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Voix de la terre

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Léopold II, l’hévéa et les migrations

Voix de la terre Ces temps-ci, Léopold II est, si pas à l’honneur, en tous cas sur le devant de la scène. Votre chroniqueur Marc Assin a bien analysé cette constance de notre espèce à jouer au «dominant-dominé» entre les peuples au fil des siècles.
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Le panier de la ménagère

Saviez-vous que la « ménagère » est un papillon minuscule d’environ un centimètre d’envergure ? De couleur grisâtre, il n’est pas vraiment un prix de beauté, et vit en Europe Centrale, Turquie et Afrique du Nord. Voilà ce que l’on apprend en se baladant sur la toile Internet, quand on tape « panier de la ménagère » sur un moteur de recherche ! Cette ménagère-là ne porte pas de panier, les nôtres non plus d’ailleurs, et depuis longtemps… Ménagers et ménagères d’aujourd’hui poussent un gros caddie, et consomment tout qui passe à portée de leurs yeux ou de leurs oreilles, inspirés par toutes sortes de besoins, objectifs ou subjectifs, influencés ou plutôt conditionnés — par le martelage insidieux des publicités.

Ces sols si secs mis à sac

Même les journalistes météo le concèdent: ce si beau temps si sec dure depuis trop longtemps... Quelques averses seraient les bienvenues pour dépoussiérer les rues et laver les maisons. Les agriculteurs ne parlent pas encore de sécheresse, mais il faut bien avouer que nos sols se sont transformés en aires bétonnées, détrempés par les intenses précipitations hivernales puis dessiqués brutalement par les bises printanières, quasi ininterrompues depuis trois mois. Une saison de pluies diluviennes, suivie d'une saison sèche, comme aux pays de la mousson! Semblable scénario se répète inlassablement ces dernières années: ne devient-il pas la norme, dans le contexte du réchauffement climatique?

Et Après?

« Il y aura un avant et un après!! ». Cette rengaine tourne en boucle dans les conversations, comme une incantation, une catharsis, une évidence indiscutable. Il faut qu’on vire le Covid, qu’on vide l’abcès purulent qu’était le monde d’avant. Oufti, rien que ça ! Toutes sortes de théories fumeuses, au sujet de l’émergence du virus, sont nées de l’imagination des désœuvrés confinés : thèse écologique – la Terre se venge de l’humanité –, thèse scientifique – le virus est né de la conjonction complexe de failles sanitaires –, thèse terroriste – le corona est une bombe virologique artificielle –, thèse politique – les Chinois ont merdé grave –, etc, etc. Bref, «  il fallait que ça arrive ! » , parce que rien n’allait plus, paraît-il. Tandis qu’après ! Après, -ah ça oui, promis, juré ! –, tout ira mieux, c’est évident.

Voulez-vous un peu de positif?

Chaque fois qu’on nous parle d’oiseaux, c’est toujours très négatif et surtout très culpabilisant pour les agriculteurs. On nous dit par exemple que l’hirondelle a perdu 80 % de ses effectifs… Ce qui lui manque : de la boue et des insectes. De la boue et des insectes, voilà bien deux choses que les citadins et néoruraux ne supportent pas, ils font d’ailleurs tout pour s’en débarrasser. Voilà bien deux choses qu’on ne trouve plus guère qu’aux alentours des fermes. Donc si 20 % des hirondelles ont survécu, c’est grâce aux agriculteurs et surtout aux éleveurs tant critiqués. Il y a de quoi être fier…

Prom’nons-nous dans les champs…

« Loup, y es-tu ? Covid-19, que fais-tu ? Prom’nons-nous dans les bois, là-bas pas de corona ; prom’nons-nous dans les champs, ici pas de virus méchant ».

Privés sans doute de vacances à l’étranger, -ô mon dieu, quel drame pour d’aucuns!! –, les Belges déconfinés déconfits n’auront d’autre choix cet été que les frontières intérieures du pays. Où est le problème ? Notre Wallonie propose à elle seule toute une rivière de diamants naturels et patrimoniaux, ce que nos gens ignorent fort probablement, car l’herbe paraît toujours plus verte ailleurs aux yeux des touristes. Plus loin c’est, mieux c’est, et l’empreinte carbone, on pose ses fesses dessus sur son siège d’avion… Pourtant, du Condroz à la Gaume, de la Hesbaye à l’Ardenne, du Pays de Herve au Tournaisis, nos campagnes offrent de vastes espaces à explorer, de milliers de kilomètres de chemins et sentiers où se balader sans souci, en pleine nature et sans trop se soucier d’y rencontrer le grand méchant loup-virus.

Le choix des lecteurs

Un rayon de soleil

Vivant dans l’insouciance, nous croyons que la surconsommation tous azimuts nous procurerait le bonheur. Faisant fi du climat, nous dépensions plus pour nos voyages, notre habillement que pour notre nourriture. Soudain, un minuscule virus est venu nous faire réfléchir tout en nous rappelant ce vieil adage romain « primum vivere ».

Bonne conscience

Difficile de trouver plus sympathique qu’une Miss Météo ! Pétillante, affable, bienveillante… Inoffensive ? Dépourvue de la plus petite capacité de nuisance ? J’en étais persuadé jusqu’il y a peu, jusqu’à cette soirée mémorable où Miss Caroline a conseillé vivement de manger moins de viande, dans le cadre des mesures quotidiennes à prendre pour lutter contre le réchauffement climatique. Et là, j’ai eu mauvaise conscience d’élever des bovins viandeux, tant son affirmation, sucre et miel, était persuasive.

Au bal masqué, ohé ohé

« Pour vivre mieux, vivons cachés ; pour vivre vieux, sortons masqués ! ». Qui l’eût cru voici trois mois à peine ? On trouve aujourd’hui tout à fait normal de se présenter à la caisse d’un magasin ou au guichet d’une banque, le visage caché par un masque ! C’est même devenu obligatoire. Après des semaines de tergiversations et d’annonces contradictoires, nos autorités publiques ont enfin reconnu l’intérêt primordial de porter en public des protections faciales, comme en Asie. Les médecins le recommandaient vivement depuis le début de l’épidémie, mais rien n’est simple en Belgique, quand il s’agit de prendre des décisions politiques : les débats tournent rapidement à la mascarade, pouvoirs spéciaux ou pas. Dans nos gouvernements, c’est carnaval toute l’année, « coronaval » depuis le 1er mars 2020… Cependant, -alléluia ! –, on nous promet, la main sur le cœur, -croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer ! –, un « après corona » avec une revalorisation des métiers essentiels, dont celui d’agriculteur, cela va de soi. « Paroles, paroles, encore des paroles ! » . Au bal masqué du CoViD 19, les politiciens se déguisent tous en Dalida.

Comme des hamsters

De quoi parlerions-nous, si le Covid-19 n’avait pas existé et n’était venu déglinguer notre monde familier, bouleverser nos petites habitudes et susciter chez nous des interrogations inimaginables ? Nos préoccupations seraient tout autres. La sécheresse de mars et avril serait sur les lèvres de tous les fermiers, laquelle a transformé nos prairies et nos champs inondés en boulevards de béton bosselés. Mon épouse causerait sans fin de football, des play-off de la Pro-League et de l’Euro, au lieu d’observer comme un animal étrange prête à la mordre sa vieille machine à coudre, exhumée du grenier pour confectionner des masques de protection… Comme un torchon dégoulinant et crasseux, le coronavirus a salopé, d’un coup d’un seul, notre vie naïvement colorée par nos soucis quotidiens et les banales actualités. Mais sous la couche des misères d’aujourd’hui, le fond des problèmes récurrents est toujours bien présent, en agriculture et partout ailleurs, dans tous les domaines de la vie… Semblable à une immense roue-cage bourrées d’hamsters affairés, notre société a ralenti pour un temps sa course folle. Pour bientôt la reprendre de plus belle ?