Préparer la maîtrise de l’enherbement de l’année prochaine
Si les jeux sont déjà presque faits pour la production de légumes 2024, il est déjà temps de penser à l’année prochaine. Avec les pluies abondantes de ces dix derniers mois, les objectifs pour les semaines à venir seront d’essayer de redonner une structure de sol correcte, de s’occuper des cultures d’automne, et également d’analyser les différentes manières de gérer l’enherbement. Un léger entretien maintenant permet, en effet, d’éviter d’avoir recours à des mesures plus importantes par la suite.

Pendant l’été, de nombreuses graines de plantes sauvages ont germé et se développent désormais pleinement. Il est important d’éviter qu’elles produisent des semences viables. Certaines espèces possèdent un cycle de développement court, comme le mouron des oiseaux, le pâturin annuel et les galinsoges. Si elles produisent des graines, le stock de semences dans le sol continuera de se maintenir ou d’augmenter.
Les plantes vivaces pourront accroître leur vigueur si nous les laissons proliférer. Le chiendent, les liserons, les prêles sont des espèces vivaces fréquemment présentes dans nos potagers.
Pour réduire notre travail de désherbage du printemps prochain, il faut agir dès à présent.
Comment s’y prendre ?
Les cultures en place sont désherbées, le plus souvent en binant entre les rangées et en sarclant. Les plantes arrachées et déjà en graines sont évacuées. Si nous pouvons assurer un bon compostage avec une montée de la température, elles seront ajoutées à la masse du compost.
Les engrais verts occupent le terrain et jouent leur rôle de compétiteur vis-à-vis des adventices.
Les tâches de maîtrise de l’enherbement concernent les autres espaces, notamment les zones qui se libèrent après la récolte, les bordures, etc. Pour empêcher l’accumulation d’un stock important de semences d’adventices dans le potager, une gestion globale est nécessaire, incluant également ses abords immédiats.
Plusieurs méthodes sont facilement réalisables durant cette époque de l’année.
Les moyens mécaniques avec la rasette ou la tondeuse
Les moyens mécaniques font appel à l’emploi de la rasette. Si en théorie, c’est facile, tant que le sol est fort humide et que les pluies se répètent, cette méthode ne convient pas. En revanche, si le sol se ressuie, le travail de surface permet de détruire facilement les jeunes plantes sauvages non désirées. L’incorporation des matières végétales sur quelques centimètres de profondeur permet un excellent apport de matière organique fraîche. La vie du sol en profitera.
Un autre moyen mécanique est l’emploi d’un broyeur sur roues… soit, la tondeuse à gazon. Nous réglons sa hauteur de coupe par rapport à la végétation et pouvons intervenir à plusieurs reprises s’il le faut. La masse broyée peut rester en surface de sol ou être emmenée sur un tas de compost. Si nous intervenons avant la formation de graines viables, il n’y a pas de précaution particulière à prendre. Au contraire, si nous constatons que les plantes sont montées à graines, le compostage avec un retournement pour faire monter la température est nécessaire.
Enfin, si le développement est tel que les interventions à la rasette et à la tondeuse ne sont plus possibles, il nous reste le bon vieux sarclage : nous arrachons les plantes à la main et les évacuons vers le tas de compost. N’oublions pas de retourner le tas pour permettre un bon compostage.
Les brûleurs comme autre solution
Les moyens thermiques apportent des solutions bien adaptées aux circonstances saisonnières d’automne. Ils conviennent parfaitement lorsque les conditions d’humidité du sol ne permettent pas l’emploi des moyens mécaniques. La plupart des brûleurs fonctionnent avec le gaz comme source d’énergie. Il ne s’agit pas de griller les plantes immédiatement, mais simplement d’élever leur température au-delà d’une septantaine de degrés durant un très court moment. Les cellules des tissus foliaires ne seront plus capables de vivre, la plante se desséchera lors des jours suivants.
Au début de l’hiver, la nature nous apporte un moyen thermique gratuit mais incontrôlable : le gel. Lorsqu’il fait – 6°C, pas mal de plantes adventices sont détruites, comme les galinsoges. Si cette méthode est facile et efficace, encore faut-il que les conditions météo s’y prêtent bien…
Ne pas traîner pour semer des engrais verts
Les moyens biologiques par la culture d’engrais verts concurrencent les plantes sauvages par son fort développement. Ceux-ci occupent le terrain et le maintiennent propre. Il est encore possible de les semer après le 15 septembre, mais il ne faut plus trop tarder. Lorsque la température descendra sous 12°C, leur croissance ne permettra plus une bonne couverture du sol avant l’hiver. Les plantes sauvages, par contre, bien adaptées à nos conditions climatiques, se développeront sans forte concurrence.
Une autre possibilité est de couvrir le sol d’un mulch constitué de débris végétaux. Le sol sera protégé, les adventices ne lèveront plus. Au printemps, nous le récupérerons ou le laissons en place selon la culture à implanter. Cela permettra de nourrir le sol pour pouvoir profiter de ses bienfaits.
Nous pouvons également incorporer cette masse végétale aux premiers centimètres de la terre, en s’aidant d’une houe par exemple. Ces matières organiques végétales pourront être décomposées par les organismes vivants du sol qui s’en nourrissent. Par le cycle immuable de la vie, ceux-ci mourront et se décomposeront en libérant les matières minérales dont profiteront nos légumes lors de la prochaine saison.
La méthode des faux semis
En travaillant finement le sol en surface, nous favorisons la germination de nombreuses graines. Dès leur levée, elles seront facilement détruites mécaniquement ou thermiquement.
C’est très pratique pour réduire le stock semencier des sols de nos potagers. Quelques passages sont encore possibles avant l’hiver.
Laisser faire la nature ? Bonne ou mauvaise idée ?
Faut-il laisser faire la nature ou détruire les plantes présentes naturellement pour en implanter d’autres qui ne poussent pas spontanément à cet endroit-là ? Lorsque nous discutons entre jardiniers, ce sujet délicat revient régulièrement dans les conversations. C’est toute la différence entre le comportement du chasseur-cueilleur des populations primitives et de celui du paysan qui élève et cultive. Maîtriser certaines espèces tout en favorisant le développement d’autres n’empêche pas de respecter la nature dans son ensemble.
La permaculture permet de trouver un équilibre durable entre celles naturellement présentes et les autres, amenées par le jardinier.
Notons que qualitativement, rien n’empêche de laisser croître des légumes entourés de plantes adventices sauvages. Cela peut même donner un effet esthétique et être intellectuellement reposant pour l’observateur. Néanmoins, quantitativement, les légumes sont bien plus productifs s’ils ne sont pas concurrencés entre eux ni par des plantes sauvages présentes.