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Première action des éleveurs wallons à Waremme

C’est la première d’une longue série d’actions qui s’est déroulée ce jeudi début d’après-midi, à Waremme. Plusieurs éleveurs s’étaient réunis sur le parking du supermarché Lidl pour manifester leur ras-le-bol face à la situation actuelle.y

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La commission européenne tue notre agriculture ! », s’indigne Éric Coheur. Comme d’autres, cet agriculteur, actif dans le Blanc-Bleu Belge, était présent dans la capitale hesbignonne afin de conscientiser le monde politique, les médias, mais aussi les consommateurs sur « les dérives belges menant à l’épuisement économique et psychologique des éleveurs familiaux wallons ». Le moins que l’on puisse dire est que pour une première action, ce fut une réussite. La vache amenée sur le parking du supermarché Lidl a attiré bien des regards. Il en est de même pour le stand présent pour faire goûter de la viande 100 % wallonne.

Et si pour les clients du supermarché, ce fut la stupéfaction, pour les éleveurs présents, c’est une manière de montrer que l’heure est grave, comme l’explique Manu Laruelle qui a participé à l’élaboration de cette après-midi. « Pour nous, c’était le moment opportun au vu des manifestations en Europe ». Depuis la période de la Covid, la situation des éleveurs est difficilement tenable. En effet, alors que leurs frais sont à la hausse (prix des aliments, matériels, factures vétérinaires, etc.), le prix de la viande ne suit pas cette tendance. « Le seuil de rentabilité n’est plus atteint ! En Belgique, nous avons des normes strictes, avec de la viande de qualité, tracée de l’étable jusqu’à l’assiette, et bonne pour l’environnement. Si on ne la produit plus chez nous, qu’est-ce que la population va consommer ? De la viande étrangère, produite hors UE, et beaucoup moins contrôlée ». Ce qu’il réclame ? « Un prix minimum pour le prix la viande, et ce afin que les éleveurs puissent continuer à produire avec un revenu correct ».

Des jeunes éleveurs défaitistes

Et alors que beaucoup d’agriculteurs peinent à trouver un repreneur pour leur exploitation, les jeunes générations sont de plus en plus découragées, comme le raconte Éric Coheur, dont le fils Julien a repris la moitié de la ferme. « Moi, j’ai 59 ans, j’ai fait ma carrière. Mais je me tracasse surtout pour les jeunes, comme mon fils. Ils ont un discours de plus en plus défaitiste et n’ont plus envie de se lancer dans le milieu ».

Il ajoute : « C’est important d’expliquer que nous sommes le seul métier au monde où le vendeur ne décide pas du prix. Nous n’avons pas notre mot à dire. On doit produire plus, avec des normes toujours plus strictes. Le côté administratif augmente également. Avec ce type d’action, nous espérons que la commission européenne va se rendre compte de la situation actuelle ».

Une catastrophe pour les exportations

La Belgique est un pays exportateur de viande bovine. Ainsi, d’après Benoît Cassart, secrétaire de la fédération nationale du commerce de bétail, une bête sur quatre doit être vendue à l’étranger pour que le marché soit en équilibre. Ce qui est loin d’être le cas actuellement… « Il y a une véritable incohérence entre les différents pays par rapport à la situation sanitaire, c’est notamment le cas pour la maladie de la langue bleue. L’UE devrait imposer les mêmes règles à tout le monde afin d’harmoniser le commerce ». D’après lui, les pays, comme la Belgique, sont donc en train de vivre une catastrophe, à laquelle s’ajoutent des coûts de production trop élevés. « Au niveau fédéral, notre pays fait toujours le choix d’appliquer les réglementations européennes plus loin que les autres. On le voit avec l’identification, la traçabilité… Nous sommes moins compétitifs par rapport aux pays étrangers ».

Grâce à cette action, espérons que les éleveurs wallons obtiennent une meilleure valorisation de leur métier. Un métier difficile, mais passionnant… pour lequel ils réclament un revenu et des conditions décentes.

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