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Quand le champ devient terrain politique

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Élections, fin de législature. Ce ne sera pas l’été mais plutôt le printemps en pente pas si douce que ça, passant d’une plaine de jeux d’influences et de débats à celle des (grandes) manœuvres politiques. Elles ont commencé au parlement européen où ça se bouscule au portillon, notamment au sein de la commission de l’Agriculture (Comagri) dont le fonctionnement et la composition pourraient fortement évoluer.

Fin 2023, le parlement s’était en effet penché sur la structure de ses commissions, pour les remodeler en vue du prochain mandat législatif. Il était alors envisagé d’en réduire potentiellement de moitié le nombre pour résoudre les conflits de compétences qui se sont multipliés ces dernières années, notamment entre celles de l’Agriculture et de l’Environnement (Comenvi) qui couvre les dossiers biodiversité, climat et santé. Il était proposé une fusion de la Comagri avec la commission de la Pêche, voire de regrouper la sécurité alimentaire (actuellement du ressort de la Comenvi), avec l’agriculture et la pêche. Suggéré encore, la création d’une commission de la Santé et de la Sécurité alimentaire qui réduirait le nombre de compétences de la Comenvi, dont le rôle serait alors limité à l’action climatique, l’environnement, les océans et les forêts. Si ces discussions n’ont pas abouti, ces idées restent dans l’air et pourraient ressortir à l’issue des élections.

La composition de la future Comagri interroge grandement, sachant que les membres clefs ou suppléants bien connus ont déjà annoncé qu’ils ne brigueraient pas un nouveau mandat. C’est le cas du rapporteur sur les plans stratégiques de la Pac, l’Allemand Peter Jahr et de sa collègue centriste Ulrike Muller, rapporteure du règlement horizontal de la Pac, de l’écologiste autrichienne Sarah Wiener, rapporteure du règlement pesticides, de l’inamovible social-démocrate italien Paolo De Castro, ancien président de la Comagri, rapporteur du règlement sur les indications géographiques, mais aussi de Benoît Lutgen, rapporteur pour avis de la directive sur les émissions industrielles.

Mais la grande inconnue réside dans l’arrivée d’un contingent potentiellement élevé d’eurodéputés issus de la droite de la droite, aux premières loges lors des manifestations de ce début d’année : Vlaams Belang en Belgique, AfD en Allemagne, Droit et justice en Pologne, Vox en Espagne, Rassemblement national en France, tous ont manifesté avec force leur soutien au mouvement. Une brèche s’est ouverte dans laquelle ces partis comptent bien s’engouffrer et capitaliser sur la colère agricole. Jordan Bardella, l’homme fort du parti d’extrême droite français n’a-t-il pas tout récemment déclaré qu’il verrait bien son parti politique à la tête de la Comagri, pourtant chasse gardée de la droite classique depuis deux mandatures ? La vigilance des électeurs est plus que jamais de mise.

Marie-France Vienne

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