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Œufs contaminés au fipronil: des éleveurs confrontés à une attente insoutenable

Jeudi passé, le Ministre René Collin était en visite dans l’élevage de poules pondeuses de Cécile Hoedenaken et Stieve Charon, à Virelles, près de Chimay. Depuis la fin du mois de juillet, les éleveurs attendaient désespérément de savoir ce qu’ils devaient faire de leurs 600.000 œufs bloqués pour cause de détection de fipronil.

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L a semaine dernière, suite au blocage de certaines exploitations wallonnes du fait du scandale des œufs contaminés au fipronil, le ministre wallon de l’agriculture, René Collin, était en visite dans l’exploitation de Cécile Hoedenaken et Stieve Charon, à Virelles.

En plus d’un troupeau de bovins viandeux et laitiers, cela fait plus de 15 ans que cette mère et son fils élèvent environ 36.000 poules pondeuses. Depuis le 1er août, les 30.000 œufs produits quotidiennement sont bloqués et stockés sur l’exploitation suite à l’utilisation frauduleuse du fipronil par une entreprise externe.

Pénalisés par l’intervention d’un tiers

En effet, début avril, Cécile et Stieve constatent une prolifération anormale de poux dans leur élevage de poules pondeuses. « Cela commençait à devenir problématique pour le bien-être des animaux et la production. Jusque-là, nous n’avions jamais réalisé que des traitements par la chaleur pour venir à bout du problème mais, leur effet était limité dans le temps et cela endommageait les installations. Renseignements pris auprès de la firme d’aliments et du fournisseur de poulettes, nous avons décidé de faire confiance à une société utilisant un produit homologué en élevage traditionnel comme en bio. Cela nous paraissait sérieux. Pourtant, en août, voilà qu’à notre grande surprise, les résultats d’analyses de nos œufs reviennent positifs au fipronil et nous apprenons que le produit utilisé par la société en question était corrompu. », explique Stieve Charon. « En outre, on nous spécifie qu’après 6 à 8 semaines, le traitement ne devrait plus être détectable mais après 16 semaines, on le détecte comme s’il venait d’être effectué… », précise-t-il.

Un délai d’attente bien trop long

Le 17 août, ce sont plus de 800.000 œufs qui étaient en attente de leur sentence. « Nous sommes bloqués depuis le 1er août, mais c’est déjà la production des jours antérieurs qui est concernée. Au total et à ce jour, 200.000 œufs sont en stand-by chez notre négociant et 600.000 chez nous. Et, nous continuons à en produire tous les jours. », dit-il. « Le problème, c’est sans doute le temps d’attente entre le blocage et les résultats d’analyses. Nous avons obtenu les premiers résultats le 12 août et nous attendons toujours la contre-expertise. Nous avons par ailleurs également décidé de réaliser des analyses sur la production des derniers jours par nous-mêmes, histoire de voir comment la situation évolue.

Pendant tout ce temps, les poules doivent toujours être nourries et nettoyées, les œufs récoltés… sans savoir s’il y aura une suite positive ».

Pour les éleveurs, l’attente est insoutenable. Logiquement, les animaux ne devraient quitter l’exploitation que début 2018. S’ils doivent les euthanasier, entre leur remboursement mensuel, ce qu’ils devraient encore rapporter, leur valeur à l’abattage, les frais de désinfection des équipements… les exploitants s’exposent à de lourdes pertes. « La problématique est bien plus étendue que le fait de détruire les œufs. Nous nous employons d’ailleurs à lister tous les postes concernés », explique la responsable du helpdesk mis en place par la région wallonne afin d’aider les éleveurs touchés par la crise à constituer leur dossier et à trouver des pistes de solutions concrètes.

2 mesures prioritaires

Lors de cette visite le ministre René Collin a à nouveau rappelé que les éleveurs n’étaient en rien responsables de cette crise « dont l’origine provient d’une fraude industrielle ». Il a également salué les mesures d’appui annoncées par le gouvernement tout en rappelant la priorité de deux d’entre elles : « La première est le renforcement des effectifs de l’Afsca afin que les délais d’analyses soient raccourcis et que celle-ci fasse preuve de davantage de communication. Ce qui fait le plus mal aux familles d’éleveurs, c’est de ne pas savoir », dit-il. « Ensuite, je salue bien évidemment les mesures d’indemnisation annoncées par le gouvernement mais celles-ci doivent absolument être rapides, c’est une question de viabilité des exploitations », précise-t-il encore.

Du concret en Wallonie

Plus tard dans la semaine, il a d’ailleurs confirmé, avec le ministre wallon de l’économie, Pierre-Yves Jeholet, avoir donné instruction à leurs services respectifs de mettre en place un mécanisme d’aide complémentaire à l’action fédérale visant la poursuite des activités et la réduction au maximum des pertes.

Sur base de l’Arrêté du Gouvernement wallon du 15 décembre 2016 relatif à l’octroi d’une aide aux exploitations agricoles visant à faire face à la baisse des prix des produits agricoles ou à des événements exceptionnels, René Collin va débloquer un maximum de 15.000 euros pour chacune des exploitations wallonnes concernées par la crise.

De son côté, Pierre-Yves Jeholet, au travers de la Sowalfin, propose un produit mixte et automatique composé d’une garantie de 75 % pour un prêt plafonné à 50.000 euros et d’un prêt subordonné de maximum 50 % sur 25.000 euros. Le ministre souligne l’efficience de cette modalité dont le volet administratif est directement pris en charge par les institutions bancaires.

« L’urgence est de sortir de la crise et d’aider rapidement les éleveurs dans leur trésorerie », conclut-il.

Propos recueillis par DJ

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