«La commission a effectué un virage à 180 degrés»
Le revenu agricole. Sur le bitume, sur la moelleuse moquette du conseil européen, le vocable était sur toutes les lèvres, dans un cri écrit ou murmuré mais toujours aussi revendiqué. Les ministres de l’Agriculture l’ont écouté et, cette fois-ci, bien entendu lors de leur réunion du 26 mars dernier. Et le temps presse, car il s’agit d’avaliser et de mettre en œuvre une série de mesures avant les élections du mois de juin.
De la flexibilité, de la simplification et du revenu. Trois thématiques que les ministres européens de l’Agriculture ont répétées à l’envi, que ce soit à leur arrivée ou lors de leur traditionnel tour de table.
La Belgique présente en force
Dès lors, la mission de cette rencontre particulièrement attendue était très claire : « assurer une bonne compétitivité de notre agriculture et préserver la souveraineté alimentaire en Europe tout en garantissant une rémunération juste aux agriculteurs » a ainsi indiqué en préambule le ministre David Clarinval.
Tant le ministre fédéral que régional ont indiqué qu’il était indispensable de modifier la Pac, d’adapter rapidement les plans stratégiques avec les dispositions concernant les BCAE 1, 6, 7 et 8, assouplies pour certaines, éléments d’éco-régimes pour d’autres « pour permettre d’épouser davantage les réalités agronomiques de nos territoires tout en restant en ligne avec des ambitions environnementales » a ainsi souligné Willy Borsus.
Les efforts de la commission
Nos deux représentants ont salué de concert les propositions et la réactivité de la commission au niveau de l’organisation de l’OCM, avec le renforcement des organisations de producteurs, les possibilités de contractualisation et une révision des règles relatives aux pratiques commerciales déloyales pour renforcer la position des producteurs dans toute la chaîne de valorisation des produits.
Les ministres européens ont exposé différentes demandes non-encore rencontrées. La commission est ainsi invitée à continuer de chercher des solutions pour la BCAE 2, les modalités de modification rapide des plans stratégiques, la gestion de crise et l’extension du cadre temporaire sur les aides d’État ainsi que sur l’adaptation du niveau des aides de minimis.
Au cours de la réunion, la commission a proposé des mesures immédiates et non législatives concernant l’implémentation de l’observatoire des prix dont le fonctionnement est calqué sur celui de la Belgique et la directive UTP (pratiques commerciales déloyales) dont une révision est prévue dès 2025. La logique poursuivie par l’Exécutif étant de faire la lumière sur les prix au sein des différentes filières.
Nécessité de travailler avec l’Europe
Le ministre David Clarinval s’est félicité de la décision des experts des États membres qui ont donné, juste avant la réunion, leur feu vert à la proposition de révision de la Pac visant à alléger les contraintes de la conditionnalité, en l’état ou presque, à quelques détails techniques près.
Pour M. Clarinval, la commission a réalisé de nombreux efforts et carrément fait « un virage à 180 degrés » en révisant l’acte de base de la Pac. « En modifiant le règlement de la Pac jusqu’en 2027, en réorientant des contraintes environnementales, la commission va permettre aux agriculteurs de retrouver une forme de liberté » a réagi le ministre.
En marge de la réunion, le ministre fédéral a aussi assuré que la Belgique ne signerait pas l’accord avec les pays du Mercosur en l’état. « Nous demandons la mise en œuvre de clauses miroir pour respecter les productions européennes et protéger les secteurs les plus sensibles ».
Et de rappeler le paradoxe européen. « Si elle représente un défi avec ses normes, en particulier dans cette période de crise, l’Europe permet d’y apporter des réponses nécessaires ». D’où l’utilité de travailler main dans la main avec la commission.
Les discussions se poursuivent à l’heure où nous bouclons la présente édition. Nous reviendrons en détail sur les conclusions de cette importante réunion dans votre Sillon Belge du 4 avril.
