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L’éternelle opposition

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De la semaine passée, on retiendra deux dates dans le monde agricole. Non pas que des décisions capitales aient été prises ces jours-là, mais elles nous rappellent que certains veulent opposer, sans aucune raison, les différents types d’agriculture que l’on retrouve en Région wallonne et, plus largement, en Europe.

Commençons par le 20 septembre : la Commission européenne propose de renouveler l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne pour une durée de 10 ans. Réactions immédiates des « pour » et des « contre ». Certains estiment que cette matière active devrait disparaître sine die vu son impact sur l’environnement, la biodiversité et la santé humaine. D’autres rappellent que les doses utilisées ont été nettement réduites, que seuls les agriculteurs y ont recours selon des règles strictes et qu’il s’agit d’un moyen de lutte essentiel contre les adventices, notamment lorsque l’on a recours au non-labour. Les arguments s’opposent… Mais, comme souvent en agriculture, tout n’est pas blanc ou noir. Et si la vérité se trouvait à mi-chemin entre les arguments des uns et des autres ?

Second acte, le 23 septembre, qui n’est autre que la journée européenne du bio. Celle-ci a été officiellement lancée en 2021 par le Parlement européen et la Commission européenne dans le cadre du plan de développement de l’agriculture biologique. Faut-il y voir dans l’enchaînement de ces deux dates une certaine ironie, voire de la malice, dans le chef des instances européennes ?

Si cette journée vise à rappeler les caractéristiques et intérêts de l’agriculture bio, ainsi que les avancées de l’Union européenne en la matière, ne s’oppose-t-elle pas avec les autres types d’agriculture ? Ne faudrait-il pas créer une journée européenne « de l’agriculture », voire, reflet des réalités du terrain, « des agricultures » ?

Car oui, en Région wallonne, mais aussi partout en Europe, il est bien question d’agricultures, avec un « s ». Qu’ils aient des pratiques conventionnelles ou bio ; qu’ils se soient tournés vers l’agriculture régénérative ou de conservation des sols ; qu’ils aient recours ou non au glyphosate ; qu’ils aient abandonné ou non la charrue… Qu’importe ! Tous les agriculteurs partagent la même mission : nourrir leurs semblables.

Et, on ne le répétera jamais assez, il est temps de ne plus les opposer ! Tous les agriculteurs ont à apprendre de leurs collègues. Les pratiques des uns et des autres peuvent – et doivent même – se partager, pour que tout un chacun puisse avancer, à son rythme, dans le modèle qui lui convient. Peu importe si ce n’est pas le même que celui adopté par son voisin, cousin, frère…

Tous les modèles évoluent grâce au partage de connaissances. De nouveaux apparaîtront certainement. Mais pour cela, il convient de bannir toute forme d’opposition et d’avancer, ensemble, main dans la main, avec le soutien des autorités politiques, du monde de la recherche, des consommateurs et des différents maillons de la chaîne agroalimentaire.

J. Vandegoor

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