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Rassembler les initiatives agroécologiques belges sous une même et unique «maison»

L’asbl « The House of Agroecology », qui a pour ambition de fédérer les initiatives agroécologiques en Belgique, est née le 23 mars 2023. À l’occasion de la Foire de Libramont, elle présentait ses objectifs aux agriculteurs et autres visiteurs.

Temps de lecture : 4 min

Nouvelle structure dans le paysage agricole belge, The House of Agroecology (la Maison de l’Agroécologie) « désire rassembler les initiatives déjà existantes en Belgique dans le domaine de l’agroécologie sous une bannière commune », détaille Émilie de Morteuil, qui a co-fondé ce « guichet unique » avec Alban Bouvy. Le but : échanger sur les pratiques durables liées à ce mode de production, d’une part, et convaincre les différents maillons de la chaîne agroalimentaire de s’intéresser à celles-ci, d’autre part. En filigrane, transparaît également l’objectif de structurer et pérenniser des filières agroécologiques, « en vue de garantir la souveraineté alimentaire belge et lutter contre le changement climatique ».

Miser sur la diversité

À l’heure actuelle, l’asbl compte déjà parmi ses membres diverses structures de conseil, tels que Greenotec, Regenacterre, Obs’Herbe, Farming for Climate… Celles-ci, dont certaines sont établies en Wallonie depuis plusieurs années déjà, peuvent accompagner les agriculteurs dans leur changement de modèle.

À leurs côtés, on retrouve les syndicats agricoles et plusieurs acteurs du monde de la distribution, comme Carrefour, Delhaize et D’ici. « Nous misons sur la diversité, nous essayons de rassembler des acteurs de tous les niveaux de la chaîne agroalimentaire en vue d’avancer au mieux dans la transition, d’échanger sur les pratiques, de réaliser des essais… »

De nouveaux partenaires devraient rejoindre le mouvement dans les mois à venir, avec pour objectif qu’une proportion grandissante de fermes et de terres agricoles s’inscrive dans l’agroécologie.

Des freins à lever

Émilie de Morteuil, accompagnée pour l’occasion de Philippe Cousin (Centre national français d’agroécologie), a également profité de la Foire de Libramont pour évoquer les freins au développement de ce mode de production.

Ainsi, Mme de Morteuil estime qu’il ne suffit pas, en tant qu’agriculteur, d’être prêt à amorcer un changement. Il convient également de s’assurer d’avoir les débouchés appropriés. « Nous devons convaincre les transformateurs et les distributeurs de se tourner vers les productions agroécologiques. Eux-mêmes devront ensuite entraîner les consommateurs dans leur sillage. »

Celles-ci doivent également se vendre à un prix couvrant les risques (changement de modèle, essais au champ…) qu’endossent les agriculteurs en transition. « Mais il ne s’agit pas uniquement de prix appropriés. La répartition de valeur doit être mieux répartie entre tous les maillons de la chaîne agroalimentaire, du fermier au distributeur. »

Philippe Cousin embraye : « Le consommateur a un rôle à jouer, mais ce n’est pas le seul levier qu’il faut actionner. Nous devons aussi travailler sur le plan de l’environnement, c’est-à-dire faire comprendre à tout un chacun qu’il est essentiel de prendre soin de la terre. L’aspect social ne doit pas être négligé : être agriculteur, cela doit avoir du sens ! ». Sur cet aspect, la fierté d’être indépendant (en énergie, en fourrage, par rapport à la fixation des prix…) est également mise en avant.

Des pistes pour agir

The House of Agroecology ne se contente pas de mettre en évidence les quelques freins précédemment évoqués mais livre aussi des pistes pour que l’agroécologie gagne du terrain en Belgique.

L’asbl estime, en premier lieu, qu’il est nécessaire d’établir un schéma de rotation incluant des cultures intéressantes sur le plan environnemental, permettant de faire varier notre alimentation et contribuant à notre indépendance alimentaire.

Travailler sur les connaissances constitue le deuxième axe de réflexion. « Tant au niveau du monde agricole que des consommateurs. Nous devons, par exemple, leur expliquer que nous avons besoin des bovins car ils produisent les engrais organiques permettant de se passer des fertilisants de synthèse », explique la co-fondatrice de l’asbl.

Enfin, la structure souhaite qu’un maximum de données et d’outils pouvant accompagner les agriculteurs dans leur transition soit « open source », c’est-à-dire librement accessibles à tout un chacun.

J. Vandegoor

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