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Chez Certis Belchim: une ferme expérimentale et des projets pour contribuer à une agriculture durable et de terrain

Fin juin, Certis Belchim a présenté, durant 6 jours, ses 85 essais réalisés sur 39 cultures à 1.850 visiteurs clients, distributeurs et pouvoirs publics belges et étrangers. L’occasion aussi de mettre en avant les recherches en cours et quelques outils innovants.

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Il s’agissait de la deuxième édition des Trial Field Days de la société sous la bannière Certis Belchim. En effet, depuis le 1er novembre 2022, Certis et Belchim ont officiellement fusionné, entraînant de facto la réunion des équipes. Les 18 membres de l’équipe belge – composée de spécialistes pour chaque groupe de cultures (ornementale, grandes cultures, fruits, vignes…) ont ainsi à nouveau pu accueillir leurs contacts venus de toute l’Europe mais aussi des États-Unis et du Canada, dont 500 partenaires belges.

Une mise en place difficile

Les visites de champs d’essais sont minutieusement planifiées. Néanmoins, cette année, leur organisation aurait pu être remise en question par un début de saison difficile : « L’implantation des essais a été un peu chamboulée par le temps humide. S’en est suivie une période sèche. Ça a été un challenge pour que tout soit prêt à temps pour les visites. Mais, les équipes ont relevé le défi et tout le monde a mis la main à la pâte pour essayer de palier au retard. Au final, c’est une réussite », explique Vincent Van Langendonck.

« Pour nous, ces journées sont réellement importantes car elles mettent en avant le travail réalisé à la ferme expérimental de Londerzeel. En effet, grâce à cet outil, nous souhaitons apporter des solutions basées sur la technique et contribuer à une agriculture durable inspirée directement du terrain. Et puis, évidemment, c’est l’occasion de mettre en avant notre gamme qui est aujourd’hui large et complète grâce au mariage et à la complémentarité des deux noms de notre nouvelle société ».

Durant 6 jours, les 18 membres de l’équipe belge ont à nouveau pu accueillir  leurs contacts venus de toute l’Europe mais aussi des États-Unis et du Canada.
Durant 6 jours, les 18 membres de l’équipe belge ont à nouveau pu accueillir leurs contacts venus de toute l’Europe mais aussi des États-Unis et du Canada. - D.J.

Quelques éléments forts de la gamme

Gilles Warnon, responsable développement grandes cultures, revient ainsi sur les éléments forts de cette gamme.

Avec tout d’abord le Proman (métobromuron), « l’incontournable de chez Certis Belchim en matière de désherbage des pommes de terre. Il est très sélectif et est un bon partenaire qui entre facilement dans des schémas de renforcement d’autres produits ».

Pour le désherbage, mais aussi le défanage, l’agronome pointe également le Gozai (pyraflufen-éthyle) : « nous avons constaté que lorsqu’un désherbage de correction se fait en post, la pomme de terre brûlée absorbe moins de produit et, quand elle redémarre, elle le fait dans un environnement plus sain. Les résultats en défanage sont également extrêmement satisfaisants ».

En désherbage maïs, il cible le Botiga, composé de mésotrione et pyridate. « Il s’agit d’un produit à action rapide qui vient en substitution de la terbuthylazine, progressivement abandonnée au vu de la complexité de ses conditions d’utilisation. Il apporte de la vitesse d’action et un renfort sur chénopode, datura, mercuriale dans les schémas de désherbage maïs ». Dans le même sens, il aborde aussi l’Onyx, uniquement composé de pyridate  : « Il peut évidemment être coformulé. Il a un fort intérêt dans la problématique de la gestion du souchet comestible, gérable uniquement en maïs ».

En matière de céréales, la firme se targue d’avoir une gamme relativement complète, du désherbage à la protection, en passant par la régulation. On note cependant une importance accrue donnée au désherbage d’automne du fait des hivers doux et de l’efficacité parfois moindre liée aux développements de résistances des solutions de printemps : « L’efficacité peut parfois varier en automne bien sûr mais c’est alors essentiellement dû aux conditions climatiques. On observe une grosse évolution dans l’utilisation automnale de produits tels que Carpatus ou Naceto (diflufénican et flufénacet) ».

On parle aussi du Teppeki (flonicamide), devenu incontournable en insecticide betteraves contre les pucerons depuis la disparition des néonicotinoïdes. Cette année, le Gazelle (acétamipride) a également reçu une autorisation de 120 jours et la firme espère une agréation définitive en betteraves dans le futur.

L’entreprise est également assez présente en légumes dans l’utilisation du Lentagran (pyridate) en désherbage. « En oignons, l’application est précoce et technique mais l’effet est clair. Cela a également pas mal d’intérêt en poireaux et choux ».

La société s’illustre aussi dans le « non crop », pour l’entretien des espaces non cultivés, avec notamment le Katoun Gold à base d’acide pélargonique. Ce dernier est aussi présent dans le Beloukha, conseillé pour le défanage des pommes de terre mais qui pourrait à l’avenir également être envisagé en désherbage localisé.

Une utilisation consciente tout au long de la filière

Lors de ces champs d’essais, la marque insiste aussi sur l’utilisation consciente des produits de protection des plantes avec la mise en évidence de certains systèmes tel que l’« Easy Connect ». « Nous travaillons à avoir une gamme respectueuse de l’environnement mais nous souhaitons aussi que l’utilisateur final utilise correctement les produits. La conscience collective est importante. Nous dépensons tous du temps et de l’argent à l’obtention d’homologations et nous avons réellement besoin que toute la filière œuvre à leur maintien. C’est dans ce cadre que nous présentons le système Easy Connect, car le remplissage est l’une des sources de pollution importante ». Afin d’y remédier, l’ensemble des firmes se sont accordées sur l’utilisation d’un bouchon identique permettant l’utilisation d’un système de remplissage et rinçage fermé des bidons. « Dans un futur proche, ce type de système sera très certainement obligatoire.»

Lors de ces champs d’essais, la société insiste aussi sur l’utilisation consciente des produits de protection des plantes avec la mise en évidence de certains systèmes tel que l’«Easy Connect».
Lors de ces champs d’essais, la société insiste aussi sur l’utilisation consciente des produits de protection des plantes avec la mise en évidence de certains systèmes tel que l’«Easy Connect». - D.J.

Dans le même sens, Certis Belchim, propose actuellement un système transfert clos avec son produit Crown (hydrazide maléique), régulateur de croissance employé pour lutter contre la formation de germes. « Le système perce le fut et est directement raccordé au pulvérisateur. Il n’y a plus de robinet et, ni l’agriculteur, ni l’environnement de remplissage ne sont en contact avec le produit ».

Pour la réalisation de ces essais, la société a aussi récemment investi dans un nouveau pulvérisateur qui permettra de réaliser 10 variations d’un traitement en un même passage : « La machine devrait être opérationnelle pour la saison prochaine. Aujourd’hui, il nous faut 4 heures et autant de personnes pour traiter 10 objets, demain on pourra tabler sur 1h avec un opérateur unique. Nous gagnerons en efficacité mais aussi en stabilité et précision ».

Le travail en laboratoire

L’entreprise de protection des plantes a également toujours la volonté d’investir dans la recherche et dans la connaissance des produits. C’est l’une des raisons d’être des laboratoires établis en Belgique et en France.

« À Nîmes, on travaille plus particulièrement sur les produits biorationnels aux propriétés insecticides et fongicides, avec pour objectif de sélectionner ceux d’origine naturelle les plus efficaces et d’en proposer de nouveaux chaque année afin de rester leader dans ce marché », explique Audrey Derunier responsable au laboratoire belge. « Ici, on se concentre sur les produits dits conventionnels avec aussi bien du développement que du support technique pour la gamme déjà en place. On veut répondre à des questions qui peuvent se poser en pratique, on investigue sur l’effet curatif d’un produit, sur son mode d’action, sa réaction à différents facteurs du climat… Tous ces éléments peuvent aider nos collègues sur le terrain. Nous réalisons aussi du monitoring de sensibilité et suivons de près l’évolution des souches présentes au champ pour pouvoir identifier des développements de résistances et adapter notre conseil en fonction. Le mildiou de la pomme de terre est l’un des sujets que l’on suit depuis toujours de cette manière ».

La communication digitale

Lors de ces journées d’échanges, Certis Belchim présente aussi ses nouveaux projets de communication digitale à destination interne et de ses partenaires.

Le premier consiste en une série de vidéos permettant une meilleure compréhension des questions réglementaires : « Le processus est expliqué de la manière la plus simple possible afin qu’il soit compris de tous. On donne un aperçu des étapes clés pour l’approbation d’une substance mais également celles nécessaires à l’acceptation d’un produit au sein de l’Europe », explique Fabian Rossi, responsable du marketing digital.

Un second projet présenté lors de la plateforme est une ferme virtuelle dans laquelle on peut voyager dans les différentes cultures et avoir des informations sur développement des plantes, leur récolte mais aussi leur suivi et leur entretien. On peut voyager dans le temps, décrypter dans les détails une plante ou son parasite, consulter les solutions potentielles. « Il s’agit d’un partage de connaissances et d’expertises sur les maladies et parasites, sur différentes problématiques à différents stades. On distille des petits bouts d’informations, étape par étape, du problème aux solutions disponibles, en passant par l’application, la connaissance de la culture… ».

Le troisième projet digital se rapporte à la présentation des tours digitaux. « Nous vous emmenons en visite à l’intérieur des essais de notre plateforme de Fronton en France. On peut fonctionner en mode promenade ou alors réaliser des comparaisons d’objets ».

Pour l’instant, ces outils sont présentés lors de salon ou mis à disposition des clients avec le support de l’équipe.

L’Ara d’Ecorobotix en démo

Dans le cadre d’essais de désherbage localisé avec du Beloukha, le pulvérisateur intelligent Ara d’Ecorobotix était également présenté. Il permet l’application ciblée d’herbicides sélectifs ou non sur les mauvaises herbes, de fongicides, d’insecticides ou d’engrais uniquement sur la culture, avec une précision de 6X6 cm. Il peut être utilisé en cultures en ligne mais aussi en cultures maraîchères ou en prairies et gazons.

L’Ara est composé de 156 buses de pulvérisation de haute précision, espacées de 4 cm.
L’Ara est composé de 156 buses de pulvérisation de haute précision, espacées de 4 cm. - D.J.

Selon le fabriquant, avec une largeur de travail de 6 m et une vitesse d’avancement allant jusqu’à 7km/h, la machine peut atteindre un rendement de surface de 4ha/h. Elle fonctionne indépendamment de la lumière et peut être utilisée la nuit. Les bâches réduisent efficacement la dérive.

Un réservoir de 500 litres est transporté à l’avant du véhicule et le mélange de la bouillie est effectué dans une cuve de 200 litres. Cela permet de refaire une préparation de bouillie au champ. Après un premier traitement, l’application indique la quantité de bouillie à préparer pour terminer la parcelle concernée.

Le contrôle du pulvérisateur se fait par tablette. Il suffit de sélectionner la culture et le type de traitement.

À termes, ce type d’engin peut réduire jusqu’à 90 % la quantité de produit utilisée. Un outil qui pourrait donc apporter une solution aux réglementations environnementales de plus en plus strictes tout en améliorant la rentabilité des exploitations.

Propos recueillis par Delphine Jaunard

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