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Voir l'offre d'abonnement« Toute la journée, ça a été la corrida ! ». La manifestation agricole du 1er février dernier fut vécue de différentes manières par les innombrables protagonistes présents ce jour-là à Bruxelles. Une jeune infirmière m’a livré son ressenti particulier, voix de la terre elle aussi, puisqu’elle est issue d’une famille d’agriculteurs, avec un frère syndicaliste bien présent en front de bandière. Selon elle, paysans et soignants s’épuisent dans un même combat : les uns et les autres sont indispensables, mais souffrent d’un manque flagrant de respect et de reconnaissance. On se rend compte qu’ils existent lors des crises, ou quand ils descendent bruyamment dans la rue ; le reste du temps, on exploite leurs peines sans état d’âme.
L’actualité agricole rythme ces dernières semaines l’actualité des campagnes wallonnes et ardennaises. Excédés d’être ignorés dans leurs revendications légitimes, les agriculteurs ont sorti leurs tracteurs pour crier à la face du monde leur désarroi, et dénoncer les injustices dont ils souffrent de manière endémique.
Comme c’est beau : à l’unisson, tous les politiques soutiennent les agriculteurs. Fini l’agribashing ! Les libéraux, à fond les manettes, pourvu qu’on maintienne le libre-échange sur les marchés. Les socialistes ont le cœur qui saigne à condition qu’on maintienne le pouvoir d’achat en important bon marché. Et les écologistes, pareil, avec une bouche en cul-de-poule quand on parle de l’accumulation et de la complexification des normes environnementales.
Ils sont venus, ils sont tous là...elle va mourir la...Mama chantait Aznavour.
La semaine dernière, le monde agricole s’est embrasé de colère mais aussi de beaucoup d’unité. C’est assez rare pour le souligner et j’ai envie de m’en réjouir, à défaut de ne pas (encore !) pouvoir nous délecter d’avancées concrètes dans les demandes exposées par les agriculteurs.
Cette fois, la marmite agricole est en pleine ébullition ; le lait déborde, et c’est peu de le dire ! Démonstration de force et de puissance, le phénomène est à la fois spectaculaire et exaltant pour nous autres paysans, de voir tous ces tracteurs envahir les villes et former des barrages. Preuve en est faite : nous sommes là, toujours vivants, toujours debout, plus déterminés que jamais à défendre notre profession ! Nul doute que la dopamine et l’adrénaline coulent à flot dans les veines des jeunes fermières et fermiers engagés dans la lutte de leur vie, une expérience qu’elles et ils raconteront encore à leurs petits-enfants dans cinquante ans ! Euphorisés par l’effet de masse, grisés par le succès médiatique de leurs actions, ils forment -pour un temps ?- un bloc compact avec qui il faudra désormais compter…
Une révision des de la TVA ou des droits d’enregistrement, voici des pistes de réflexion pour améliorer le revenu des agriculteurs et l’accès aux terres.
« On zè dol sôrtt’ dè djîns qui rotan è qui kloujan leu djînv’ ! ». (On est de la sorte des gens qui marchent et qui ferment leur bouche). En d’autres termes, nous sommes de la race des gens qui obéissent et se taisent. Au cours de mon enfance, j’ai souvent entendu cette expression en patois wallon. Ainsi parlaient nos parents quand ils étaient opposés à un pouvoir supérieur -notable, instituteur, curé, administration…- et ne pouvaient faire entendre leur voix. Avec fatalisme, ils décrivaient ainsi le destin des gens de la terre, soumis à tous ceux-là qui nous prennent pour leurs chiens, auxquels on jette des os de temps à autre pour mieux se les attacher.
En chaque vieil Ardennais sommeille un bûcheron, un homme des bois ! Je suis né un pied dans ma prairie, l’autre dans la forêt, et celle-ci exerce toujours sur moi un puissant attrait. Pas étonnant dès lors d’avoir choisi d’habiter un lieu très arboré, une ferme incrustée en bordure d’un massif forestier, aux multiples kilomètres de lisières…
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