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Vaux-sur-Sûre: une commune rurale et agricole!

L’actualité agricole rythme ces dernières semaines l’actualité des campagnes wallonnes et ardennaises. Excédés d’être ignorés dans leurs revendications légitimes, les agriculteurs ont sorti leurs tracteurs pour crier à la face du monde leur désarroi, et dénoncer les injustices dont ils souffrent de manière endémique.

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Notre commune de Vaux-sur-Sûre, entité rurale par excellence de 13.500 ha, compte environ 8.000 ha de surface agricole utile -60 % de notre territoire ! –, 130 exploitations, 18.000 bovins (dont 75 % en spéculation viandeuse), 600 moutons, 30.000 volailles et pas moins de 1.000 ha de céréales. Les prairies permanentes, et toutes leurs qualités reconnues pour l’environnement, représentent 59 % de la surface agricole, soit 4.720 ha de puits de carbone. Elles sont bordées de haies vives et d’alignement d’arbres, striées de centaines de petits ruisseaux protégés, pointillées de mille et une sources préservées. « Vaux-sur-Sûre » rime avec « nature ». Elle est clairement une commune rurale, où d’innombrables éléments naturels ont été façonnés et sont entretenus par nos agriculteurs. Jusque voici quarante ans à peine, l’agriculture a constitué chez nous l’activité pilote de nos villages, a dessiné les rues et les voies de communication, a sculpté nos paysages, marqués et animés par les réalités agricoles.

Imprégnée de ces vérités incontournables, la Commune soutient ses agriculteurs et se veut un relais concret au quotidien. Les événements de ces jours derniers nous ont interpellés, voire émus ; ils nous ont en tout cas confortés dans notre volonté de comprendre et d’appuyer les revendications agricoles. Ainsi, ce samedi 3 février, en compagnie d’une quarantaine d’agriculteurs valsûrois, nous avons reçu le ministre régional wallon de l’agriculture Willy Borsus. Celui-ci a répondu aux interpellations et explicité les réponses politiques, déployées en trois points brûlants : la dérogation -sans condition- liée aux 4 % de « zones non-productives » (jachère), une simplification administrative au quotidien, et dernier élément important, une réflexion sur les revenus agricoles, afin que ceux-ci soient enfin décents et que la rentabilité des exploitations devienne une réalité tangible, autre que rêvée par des générations de fermiers depuis plus d’un siècle.

Cette action en faveur des revenus va débuter par un rapport de l’observatoire des prix et une concertation de toute la chaîne, avec une demande de transparence des marges de chaque acteur. Les échanges européens et mondiaux sont une réalité au quotidien. Nos productions sont conditionnées par de nombreuses normes européennes liées notamment à la PAC ; il est donc normal d’en attendre autant des denrées importées. C’est ce qu’on appelle des « clauses-miroirs ». Un contrôle réel doit être mis en place afin d’éviter les découvertes « étranges » et troublantes, comme celles réalisées dans les camions visités lors des blocages de ces derniers jours.

Il est impératif également que l’Europe reste attentive à son autonomie alimentaire. Le respect de l’environnement est une nécessité mais une alimentation saine et accessible pour tous doit rester une priorité. Un paradis écologique n’a pas sa place dans un désert économique et social ; l’inverse est également vrai. Il faut trouver un juste milieu, adapter les objectifs à chaque région agricole. Nos réalités agronomiques ne sont pas celles du Tournaisis, du Brabant Wallon ou du Condroz. Chez nous en Haute-Sûre, l’environnement naturel est aimé et respecté par les agriculteurs, car il constitue notre milieu de vie, notre espace de travail. Pourquoi sans cesse nous culpabiliser et inventer des normes farfelues, pour mieux nous clouer au pilori de l’agribashing ?

Autre réalité déplorable dans nos campagnes : l’agriculture s’étiole et voit ses ressources humaines fondre comme neige au soleil. La moyenne d’âge de nos exploitants flirte avec la soixantaine ! Des 130 fermes actuelles, combien seront-elles encore en activité d’ici 10 ans ? Les chiffres sont là, impitoyables, affolants : 45 % d’entre elles n’ont pas de successeur, 35 % sont en attente et espèrent, tandis que seulement 20 % ont un successeur avéré… Faites le compte : en 2034, restera-t-il seulement 30 exploitations agricoles, pour cultiver nos 8.000 ha de champs et prairies, pour « jardiner » un territoire communal de 13.500 ha ? Dès lors, prendre soin de nos jeunes et les motiver revêt la plus haute importance ! Donnons-leur l’opportunité de faire perdurer notre agriculture. Apprenons aux 6.000 habitants de Vaux-sur-Sûre combien leur agriculture est importante ; partons tous ensemble à sa (re)découverte, pour nous (ré)approprier notre passé agricole et notre statut de commune rurale.

Les prochains jours donneront encore l’opportunité à chacun de faire entendre sa voix. Le métier d’agriculteur est sans conteste une profession passionnante, éminemment respectable, mais tellement malmenée au quotidien ! Soyez persuadés que notre commune soutient ses agriculteurs et comprend leurs revendications. « Résiste et mors ! »  : faisons nôtre la devise des Chasseurs Ardennais, en faveur de nos derniers 130 agriculteurs !

OL,

collège communal de Vaux-sur-Sûre

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