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Un long fleuve peu tranquille

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Un discours assez long. C’était un peu comme une chanson bientôt d’automne, dans la maison qui frissonne, on pense aux jours lointains. Alors on se demande, que reste-t-il de nos amours, que reste-t-il de ces beaux jours, de ces promesses, qui nous poursuivent, sans cesse. Charles Trenet traînait sa nostalgie du passé, nous redoutons un peu les mots qui habilleront notre futur.

L’intervention de la présidence de la commission sur l’état de l’Union est, depuis le Traité de Lisbonne de 2010, un rendez-vous annuel qui lance la rentrée politique européenne. Mais à neuf mois des élections, celle qui a été prononcée par Ursula Von der Leyen le 13 septembre dernier, résonnait d’une tonalité toute particulière. Il y fut quand même question de Pacte Vert et d’agriculture, mais aussi d’élargissement. Madame Von der Leyen a souligné les « grandes avancées » de Kiev sur la voie de son adhésion à l’UE, ajoutant dans la foulée qu’il était temps « de nous élever à la hauteur de cette détermination, ce qui signifie qu’il faut réfléchir à la manière de nous préparer à former une Union plus complète ». À 28, 29, 30, voire plus ? La dirigeante allemande n’a pas précisé davantage le fond de sa pensée.

Quoi qu’il en soit, cette perspective ne serait pas sans répercussions (négatives) sur le secteur agricole. Elle serait synonyme de changements dans les flux financiers entre l’UE et les États membres, qu’il s’agisse de la PAC ou de la cohésion, qui représentent au total 60 % du budget européen. Le réveil pourrait être douloureux pour certains pays…

Mais nous n’en sommes pas encore là. A l’heure où la marée monte et que chacun refait ses comptes, nous susurrait jadis « Noir Désir », ceux du Pacte Vert restent largement inachevés avec 37 textes encore en négociations, dont ceux, très disputés, sur la restauration de la nature et l’encadrement des pesticides. Volontaire, Ursula Von der Leyen l’est assurément. Elle a d’ailleurs annoncé sa volonté de garder le cap dans la préservation de la nature tout en garantissant l’indépendance de l’approvisionnement alimentaire et des moyens de subsistance dans l’UE assurés par les agriculteurs.

La présidente de la commission a reconnu que ces derniers étaient « soumis à l’impact croissant, sur leur travail et leurs revenus, de l’agression russe contre l’Ukraine, du changement climatique, avec les sécheresses, les incendies et les inondations que celui-ci provoque, mais aussi de nouvelles obligations ». Elle a assuré vouloir en tenir compte, en reconnaissant que nombreux s’engageaient déjà en faveur d’une agriculture plus durable.

« Nous avons besoin de davantage de dialogue et de moins de polarisation. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons engager un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’UE » a-t-elle développé avant d’ajouter qu’elle demeurait « convaincue que l’agriculture et la protection de la nature peuvent aller de pair ». C’est joli, mais les débats houleux qui ont agité l’hémicycle ces dernières semaines disent quand même tout le contraire…

Marie-France Vienne

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