2021, les utilisateurs en zone d’alarme en 2022 ont diminué de 9 à 4,5 % chez les porcs et de 0,4 à 0,1 % chez les poulets de chair, et cela en dépit des limites plus strictes. Ces résultats très encourageants sont à attribuer aux efforts réalisés par les secteurs et les différentes parties prenantes. Effectivement, dans le cadre de la Convention antibiotiques 2021-2024, plusieurs organisations se sont engagées à utiliser le coaching et favoriser l’implémentation de celui-ci afin d’accompagner les éleveurs et les vétérinaires. Chez les veaux de boucherie le pourcentage d’utilisateurs en zone d’alarme n’a pas évolué en 2022 et stagne autour de 13 %.

Quid de l’antibiorésistance ?

Les résultats de la surveillance de l’antibiorésistance de la bactérie indicatrice Gram négative Escherichia coli isolée chez des animaux producteurs de denrées alimentaires montrent une légère diminution de la résistance depuis le début de la surveillance en 2011. Pour les bactéries indicatrices Gram positives Enterococcus faecalis et E. faecium, on observe une stagnation de leur résistance aux antibiotiques depuis le début de la surveillance en 2019.

Les résultats d’utilisation d’antibiotiques et des résistances en 2022 sont dans l’ensemble positifs. D’ici fin 2024, le défi majeur consistera à réduire significativement le nombre d’utilisateurs en zone d’alarme dans tous les secteurs suite à la diminution des valeurs seuils dans les trajets de réduction. Une attention particulière sera toujours réservée aux antibiotiques d’importance critique, néanmoins afin de réduire les résistances, toutes les classes d’antibiotiques doivent être concernées. Pour ce faire, l’accent doit être mis d’avantage sur la prévention à travers la biosécurité, le recours à la vaccination, la qualité des aliments et de l’eau d’abreuvement et aux alternatives aux antibiotiques. Une attention particulière doit également être accordée au monitoring des résistances aux antibiotiques et à l’identification des facteurs qui influencent l’évolution de la sensibilité et des résistances des bactéries indicatrices.

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