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Pois protéagineux, féverole et lupin: quel potentiel en Région wallonne?

Depuis de nombreuses années, des essais sont réalisés en pois protéagineux, à la Ferme expérimentale de Gembloux Agro-Bio Tech. Longtemps connue pour ses variétés de printemps, cette culture fait l’objet d’une sélection génétique européenne dynamique, notamment en variétés de pois protéagineux d’hiver. La féverole revient dans les essais depuis peu, suite au renouvellement variétal aussi bien en féverole de printemps que d’hiver.

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Les trois premières variétés de pois protéagineux d’hiver ont été testées en 2003, dans le cadre d’un réseau européen visant à développer la culture des protéagineux. Les variétés de printemps étaient majoritaires à l’époque. Vingt ans plus tard, il s’agit de 20 variétés de pois protéagineux d’hiver dont 5 nouvelles, et de 20 variétés de pois protéagineux de printemps dont 12 nouvelles qui sont testées à Gembloux.

Des pois de couleur jaune, verte et même corail

La plupart des variétés de pois protéagineux présentent des grains jaunes, intéressantes aussi bien pour la valorisation en alimentation humaine (Cosucra…) qu’en alimentation animale. La variété de pois protéagineux d’hiver à grains verts, Aviron, a été inscrite en 2013 et est depuis 2021 secondée par Faquir et Paddle. En pois protéagineux de printemps, la variété à grains verts, Greenway, inscrite en 2019, est complétée par Atoll inscrite voici deux ans.

Une nouveauté apparaît dans les essais avec Fauve et Facette, en pois protéagineux d’hiver, inscrites en France en 2021 et présentant des graines de couleur corail. En pois protéagineux de printemps, Rosario sera testée pour la première fois cette année. Il y aura de quoi diversifier les débouchés en alimentation humaine.

Des rendements fluctuants

Les aspects agronomiques des variétés sont suivis chaque année ; les rendements à la récolte sont mesurés et sont fortement influencés par les conditions météo de la campagne de culture. Le cycle de végétation est plus long pour les variétés d’hiver par rapport à celles de printemps à cycle plus court.

En pois protéagineux d’hiver, les meilleurs résultats avaient été atteints en 2015. Depuis lors, les rendements ont été beaucoup plus fluctuants.

En pois protéagineux de printemps, le potentiel agronomique des variétés n’a pas pu s’exprimer pleinement à cause des extrêmes climatiques rencontrés ces dernières années qui ont été très contrastées. Ceci a eu une répercussion importante sur les rendements obtenus dans chacune de ces cultures. Les années 2017 à 2020 ainsi que 2022 ont été caractérisées par une sécheresse importante, avec des stress hydriques et thermiques importants. Le pois ne supporte pas des températures supérieures à 25 ºC pendant la floraison. Les années 2021 et 2023 ont connu des pluies records à différentes périodes : durant l’été 2021 et au printemps 2023 retardant l’implantation des cultures de printemps.

Un renouveau pour la féverole

Les 4 premières variétés de féverole d’hiver ont été testées à Gembloux en 2003, pendant les 3 années de fonctionnement du réseau européen. Par la suite, le choix s’est porté sur le pois protéagineux qui était plus prometteur. En suivant l’évolution variétale en féverole, les essais ont été réinstallés en féverole de printemps en 2013 et ont repris chaque année depuis 2018. La féverole d’hiver qui connaît également un renouveau variétal intéressant et plus récent, est testée annuellement, depuis 5 ans. En 2023, 38 variétés de féverole ont été expérimentées : 15 variétés d’hiver dont 4 nouvelles et 23 variétés de printemps dont 10 nouvelles.

En féverole, la majorité des variétés présentent des fleurs colorées. Les téguments de leurs graines contiennent des tanins qui diminuent la digestibilité des protéines. Quelques variétés à fleurs blanches ont été testées en la saison dernière : en féverole d’hiver Organdi, inscrite en 2011, et en féverole de printemps LG Banquise inscrite en 2012 ainsi que GL Sunrise inscrite en 2017. Les graines des variétés à fleurs blanches ne contiennent pas de tanins et vont surtout intéresser l’alimentation des porcs et des volailles. Les graines des féveroles à fleurs colorées peuvent être décortiquées pour éliminer l’inconvénient lié à la présence de tanins.

Diminuer la teneur en vicine-convicine

La sélection génétique s’intéresse également à diminuer la teneur en vicine-convicine dans les graines de féverole, car ces facteurs anti-nutritionnels sont responsables d’une diminution du poids des œufs chez les poules pondeuses et de crises d’hémolyse aigüe, chez les personnes atteintes de favisme (décomposition des globules rouges, principalement chez les hommes).

En féverole d’hiver, toutes les variétés testées présentent des teneurs élevées en vicine-convicine. Par contre, en féverole de printemps, il existe 6 variétés à faible teneur en vicine-convicine : Tiffany, inscrite en 2014, Nakka inscrite en 2016, Victus inscrite en 2017, Allison et Bolivia, inscrites en 2019 et Dosis inscrite en 2021. Les autres variétés de féverole de printemps (Fanfare, LG Cartouche, Trumpet…) ont des teneurs élevées en vicine-convicine.

De nouvelles variétés prometteuses

Les résultats de la récolte 2023 ont été très intéressants en féverole d’hiver, illustrant la capacité à résister au froid et à l’humidité de l’hiver et du printemps. Les nouvelles variétés sont prometteuses ; les meilleures d’entre elles ont eu un rendement supérieur à 5 t/ha. Les variétés Axel et Pantani ont montré une très forte sensibilité au froid avec une perte importante de plantes au printemps.

En féverole de printemps, les rendements ont été plus serrés l’année dernière, entre 3 et 4 t/ha, à cause des conditions stressantes de départ avec un manque d’eau se traduisant par une taille courte de la culture. La variété Nanaux est une variété à très petites graines, intéressantes pour les couverts. Les variétés à fleurs blanches ont été les moins performantes. Les variétés à faible teneur en vicine-convicine ont eu un rendement supérieur à 3,5 t/ha. Elles seront retestées en 2024.

Le tableau 1 illustre bien l’instabilité des rendements en protéagineux d’hiver et de printemps, au cours des 5 dernières années de récolte des essais.

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Évolution du lupin doux

Le lupin doux connaît également une évolution récente, avec l’arrivée de 2 nouvelles variétés allemandes de lupin blanc, résistantes à l’anthracnose, principale maladie grave dans cette culture. Cette culture a également été testée à plus petite échelle, ces dernières années à Gembloux.

En lupin, les conditions de manque d’eau au départ de la végétation ont également très fortement marqué les essais en lupin et davantage les lupins à feuilles étroites (lupin bleu). Les variétés de lupin blanc Celina et Frieda ont, quant à elles, pu récupérer avec les pluies arrivées fin juin et ainsi fournir un bon rendement en graines proche de 4 t/ha.

Qualité des protéagineux

Les protéagineux sont des cultures intéressantes à plus d’un titre. Leurs graines sont riches en protéines végétales, très recherchées. La teneur en protéines varie selon l’espèce, la variété et l’année culturale. Le tableau 2 indique cette variabilité au cours des 2 dernières années de récolte d’essais. Il est recommandé de faire une analyse de la récolte pour mieux connaître son produit, afin d’ajuster les rations alimentaires.

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Les variétés disponibles pour ce printemps

Pour ce printemps, diverses variétés de pois protéagineux de printemps, de féverole de printemps et de lupin blanc seront commercialisées chez nous (tableau 3). La demande en semences de protéagineux est forte en Europe et la récolte 2023 a été difficile ; la disponibilité en semences est donc limitée.

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Les semences seront désinfectées ou non. Il n’y a plus, cette saison, la restriction de l’usage du fludioxonil, connue en 2023, pour l’activation de l’éco-régime « Réduction d’intrants », en agriculture conventionnelle. Les semences utilisées seront non-traitées en agriculture biologique.

Les variétés de pois protéagineux ne sont pas à confondre avec les variétés de pois fourrager (pois fourrager d’hiver Arkta, ou pois fourrager de printemps Arvika ou Asteroid, généralement mélangées à une céréale.

Quoi de neuf dans le soutien couplé aux protéines végétales?

Dans le cadre du nouveau soutien couplé aux protéagineux de la PAC 2023-2027, accordant une aide de 375 €/ha (avec une surface minimum de 0,5 ha), il est possible, cette saison, de semer des protéagineux avec des graminées, des céréales, des légumineuses et d’autres protéagineux présents dans cette liste, à condition que ces cultures soient prédominantes dans le mélange.

Attention, il faut veiller à ce que la culture soit en place au 31 mai et que la récolte de la culture admissible à l’aide soit réalisée après le 15 juin.

Christine Cartrysse,

CePiCOP

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