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Viande bovine : quelles tendances et perspectives pour 2024 ?

Le marché de la viande bovine en Europe connaît des fluctuations significatives en ce début d’année 2024, avec des tendances variées caractérisées par des dynamiques économiques complexes.

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La hausse des cours des gros bovins finis en France, les records de prix pour les jeunes bovins en Italie et la stabilisation des cours des réformes en Irlande reflètent des réalités diverses. Les perspectives de redynamisation en Allemagne et la baisse durable de la production en Pologne soulignent, quant à elles, la diversité des défis et opportunités auxquels le secteur est confronté.

Tendances contrastées pour les jeunes bovins

On note, par exemple, certaines augmentations en France, tant pour le prix des gros bovins finis que pour les jeunes bovins, qui a connu une hausse de 3 centimes sur les deux premières semaines. Les cotations du JB U et JB R se rapprochaient de leurs niveaux de 2023, tandis que le JB O a augmenté de 9 centimes en un mois pour remonter à 4,78€/kg (-5% comparé à 2023, mais +28% par rapport à 2022). Sur les cinq semaines, de la 50ème semaine de 2023 à la 2ème semaine de 2024, les abattages de jeunes bovins de type viande ont augmenté de 2% depuis fin 2023.

En Italie, la faiblesse de l’offre, dans un contexte où la consommation semble plutôt stable, contribue à des cotations records pour les jeunes bovins mâles et femelles en ce début d’année. Les cotations pour différentes catégories de bovins, telles que le mâle limousin et le mâle charolais, affichent des augmentations significatives par rapport à 2023 et 2022. Les sorties de jeunes bovins sont, quant à elles, très limitées. Une conséquence de la baisse des disponibilités exportables en broutards français en 2023. En novembre, les abattages de bovins mâles et femelles, âgés de 12 à 24 mois, abattus sur les 11 premiers mois de l’année 2023 étaient de 1,234 million. Soit une baisse de 6% par rapport à 2022.

Chez nos voisins allemands, la demande a été impactée en 2023 par la récession économique ainsi que la baisse de pouvoir d’achat provoquée par l’inflation. Ceci a pesé sur les prix des jeunes bovins et a fortement réduit les besoins à l’import. Cependant, les prévisions pour 2024 indiquent une possible redynamisation, avec une inflation en baisse et des signes de croissance économique. La diminution prévue du nombre de jeunes bovins en 2024 pourrait également stimuler la demande. Les cotations des jeunes bovins allemands démarrent l’année à 4,87 €/kg pour le JB U (-8% /2023), 4,78 €/kg pour le JB R (-9% /2023) et 4,48 €/kg pour le JB O (-10% /2023).

La production de viande bovine recule en Pologne, influencée par la faible disponibilité de veaux à engraisser. Sur les dix premiers mois de 2023 elle a totalisé 432.000 téc, soit une diminution de 4% comparée à l’année précédente. Les cotations des jeunes bovins polonais démarrent l’année à des niveaux relativement élevés, reflétant la situation du marché.

Stabilisation et hausse de viandes femelles

En Allemagne, malgré un léger ralentissement de l’inflation, la hausse des prix alimentaires a persisté, atteignant +3,7% en décembre passé. Les prix élevés dans le commerce de détail et la restauration ont impacté la consommation, avec une descente en gamme dans les achats de viandes. Les consommateurs se sont tournés vers la volaille et les viandes hachées mélangées, moins coûteuses, au détriment de la viande bovine et porcine. On pourrait néanmoins assister à un rebond des cours en ce début d’année, car la viande de vache, moins chère, est actuellement fortement demandée par les abatteurs, tandis que l’offre déjà plutôt limitée continue de se restreindre. D’après la dernière enquête cheptel de novembre 2023, les effectifs de vaches étaient globalement en retrait (-1,9% /2022 à 4,34 millions de têtes), mais la dynamique était différente avec une hausse des effectifs de vaches allaitantes.

Les cours des réformes sont restés stables en Pologne, malgré une demande européenne limitée. Mais depuis plusieurs semaines, le cours de la vache O est resté relativement stable. Le cours des réformes polonaises était supérieur au cours allemand (+7%), mais plus faible que le cours irlandais (-4%).

En Irlande, les abattages ont été plutôt limités au cours de l’année 2023, avec seulement une légère augmentation de 1% pour les réformes dans les abattoirs exportateurs.

Cependant, depuis le début de 2024, la demande soutenue d’abattages de réformes pour la restauration et la transformation en Europe continentale a stimulé les activités. Les abattages de vaches ont augmenté de 17% par rapport à 2023, ce qui fait grimper les cours. La cotation de la vache O a atteint 4,02 €/kg de carcasse, une réduction de 11% comparé à 2023, mais 14% de plus qu’en 2022. Simultanément, la cotation du bœuf R a continué à augmenter, atteignant 5,05 €/kg, soit une augmentation de 17% par rapport à 2021.

Le veau en recul

Le prix des veaux de boucherie conventionnels débute l’année à bon niveau, même s’il est très légèrement sous celui de 2023 à pareille époque, du fait d’une consommation un peu dynamique, après deux années d’inflation. Chez nos voisins français, le cours des veaux de boucherie a enfin connu une hausse en fin d’année, bénéficiant de la hausse saisonnière de la consommation de viande de veau. Sur l’ensemble de l’année 2023, 1.052.000 veaux ont été abattus, en recul de -6,0% par rapport à 2022, après le recul de -6,7% déjà constaté en 2022.

Aux Pays-Bas, le cours du veau gras n’a progressé qu’en fin d’année, à 6,0 €/kgéc, soit une diminution de 30 centimes et -4,8% comparé à 2023. Les abattages ont reculé de -2% en têtes, à 1.400.000 têtes du fait d’une faible demande européenne, dans le contexte de l’inflation généralisée.

Malgré ça, les abattages étaient bien ajustés aux besoins de consommation et le marché fluide avec un poids moyen des carcasses en recul, qui contribue à maintenir l’équilibre sur le marché néerlandais.

Prix moindre pour les laitiers

Chez nos voisins français, la cotation du veau mâle de 45-50 kg a débuté 2024 à 55 €/tête, soit une baisse de 9 € par rapport à 2023, mais proche des valeurs habituelles de 2022.

Malgré une moyenne annuelle de 81 €/tête en 2023, en hausse de 7,6%, les naissances de veaux de mère laitière ont diminué de 4,0% en novembre 2023 par rapport à 2022. Avec seulement 2.874 millions de veaux nés sur les 11 premiers mois de 2023, soit 100.000 de moins qu’en 2022, les veaux disponibles à l’engraissement ont également connu un recul important de -3,7%. Les exportations de jeunes veaux laitiers ont atteint 355.000 têtes durant les 50 premières semaines de 2023, enregistrant une baisse de -3% par rapport à 2022.

En 2023, pour la 1ère fois depuis plus de 10 ans, les exports de veaux français (à 88% vers l’Espagne) auraient légèrement reculé de -3%. Les engraisseurs espagnols sont toujours intéressés par les veaux laitiers, mais les achètent à prix moindre, faute d’une consommation suffisamment dynamique en Europe. En semaine 1 de 2024, la cotation du veau frison espagnol de moins d’un mois était donc de 91,6 €/tête, soit une diminution importante comparée à 2023 (-23%).

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