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Une présidence en questions

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Dès demain 1er juillet, l’Espagne prendra, pour la cinquième fois depuis son adhésion en 1986, les rênes du conseil de l’Union européenne, avant de les céder à la Belgique. Madrid a défini depuis plusieurs mois ses grandes lignes d’action. Globalement, elle mettra l’accent sur plusieurs priorités clefs telles que la relance économique post-pandémie, la lutte contre le changement climatique, la consolidation de l’Europe sociale, la défense des valeurs démocratiques et des droits fondamentaux, ainsi que le renforcement de la sécurité et de la défense communes.

La nouvelle présidence a par ailleurs souligné la nécessité de s’orienter vers la transition écologique et l’adaptation environnementale. À cette fin, elle a rappelé l’importance du sommet des Objectifs de développement durable, de l’Agenda 2030, aux Nations unies, et du sommet sur le climat.

Durant les six prochains mois, le nom, le visage et les interventions de l’expérimenté ministre de l’Agriculture Luis Planas seront particulièrement scrutés. Et au niveau agricole, le travail et les dossiers ne manqueront pas ! Il s’agira de finaliser la réforme de la politique des indications géographiques (le second trilogue est prévu pour le 18 juillet), avancer sur le Nutri-score, la législation sur le bien-être animal, et le passage à un réseau d’information sur la durabilité des exploitations agricoles (Ridea), un dossier qui devrait normalement être finalisé sous présidence suédoise lors d’un ultime trilogue qui a lieu au moment où vous tenez en main la présente édition.

La Pac ne sera pas en reste puisque la commission a indiqué, le 19 juin, qu’elle devrait publier, dès le mois d’octobre, un premier rapport sur les avancées des États membres pour atteindre les objectifs qui ont été fixés, atteints ou en bonne voie de l’être. A priori, l’Espagne ne devra pas faire face à une situation trop complexe, les éco-régimes, en particulier les « productifs », plus populaires que les « non-productifs », ont, par exemple, enregistré un bon niveau d’adoption.

Mais ce sont les pourparlers avec les pays du Mercosur qui font grincer des dents dans nombre d’États membres, Madrid et Brasilia ayant déjà fait savoir le 26 avril dernier qu’elles voulaient faire aboutir l’accord de libre-échange d’ici la fin de l’année. Il s’agit, pour l’Espagne, d’une question géostratégique, elle qui veut absolument se positionner comme le pays accélérateur de lien entre l’Europe et l’Amérique du sud.

Mais l’Espagne aura-t-elle les moyens de ses ambitions ? On le sait, le Premier Ministre Pedro Sanchez a dissous le parlement et convoqué des législatives anticipées à la suite de la défaite de son parti le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) et de ses alliés de Podemos aux élections régionales du 28 mai. L’annonce inattendue de législatives anticipées, prévues pour le 23 juillet, questionne donc l’agenda de la présidence semestrielle.

Marie-France Vienne

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