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Chez Syngenta, scanner du sol, buses, biostimulants… s’affichent aux côtés des phytos «traditionnels»

En juin dernier, Syngenta organisait plusieurs visites de ses parcelles d’essais phytopharmaceutiques, mais aussi de la ferme Jolly, avec laquelle la firme collabore dans le cadre du réseau « Interra Farm ». Sur place, plusieurs outils (Easy Connect, buse 3D90 et Interra Scan) ont été présentés. S’en est suivi, notamment, un point sur le désherbage du maïs et la protection fongicide des céréales.

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Si la firme phytopharmaceutique poursuit ses développements en matière de produits de protection des plantes (fongicides, herbicides…), elle montre aussi, depuis plusieurs années, un intérêt croissant pour d’autres domaines de recherche (biodiversité, étude des paramètres physico-chimiques des sols, analyse de la vie des sols, production durable, pulvérisation…). En collaboration avec plusieurs agriculteurs européens, regroupés au sein du réseau « Interra Farm », elle mène plusieurs essais en la matière. En Belgique, ce sont Ferdinand et Christophe Jolly, agriculteurs à Ittre, qui ont intégré voici plusieurs années le réseau.

Les travaux portent à la fois sur du matériel, mais aussi sur les systèmes de production eux-mêmes. « À titre d’exemple, nous menons actuellement le projet Interra Future Farming. Durant cinq ans, nous comparerons trois modes de production différents (intensif, protection intégrée et bio) en étudiant plus particulièrement cinq paramètres (travail du sol, choix variétal, fertilisation, protection des cultures et couverture du sol). Nous nous intéresserons à la rentabilité financière des systèmes, aux émissions de CO2, à la santé des sols… dans l’objectif d’aider les agriculteurs à produire nos aliments conformément aux attentes de l’Europe », explique Edward van der Linden, New Farming Technology Lead Benelux.

Une meilleure utilisation des produits phyto

Côté matériel, Syngenta a travaillé sur le système Easy Connect, aux côtés d’autres acteurs de la phytopharmacie. Pour rappel, il s’agit d’un système de transfert fermé qui facilite la préparation de la bouillie de pulvérisation, le remplissage du pulvérisateur et le rinçage des bidons, tout en évitant le moindre contact entre les produits phytopharmaceutiques, d’une part, et l’utilisateur et l’environnement, d’autre part.

Easy Connect repose sur deux innovations complémentaires : un bouchon spécifique prémonté sur les bidons et un connecteur relié au pulvérisateur. Chez Syngenta, les anciens contenants disparaîtront prochainement pour céder leur place à des bidons compatibles Easy Connect. Une phase de transition est néanmoins prévue afin de permettre aux agriculteurs de continuer à manipuler les bidons tel qu’actuellement.

Le phytopharmacien travaille également sur un nouveau type de buse, exposé sur la ferme Interra. Celle-ci, appelée 3D90, est coudée et permet de pulvériser, non pas du haut vers le bas comme c’est traditionnellement le cas, mais bien latéralement, directement dans les étages foliaires de la culture. Elle permet une réduction de la dérive de 90 %. La buse 3D90 n’est pas encore disponible à la vente.

La buse 3D90 permet de traiter directement dans les étages foliaires, avec une réduction de la dérive de 90%.
La buse 3D90 permet de traiter directement dans les étages foliaires, avec une réduction de la dérive de 90%. - J.V.

Mieux connaître ses parcelles

L’Interra Scan est, lui aussi, mis à l’épreuve sur la ferme Jolly. « Il s’agit d’un capteur permettant de générer 27 couches d’informations relatives à la parcelle scannée : teneur en matière organique, disponibilité de l’eau, pH, teneur en potassium, texture… Le concept est utilisé aux États-Unis et nous étudions actuellement la manière dont nous pouvons en tirer avantage en Europe », détaille Edward van der Linden.

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Toutes les données récoltées peuvent être utilisées pour créer des cartes applicables directement au champ. « Il est possible de moduler les doses de semis, de fertilisation… On peut adapter le travail du sol… Cela facilite le recours à l’agriculture de précision. »

La société montre aussi un intérêt croissant pour la santé et la biodiversité des sols. Son capteur d’insectes du sol, dévoilé pour la première fois l’année dernière, est toujours à l’essai chez Ferdinand et Christophe Jolly. L’installation se compose d’un cône, surmonté d’un tamis sur lequel placer un échantillon de sol. Une lampe le surplombe. Une fois allumée, celle-ci chauffe l’échantillon, ce qui incite les insectes à se déplacer vers le bas. Ils tombent alors dans le fond du cône ou un capteur, relié à un ordinateur, procède à leur identification et au comptage. « Ce capteur peut être utilisé pour étudier, par exemple, l’impact de certaines pratiques agricoles sur la vie du sol. »

Le capteur d’insectes peut, entre autres,  être utilisé pour étudier l’impact  de certaines pratiques sur la vie du sol.
Le capteur d’insectes peut, entre autres, être utilisé pour étudier l’impact de certaines pratiques sur la vie du sol. - J.V.

Deux biostimulants au banc d’essai

Dans son portefeuille de produits, la société intègre des biostimulants. Parmi ceux-ci, le Quantis, un produit à base de carbone, sodium, potassium et acides aminés. Il s’utilise actuellement en pommes de terre et s’applique trois fois, à la dose de 2 l/h (en début de tubérisation, en relais après deux semaines et à la floraison). Les essais montrent qu’il réduit les effets délétères liés à un stress, améliore la photosynthèse, ralentit la maturité et accroît la qualité et le rendement.

Cette année, de nouveaux essais sont menés, en pommes de terre, mais aussi en céréales et oignon en vue d’étudier le positionnement de Quantis et son effet sur la culture.

Vixeran est le second biostimulant mis à l’épreuve. Il s’agit d’une solution bactérienne fixatrice d’azote, travaillant au niveau racinaire mais aussi foliaire, en cours de test sur des parcelles de maïs et de froment. « Les essais menés sur des parcelles de maïs fertilisées à dose pleine ou à dose réduite permettront d’observer les effets du fixateur d’azote. Les résultats seront connus lors de la récolte. » Plusieurs expérimentations, sur d’autres cultures, sont aussi en cours.

Lutter contre le rhizoctone brun en betteraves sucrières

Côté produits phytosanitaires, Mario Lagrou, Crop advisor pour la Flandre, prend le relais et fait, tout d’abord, un bref rappel sur les produits Angle, Quadris Gold et Bicanta à la composition identique (125 g/l difénoconazole et 125 g/l azoxystrobine). Ceux-ci contribuent à la protection contre les maladies foliaires classiques, mais également contre le rhizoctone brun.

Le moment d’application idéal pour lutter contre cette maladie est le stade 8-10 feuilles, à la dose de 1 l/ha.

Envisager le désherbage du maïs

En culture de maïs, M. Lagrou rappelle les contraintes qui pèsent sur la terbuthylazine (zone tampon et application un an sur trois au maximum) et le fait que le s-métolachlore est une matière active en sursis. De quoi compliquer le désherbage des parcelles !

Les conditions météorologiques de cette année, caractérisées par une longue période sèche après le semis, complexifient encore les choses. Syngenta s’en tient toutefois à son programme de base, reposant sur la mésotrione, que l’on retrouve dans le Callisto ou le Lumica. Le phytopharmacien l’associe ensuite à divers autres partenaires, choisis selon la situation et la flore rencontrée. « Cette année, vu l’humidité régnant en début de printemps, les problèmes de camomille ont été nombreux. Le recours à Peak ou Casper devait alors être envisagé », conseille-t-il.

Dans les parcelles céréalières

La dernière parcelle visitée est dédiée au froment. « Si l’on s’intéresse à la protection fongicide, effectuer un T1 efficace reste crucial pour un développement optimal des cultures. L’omettre n’est certainement pas une bonne idée… », développe Mario Lagrou. Et d’enchaîner : « Avec la disparition du chlorothalonil et de certains produits à base de triazoles, le nombre de fongicides « T1 » disponible sur le marché a fortement diminué. Nous cherchons des alternatives à base d’Amistar « maison » (250 g/l azoxystrobine), combiné à la fenpropidine ou au folpet et complété par une triazole ».

Des produits à base de soufre et de phosphonates sont également à l’essai. Ils peuvent constituer un complément intéressant en T1.

« Le nombre de fongicides « T1 » disponible sur le marché diminue fortement.  Nous cherchons des alternatives à base d’Amistar, combiné à la fenpropidine  ou au folpet et complété par une triazole », détaille Mario Lagrou.
« Le nombre de fongicides « T1 » disponible sur le marché diminue fortement. Nous cherchons des alternatives à base d’Amistar, combiné à la fenpropidine ou au folpet et complété par une triazole », détaille Mario Lagrou. - J.V.

En T2, Syngenta mise toujours sur le Solatenol (nom commercial de la substance active benzovindiflupyr présente dans les fongicides Elatus Plus, Velogy Era et Ceratavo Plus), une SDHI efficace contre les rouilles et affichant un spectre d’action contre la septoriose.

Enfin, en matière de désherbage, les agriculteurs sont de plus en plus souvent confrontés à des jouets du vent résistant aux sulfonylurées. Dans ce cas, la firme conseille de se tourner vers l’herbicide de contact Axial (50 g/l pinoxaden + 12,5 g/l cloquintocet-mexyl), utilisé au printemps. Toutefois, comme il n’agit que sur les adventices développées, des essais sont en cours en vue de l’associer à un agent racinaire et, ainsi, mieux lutter contre cette adventice.

J. Vandegoor

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