30% de la production sont orientés vers l’agriculture
Ajoutant une corde à son arc, la famille Zanzen a racheté la marque Lanado, spécialisée dans les articles de literie (couettes, oreillers, surmatelas…). Ce qui lui permet d’exploiter toute la laine récoltée à sa juste valeur. « La matière première est triée pour être utilisée, par ordre croissant de qualité, en isolants ou feutres de paillage, en rembourrage, ou dans les articles de literie. Pour ces derniers, elle doit être bien blanche et comporter le moins d’impuretés possible », détaille William. Les critères de tri reposent, en effet, sur la propreté de la laine (présence de matières fécales ou végétales, de feutre…) et sur sa couleur.
Jusqu’à 1 €/kg
En pratique, Woolconcept se fournit en laine de diverses manières. L’entrepreneur pratique la tonte et rachète la laine à l’issue de son travail. Il s’approvisionne également en direct auprès de certains éleveurs en mesure de fournir de grosses quantités de matières premières.
Enfin, l’équipe prend part aux collectes de laine organisées par Valbiom, le centre de référence de l’économie biosourcée en Wallonie. « En 2024, cinq collectes figuraient au calendrier. À chaque fois, nous étions les seuls acheteurs. »
Les prix pratiqués variaient selon la qualité et l’utilisation de la laine : 0,30 €/kg pour les isolants et le feutre de paillage, 0,80 €/kg pour le rembourrage (literie) et jusqu’à 1 €/kg pour les couettes. Selon la qualité de la laine, les tarifs évoqués permettent à certains éleveurs de couvrir les frais liés à la tonte de leur cheptel.
Au total, 50 t de laine ont été collectées via ces trois canaux. « Nous souhaitons atteindre 100 t d’ici deux ans. Mais cela pourrait aller plus vite, selon d’éventuels partenariats que nous pourrions créer », s’enthousiasme-t-il. L’objectif peut paraître ambitieux. Toutefois, il n’est pas irréaliste quand on sait que 200 à 400 t de laine cherchent chaque année acquéreur en Wallonie.
Une collecte supplémentaire pourrait être organisée en Flandre, où vivent de nombreux moutons. Le coût du transport doit cependant être pris en compte, afin de s’assurer que l’initiative soit viable.
Laver, à Verviers, et transformer, à Courtrai
Le fruit des tontes et collectes est acheminé à Verviers, au sein de l’entreprise Traitex, spécialisée dans le lavage de la laine. Une fois la matière lavée, elle est envoyée chez un second partenaire, installé à Courtrai. Là, commence la conception des isolants et feutres.
Pour la fabrication des panneaux, la laine est mélangée à une fibre de liaison jusqu’à homogénéité. Le tout est aéré afin d’ouvrir au maximum les fibres et développer leur pouvoir isolant. La matière suit le même processus, sans adjuvant, lorsqu’elle est destinée aux feutres acoustiques et maraîchers.
Suit la phase de cardage, permettant de préparer les fibres, en les peignant dans le sens de la longueur, pour l’étape suivante qu’est le nappage. La laine est ensuite nappée sur plusieurs couches afin d’obtenir un tapis d’une certaine épaisseur.
Enfin, la matière première destinée à l’isolation est passée au four afin d’activer les fibres de liaison et obtenir un panneau de l’épaisseur souhaitée. Pour les feutres, la laine est aiguilletée à la densité et à l’épaisseur désirées. Le tout est ensuite découpé, stocké et/ou livré chez les clients.
« 70 % de la production sont orientés vers le secteur de la construction, tandis que le solde est valorisé en agriculture et horticulture. Je pense néanmoins que cette différence est amenée à évoluer, d’autant que le recours aux feutres de paillage pétrosourcés va diminuer, au profit des produits biosourcés », prédit William Zanzen.