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Annoncé le 20 juillet, entériné voici quelques jours, le départ du vice-président de la commission Frans Timmermans, qui nourrit l’espoir d’embrasser un destin national, n’aura donc fait aucune vague dans le landerneau européen.

Pourtant, des vagues, de la houle, quelques gros coups de tabac, il y en eut depuis le mois de décembre 2019, quand la commission Von der Leyen avait fait du Pacte Vert une priorité dont il était devenu le maître d’œuvre. Le momentum choisi par le Néerlandais pour démissionner était idoine, quand l’été rendait l’Europe indolente, la baignant dans une pesante tranquillité que l’air surchauffé alourdissait encore.

Un départ sur la pointe des pieds qui intervient à quelques mois de la COP28, rendez-vous international majeur pour le climat, et alors que le Pacte Vert reste inachevé. Comme son bilan. Si l’essentiel du plan climat a été adopté (réforme du marché carbone, fin de la vente des voitures à moteur thermique en 2035…), les discussions pour réduire les pesticides s’enlisent, et l’avenir du texte clef relatif à la loi sur la restauration de la nature demeure incertain après de violents échanges au parlement européen. Comble de l’ironie, c’est le parti populaire européen (PPE), celui de la présidente de la commission, qui a largement édulcoré le projet lors de la session plénière du mois de juillet.

Dans l’immédiat, les politiques environnementales et climatiques sont confiées au Slovaque Maros Sefcovic, autre vice-président de la commission, qui est loin de posséder l’aura et l’expérience de son prédécesseur dont l’absence sera préjudiciable quand il s’agira de peser sur les débats.

Au ring européen, M. Timmermans a donc préféré les joutes nationales à la tête d’une liste commune réunissant le parti social-démocrate (PvdA) et les Verts (GroenLinks) pour les élections anticipées de cet automne, avec l’espoir de succéder au libéral Mark Rutte.

La victoire ne lui sera pourtant pas offerte sur un plateau. Il devra composer avec le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB), devenu en avril dernier la première force au Sénat et dans les régions, en portant les difficultés du monde agricole néerlandais qui conteste notamment… les réglementations européennes ! Ironie, quand tu nous tiens.

Il ne lui sera en outre pas aisé de centrer sa campagne sur les enjeux environnementaux et les conséquences dramatiques du changement climatique sur la production agricole alors que l’immigration, aux Pays-Bas comme ailleurs, est devenue un chiffon rouge agité par les partis de droite et de son extrême.

À moins d’un an des élections européennes, Frans Timmermans n’est pas le seul à avoir mis les voiles. La Danoise Margrethe Vestager, chargée de la Concurrence, devrait aussi quitter son poste. Elle est candidate pour prendre l’année prochaine la présidence de la Banque européenne d’investissement (BEI) tandis que sa collègue Mariya Gabriel, en charge de l’Innovation et à la Culture, a quitté ses fonctions en mai pour former le nouveau gouvernement de son pays, la Bulgarie.

Ces départs questionnent. Ils mettent à mal la continuité des politiques (notamment agricole) menées par la commission et donc l’image que cette dernière renvoie aux citoyens européens.

Marie-France Vienne

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