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Adapter ses pratiques, pour un bon usage des plants coupés

La faible disponibilité en plants de pommes de terre obligera les patatiers à recourir au coupage. Cette technique requiert néanmoins la plus grande prudence, afin de ne pas mettre en péril sa production future.

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À l’occasion de l’assemblée générale de la Fiwap, organisée le 11 mars dernier, Pierre Ver Eecke, conseiller technique auprès de la structure, n’a pas manqué de livrer à l’assemblée ses recommandations en matière de coupe des plants. D’emblée, il précise d’ailleurs que « cette opération n’est pas anodine, tant sur les plans technique et économique que d’un point de vue sanitaire ».

Avec le plus grand soin

Et de poursuivre : « Un plant que l’on va couper requiert davantage de soin que ceux qui seront mis en terre, sans intervention ». Pourquoi ? Car chaque manipulation provoque des coups et blessures qui constituent autant de portes d’entrée pour les maladies. La présence de germes trop grands doit également être évitée, de même que les tubercules suspects doivent être éliminés.

L’hygrométrie et la température sont des facteurs essentiels qu’il convient de maîtriser dans les jours qui précèdent la coupe. « Ma recommandation : sécher surtout, ventiler même en excès. Il faut prévenir la germination des plants afin de ne pas devoir les égermer. »

Enfin, la coupe sera effectuée un jour où les conditions de température et d’hygrométrie sont séchantes. Elle sera bien nette pour favoriser la cicatrisation et le matériel utilisé sera désinfecté en permanence.

Côté intervention, les traitements liquides sont à proscrire sur les plants coupés. « On ne connaît pas encore l’impact qu’ils peuvent avoir en matière de phytotoxicité, au niveau de la coupe… » Les traitements anti-rhizoctone en poudre seront donc bien plus nombreux cette année.

Les plants coupés doivent également être talqués. « L’objectif n’est pas de dessécher la cicatrice mais d’éliminer un maximum d’eau, au moment de la coupe, afin d’éviter la transmission de viroses d’un demi-plant à un autre. » Attention : talquer en excès peut provoquer une croûte au niveau de la coupe, croûte qui s’arrachera lors de la plantation et remettra la coupe à nu. Avec les risques sanitaires que l’on imagine.

Pierre Ver Eecke recommande la plus grande prudence, surtout pour celles et ceux qui couperont  leurs plants pour la première fois.
Pierre Ver Eecke recommande la plus grande prudence, surtout pour celles et ceux qui couperont leurs plants pour la première fois. - J.V.

Les plants peuvent-ils être coupés ?

Pour savoir si des plants sont aptes à être coupés, on déterminera tout d’abord leur poids sous eau (PSE). Celui-ci doit être, au minimum, de 270 g/5 kg. « Si on observe un PSE entre 340 et 360 g/5 kg, il n’y a aucun souci à se faire. Pour un PSE situé entre 300 et 320 g/5 kg, on se montrera vigilant. En effet, comme il s’agit d’une moyenne, certaines pommes de terre peuvent dépasser 350 g/5 kg tandis que d’autres n’atteignent que 250 g/5 kg », détaille M. Ver Eecke. En dessous de 270 g/5 kg, les plants peinent à cicatriser…

Face à un PSE entre 300 et 320 g/5 kg, un bain de sel, à 1.060 g/l, peut également être envisagé. Le PSE doit alors atteindre le seuil minimum de 285 g/5 kg. Les pommes de terre flottantes seront susceptibles de pourrir après la coupe ou de ne pas lever après la plantation.

Les plants doivent également être exempts de fusariose, mildiou, Erwinia et Phoma pour éviter la propagation des maladies.

Enfin, on retiendra que plus un plant est riche en matière sèche (MS), plus vite il cicatrise et moins il se déshydrate. De même, plus la teneur en MS est élevée, plus le plant a d’énergie pour alimenter les germes.

Stockage des plants coupés

Après la coupe, les plants sont idéalement stockés en pallox, à une température de 10 à 20ºC. En l’absence de pallox, on s’orientera vers le vrac sur caillebotis et, en dernier recours, le vrac sur béton.

« En cas de séchage à l’extérieur, le matériel végétal ne doit jamais être stocké en plein soleil mais bien à l’ombre, pour le protéger des rayons ultra-violets, et dans un courant d’air afin de favoriser le séchage », complète Pierre Ver Eecke.

Et d’ajouter : « La coupe et la manipulation provoquent toujours le réveil mécanique des plants, qui vont avoir tendance à germer. Il faut pourtant éviter de devoir égermer un plant coupé car cette opération est source d’humidité, de cicatrices et de risques d’infection par des pathogènes ».

Adapter les densités de plantation

La plantation doit s’effectuer 5 à 15 jours après la coupe. Au-delà du nombre de jours, on doit surtout se montrer attentif à l’évolution du plant, toujours dans le but d’éviter l’égermage. La plantation s’envisage dans des conditions meilleures que celles visées pour un plant non coupé. Il faut, en effet, éviter que le matériel végétal pourrisse. Les conditions de l’année peuvent néanmoins compliquer le respect de cette recommandation.

Et Pierre Ver Eecke de lever les éventuelles inquiétudes : « Le port végétatif d’un plant coupé est légèrement différent de celui d’un plant entier. C’est le reflet du stress qui lui a été infligé, mais cela est sans impact sur le rendement ».

Pour la mise en terre elle-même, celle-ci se fait toujours moins profondément qu’avec un plant non coupé et toujours plus haut que l’inter-butte.

Concernant la densité de plantation, la Fiwap livre les recommandations suivantes, telles que déjà évoquées dans notre édition du 8 février dernier :

– pour le calibre 45/50 mm coupé en 2, on plantera comme le calibre 28/35 mm (ou éventuellement comme le 35/45 mm) + 10 % ;

– pour le calibre 50/55 mm coupé en 2, on travaillera comme le calibre 35/45 mm (ou éventuellement comme le 35/50 mm) + 10 % ;

– pour le calibre 55/60 mm coupé en 2, on plantera comme le calibre 35/50 mm (ou éventuellement comme le 45/50 mm) + 10 %.

Dans le cas de plants 60/70 mm coupés en 4, on mettra en terre comme le calibre 35/45 mm. En ce qui concerne le 70 mm+ coupé en 4, on se basera sur le calibre 35/50 mm (ou éventuellement comme du 45/50 mm). Dans le cas de ce même calibre, mais coupé en 8, la plantation s’effectuera comme avec les plants 28/35 mm.

Jérémy Vandegoor

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