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Sueurs froides

La saison des auditions s’est ouverte dans les premières heures de ce mois d’octobre pour les aspirants commissaire et vice-président exécutif du Pacte Vert. Et avec elle, son lot de surprises, d’espoirs, voire de sourires (jaunes).

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Qu’il semble lointain le temps où le commissaire Dacian Ciolos présidait aux destinées de l’agriculture européenne (2010-2014). En rupture avec les convictions ultra-libérales de sa prédécesseure, la Danoise Mariann Fischer Boel, il a toujours eu la volonté de répondre aux attentes sociétales des citoyens en allant vers davantage de verdissement tout en réussissant à trouver un accord avec l’ensemble des États membres, quitte à faire des concessions par rapport au projet initial, notamment en termes de subsidiarité. Sa compréhension de la chose agricole, sa politique consensuelle et son écoute du terrain avaient fait de ce Roumain francophile un commissaire particulièrement apprécié, tant en ville que sur les champs. Las, les successions furent assez hasardeuses : l’Irlandais Phil Hogan puis le Polonais Janusz Wojciechowski n’ont jamais réussi à faire l’unanimité autour de leur action, eux qui ont malheureusement davantage brillé par leur passivité dans les crises successives.

Le premier a détricoté les outils de régulation des marchés et a fait montre de frilosité et d’un manque d’ingéniosité pour en trouver de nouveaux correspondant à un marché mondialisé. On se rappellera au passage que « Big Phil » s’était aussi engagé à réduire le fardeau administratif de la Pac, qu’il voulait simple, efficace et flexible. Nous nous sommes permis de rester dubitatifs quant au résultat. Le second a initié la douloureuse succession des secondes sessions suite à sa prestation pitoyable lors de son audition d’octobre 2019. Après la mise en œuvre laborieuse de la nouvelle Pac, le commissaire polonais est pour l’heure enlisé dans la gestion des exportations de céréales ukrainiennes. Un dossier particulièrement sensible tant il est question de ménager les susceptibilités de part et d’autre de la frontière de l’Union. C’était désormais au tour de Wopke Hoekstra, candidat au poste de commissaire chargé de l’action climatique d’être soumis au feu nourri des questions des eurodéputés qu’il a d’ailleurs eu beaucoup de mal à convaincre lors de son audition. Il faut dire que son profil d’ancien employé de Shell et une carrière longue de 11 ans chez McKinsey, deux emplois perçus comme peu compatibles avec une promotion au titre de « Monsieur Climat » de l’UE, n’ont pas plaidé en sa saveur. Sans compter qu’il n’avait pas hésité à critiquer vertement les projets de son propre gouvernement de réduire drastiquement le cheptel néerlandais pour atteindre une diminution des émissions d’ammoniaque et d’oxydes d’azote du pays.

Maros Sefcovic, son collègue qui vise le poste de vice-président exécutif du Pacte Vert n’a guère été plus vaillant lors de son audition. Tous deux ont eu droit à une séance de rattrapage qui a fini par satisfaire les eurodéputés. Les deux impétrants vont pouvoir se mettre au travail dont on attend le fruit avec une impatience teintée d’interrogations…

Marie-France Vienne

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