Comment réussir ses semis en pleine terre?
Les semis en pleine terre sont adaptés à de nombreux légumes. Certaines espèces peuvent être cultivées en pots avant d’être repiquées dans le sol ou peuvent être semées en place. C’est le cas des laitues. Nous décidons de l’une ou l’autre option selon la date d’implantation. Ce choix peut aussi être guidé par la facilité de désherbage, comme pour la mâche.

Les espèces dont nous attendons la récolte des racines droites et non fourchues sont semées en pleine terre. C’est aussi le cas d’autres légumes, comme les pois, les fèves, les haricots.
Le tableau des semis paru dans Le Sillon Belge du 23 janvier indique les possibilités en la matière. Pour plusieurs espèces, il est possible de semer en pleine terre ou en terrine et de replanter ensuite en place. Cela vaut surtout pour celles qui ont besoin de chaleur pour démarrer la germination : elles sont semées sous abris au début de l’année.
La germination, une activité physiologique intense
Le succès du semis amènera de bonnes chances de réussite de sa production. Rappelons que les étapes de la germination de la graine sont intimement liées aux conditions de température, d’humidité et d’aération qui les entourent.
La levée de la plantule fait suite à plusieurs phases importantes de la germination.
L’imbibition d’eau par la graine commence par une absorption initiale d’eau. L’eau provient du sol et traverse les téguments protecteurs de la graine. Pour que cette absorption soit possible, il faut un contact franc entre la graine et les particules du sol. Cette première condition impose au jardinier de prendre le plus grand soin pour permettre ce contact, en disposant de suffisamment de terre fine lors de la préparation.
Si la température est suffisante, la graine va gonfler, les téguments entourant la graine vont éclater et permettre la sortie de la radicule. Celle-ci va s’étendre dans le sol et l’explorer à la recherche d’eau. La croissance des tissus de la plantule va se réaliser rapidement, la tigelle ou les premières feuilles vont sortir de terre, c’est la levée. Pour cela, il faut que la terre soit raffermie pour assurer les remontées capillaires d’eau.
Toute cette activité physiologique intense est possible grâce à la respiration de la future plantule. Et donc il faut qu’il y ait des échanges gazeux entre le sol et l’atmosphère pour renouveler les apports d’oxygène et évacuer le gaz carbonique. Une bonne structure grumeleuse de la partie supérieure du sol est indispensable.
Nous pouvons résumer les fonctions essentielles de la germination par une absorption d’eau, la respiration et la mobilisation des réserves de la graine. Le tout se fait en fonction de la température.
De l’eau, de l’oxygène, de la chaleur
L’absorption d’eau par la graine permet en même temps l’absorption d’oxygène qui y est dissous. L’oxygène risque de manquer dans certaines situations (on parle alors d’anoxie). Cela peut être le cas :
– si les semences sont très profondes ;
– si la structure du sol est très fine ;
– si le sol est fermé en surface, après un orage par exemple ;
– ou encore si nous venons d’incorporer des matières organiques fraîches (dont la décomposition consomme de l’oxygène et produit du gaz carbonique).
Pour de nombreuses espèces végétales, l’optimum de température pour la germination se situe entre 15 et 20°C. C’est donc moins que durant la phase de croissance qui est plus proche de 25°C. La germination sera plus rapide si la température est constante. Au contraire, elle sera moins rapide si elle fluctue entre le jour et la nuit.
Lors des semis d’été, il peut faire trop chaud pour certaines espèces et la germination est alors bloquée. Cela se constate notamment en laitues ou en mâches, au-delà de 25°C. Le jardinier peut couvrir ses semis d’une toile humidifiée chaque jour par arrosage. L’évaporation de l’eau durant la journée pourra rafraîchir le sol.
Éviter les apports récents de fumure
Des apports récents de fumure ou d’amendements juste avant le semis peuvent diminuer les chances de réussite d’un semis en place.
Une fumure organique fraîche conséquente pourra être décomposée grâce à l’activité biologique du sol. Cette activité exige de l’oxygène, ce qui peut concurrencer les besoins de respiration des graines en germination.
Une importante fumure minérale amène temporairement un excès de salinité dans la solution du sol. Celle-ci peut nuire à la germination des graines pendant quelque temps. Un chaulage important en surface peut également amener de la salinité en surface. Restons, dès lors, mesurés dans nos apports.
Par ailleurs, n’hésitons pas à préparer le sol en surface quelques jours, voire quelques semaines avant le semis proprement dit. Ces effets limitatifs évoqués ci-dessus seront estompés. De plus, les herbes sauvages naturellement présentes pourront commencer à germer. Il est facile de les détruire par un simple passage au râteau par un temps ensoleillé. C’est la technique du faux semis.
Quelques précautions…
Pour pouvoir semer plus tôt en saison, il est intéressant de confectionner des ados qui permettent un ressuyage plus rapide du sol au printemps.
En semant de petites surfaces à la fois, en répétant l’opération toutes les 2 ou 3 semaines, nous étalons les productions et donc la période de récolte. C’est intéressant pour les légumes qui sont consommés directement, sans mise en conservation.
Par la pose d’un voile protecteur après le semis, nous augmentons les chances de réussite. C’est surtout recommandé quand les conditions météo sont éloignées de l’optimum de l’espèce de légume concernée. C’est le cas quand il fait trop froid, trop chaud ou encore trop sec…
N’oublions pas de bien identifier les semis en établissant un plan ou en plaçant des étiquetages. La mémoire humaine n’est pas infaillible. C’est bien pratique pour éviter de détruire par inadvertance un semis récent, encore invisible, et de repérer les échecs de levée plus facilement.