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Quand l’horticulture passe en mode écologique et silencieux!

La vie est là, discrète, bruyante, colorée, petite, immense, à l’ombre. De nombreuses fleurs courbent leurs têtes, leurs cœurs de taffetas mauve ou jaune dévoilant un trésor d’étamines dorées, éclatées de chaleur printanière. Leuze-en-Hainaut un peu engourdie sous le regard de la collégiale Saint-Pierre dont la majesté le dispute à l’austérité. À ses pieds, le centre éducatif éponyme s’y accroche comme une pochette remplie de nuages. On y apprend la terre, le jardin, la culture et tout ce qui embellit le quotidien.

Temps de lecture : 5 min

Ancien entrepreneur de jardin indépendant à Honnelles durant 23 ans, Jean-François Gobert s’est reconverti en professeur dans l’enseignement professionnel. Il officie en section « horticulture générale » qui forme de futurs ouvriers jardiniers au sein d’une institution qui compte environ 1.300 élèves, toutes filières confondues.

Jardins, cultures, serres et tunnels

« S’orienter vers cette formation permet aux élèves de toucher à tous les aspects de l’univers horticole de la 4ème à la 6ème année : culture maraîchère, fruitière, floriculture, horticulture de parc et jardin » nous apprend-il.

Arrivés en 7ème année professionnelle de spécialisation, ils peuvent s’orienter vers l’aménagement de jardin (pavage, clôtures, terrasses en bois, escaliers, pièce d’eau…) et développer des projets. C’est le cas d’Adrien François, élève de 7ème année qui n’apprécie rien moins que le travail varié en extérieur. Il a embrassé cette formation pour acquérir de la pratique de terrain, réaliser des projets sur site et travailler pour un patron dans le secteur. Avec ses condisciples, il a créé des parterres, un escalier et, cette année ce sera un gabion, un casier constitué de solides fils de fer tressés et rempli de pierres non-gélives.

Le centre éducatif possède ses propres serres et tunnels dans lesquels les élèves cultivent des plantes annuelles (géraniums, surfinias, bégonias) qui seront mises en vente à l’occasion des portes ouvertes de l’école, et des légumes (haricots, laitues, mâches, pommes de terre).

Stage en immersion chez un professionnel

« En 5ème et en 6ème, les élèves font de l’entretien de jardins, de la taille de haies, d’arbustes, de la tonte sur tracteur » développe Jean-François Gobert en précisant qu’ils ont aussi l’opportunité d’effectuer « deux semaines de stage en pépinière, chez un fleuriste ou encore un producteur de légumes ».

Les élèves de 7ème année passeront, quant à eux, une journée par semaine en immersion chez un professionnel spécialisé en aménagement de jardins.

Ils viennent, par ailleurs, de participer pour la deuxième fois au concours du meilleur jeune jardinier organisé mi-avril à Aywaille. La manifestation s’adresse aux élèves de 7ème professionnelle en aménagement des parcs et jardins des écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

En 2023, l’école y a remporté le « PreventAgri Award » récompensant l’équipe qui a le mieux appliqué et respecté les mesures de sécurité et santé au travail.

Une formation qui mène à l’emploi

Les jeunes de la section « horticulture » sortent avec trois diplômes sous le bras : « celui de 7ème année en aménagement de jardins, celui de gestion (leur permettant de s’installer en tant qu’indépendant) ainsi que leur CESS » souligne Jean-François Gobert, ajoutant enfin qu’ils possèdent également la phytolicence (P2).

Entre 95 % et 99 % des élèves se dirigent vers des entreprises de parcs et jardins tandis qu’ils sont quelques-uns à rejoindre de grosses pépinières ou des jardineries de la région, comme celle de Beloeil « où deux de nos anciens élèves ont été engagés » déroule M. Gobert. Et d’assurer que « tous les bons éléments trouvent rapidement un emploi à la sortie de leurs études ».

Absence de nuisance sonores et de pollution et belle autonomie d’environ six heures, largement suffisante pour tondre toute les surfaces gazonnées  de l’établissement scolaire, sont les atouts  de cet engin sur batterie.
Absence de nuisance sonores et de pollution et belle autonomie d’environ six heures, largement suffisante pour tondre toute les surfaces gazonnées de l’établissement scolaire, sont les atouts de cet engin sur batterie. - M-F V.

Horticulture et… agriculture

Car le Cesp offre, outre un parcours dans l’enseignement général, une large palette de formations au niveau de l’enseignement technique et professionnel : électricien-automaticien, mécanicien d’entretien automobile, électromécanicien, collaborateur administratif, éducateur, secrétaire.

Mais aussi une formation agricole, accessible dès la troisième année de secondaire, qui constitue un marchepied pour embrasser un bachelier en agriculture.

En 2024, ils sont une soixantaine contre une quarantaine en section « horticulture » nous apprennent Marc Moreau et Géraldine Blanchard, deux des trois chefs de culture de l’établissement, qui secondent les professeurs pour les travaux pratiques.

Polyvalents (Géraldine Blanchard est architecte de jardin de formation), ils sont à temps plein sur le terrain. Ce sont eux qui assurent le suivi des cultures, l’entretien, la gestion du matériel et des stocks.

« C’est un travail valorisant dans un cadre familial » soufflent de concert les deux chefs de culture.

Du thermique à l’électrique

Performant et réputé, le Cesp l’est assurément. Et il a décidé de passer à la vitesse supérieure. L’établissement a ainsi décidé d’ajouter une nouvelle corde à son arc et d’épouser les tendances du marché en s’équipant de machines sur batteries pour familiariser les élèves aux outils du futur.

Après les taille-haies, souffleurs, tronçonneuses et autres débroussailleuses voici trois ans, le tracteur-tondeuse est venu compléter la gamme des outils sur batterie en 2024. Ce dernier est d’ailleurs un peu « la star » de l’établissement scolaire.

Ce sont les professeurs, eux-mêmes formés par la firme, qui assurent l’écolage des élèves au maniement de l’engin.

Une technologie en plein essor

Si le concept est encore assez novateur, les enseignants ont été rapidement séduits par le rendement et la maniabilité exceptionnelle de la machine. Sans compter l’absence de nuisances sonores et de pollution ainsi qu’une belle autonomie d’environ six heures, largement suffisante pour tondre toutes les surfaces gazonnées de l’établissement scolaire.

Pour Jean-François Gobert, les outils sur batterie ont une foultitude d’avantages, dont celui de fortement limiter les vibrations, notamment dans l’utilisation du taille-haie, sur la colonne vertébrale.

« Passer à l’électrique constitue un budget, mais il faut savoir qu’à part aiguiser les lames, nous n’avons plus de poste consacré à l’entretien périodique, notamment le remplacement des bougies d’allumage, du filtre à huile et à air, ni au carburant. Nous estimons d’ailleurs que le coût sera amorti en trois ou quatre ans » déroule l’enseignant qui ne tarit pas d’éloges sur la petite merveille de la section « horticulture » de l’institution leuzoise.

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