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Le reflet des exploitations agricoles »

Le samedi, à Libramont, le championnat du Spécial Blanc-Bleu Belge est l’événement le plus attendu de la journée de samedi. Un moment électrique, pendant lequel quelques éleveurs auront la chance de voir leur animal primé, le fruit d’un dur labeur récompensé, non sans une certaine émotion. Parmi les sujets distingués, on retrouve régulièrement d’excellentes mères à taureaux, des « fils de »… Leur point commun ? Leur lien avec un taureau d’élite, bichonné et vendu à la criée par le Csb. Une petite visite s’y impose…

Temps de lecture : 7 min

Construite au début des années 70, la station s’étend sur 5ha et comprend une zone de quarantaine, des étables – le cœur du Centre de sélection –. Trois bouviers sont affectés à la gestion du site et aux soins des animaux. Une telle structure offre la possibilité aux éleveurs de valoriser leur génétique d’élevage au travers des criées publiques, tandis qu’elle permet aux acheteurs d’avoir un maximum d’informations et de garanties sur les taureaux mis en vente.

Quand un veau a du potentiel

Ayant pour vocation de vendre des taureaux d’élite, le Csb a pour principe de trier les veaux sur le volet. En effet, lorsqu’un veau est annoncé au centre, il doit être IBR gB négatif, indemne des sept premières tares génétiques mais aussi être issu d’une mère inscrite, qui dispose d’une cotation linéaire de 1ère catégorie, et d’un père ayant été classé au moins une fois en 1ère catégorie.

Quand l’animal répond à ces critères, il peut entrer en station avant l’âge de six mois et aller en zone de quarantaine.

En quarantaine

Les animaux sont alors isolés, tondus, toilettés, déparasités, le temps de déterminer leur statut IBR. Ils recevront durant un mois un aliment spécial pour mettre tous les individus à niveaux. Après trois mois, si leur résultat IBR est négatif, ils constitueront des lots homogènes de 6 à 8 jeunes dans une nurserie adaptée avant le grand saut à l’étable. Grâce aux Dac, les lots restent davantage dans les mêmes box, ceci pour éviter de changer leurs habitudes et de réduire les risques lors des manipulations.

Signalons que l’éleveur reste toujours propriétaire de son veau ! Le Csb est un service mis à sa disposition. L’éleveur paie une pension en fonction de l’âge de l’animal et une assurance contre les accidents. assurés en cas d’accident. Durant la totalité de leur séjour, les animaux seront toujours accompagnés d’une fiche reprenant l’identité du veau et toutes les informations le concernant dont une partie vétérinaire.

Le test de performance

C’est à l’étable que les veaux commencent l’expérimentation alimentaire à l’âge de 7 mois et ce, jusqu’à 11 mois. Ils y disposent d’un parcours intérieur et extérieur.

Au Csb, les taureaux sont pesés chaque mois et alimentés par le biais d’un distributeur d’aliments automatiques (DAC) de manière à ce que l’on puisse avoir un suivi de leur efficacité alimentaire, de leur indice de consommation… Ils y reçoivent un aliment F2 spécial élevage, à raison d’1,7 kg par 100 kg de poids vif. Par ailleurs, ils ont de la paille et du foin à volonté.

L’objectif n’étant pas de les engraisser mais bien d’en faire des taureaux de saillie, leur ration est fractionnée par 10. Ils peuvent donc venir au Dac toutes les deux heures. Une fois les 20 heures écoulées, il leur reste 4 heures pour manger le solde restant. Pour eux c’est plus facile. Le but n’est pas de les engraisser mais d’en faire des taureaux de saillie.

Le suivi d’alimentation des bêtes permet au bouvier de détecter un éventuel problème chez l’animal. Un manque d’appétit peut être une alerte. À 9h du matin, il faut d’office que les taureaux aient ingéré 3kg de concentrés. S’ils sont en dessous, ils sont observés de manière à en comprendre la cause.

À 11 mois, viennent la fin de l’expérimentation et la distribution d’aliments à volonté jusqu’à la sortie.

Le triage

Si une première sélection par un jury officiel du Herd-book s’opère à 9 mois – évaluation de la conformation –, c’est à 13 mois que le triage est définitif. Un marchand vient alors déjà estimer la valeur bouchère de chacun des animaux.

Vient alors une dernière fois le vétérinaire pour vérifier que les jeunes bêtes sont bien négatives au BVD, à l’IBR, à la leucose et à la brucellose. Dans un même temps, les bouviers réalisent des tests de spermatogenèse sur les taureaux, après avoir bien sûr vérifié que l’animal n’ait pas de problèmes comportementaux. Lors de ces tests, les animaux sont filmés de manière à permettre de fournir une preuve à l’acheteur que le mâle est apte à saillir.

Des membres du Herd-Book se rendent alors au centre pour expertiser les animaux. Les animaux admis devront encore être jugés pour pouvoir aller en criée. En moyenne 80 % des taureaux vont en criée, 15 % sont admis et 5 % refusés.

À noter que les taureaux sont de nouveaux estimés du point de vue de leur valeur bouchère, par le jury et par un marchand. Ceci pour permettre à l’éleveur d’avoir une idée d’ordre de prix, mais également d’aider le potentiel acheteur à l’achat puisque ces valeurs apparaîtront dans le catalogue de criée.

Une semaine avant la criée, les taureaux sont pesés et toisés à nouveaux pour donner les dernières informations aux potentiels acquéreurs le jour de la criée.

« En criée, l’acheteur n’est jamais lésé »

Le Csb organise sept criées par an, six pour les B-BB et une pour le Herd-book limousin.

Les éleveurs ne peuvent pas approcher les taureaux lors de la vente. Le Csb doit donc jouer la transparence et donner un maximum d’infos ! C’est une relation basée sur la confiance. Les criées ont l’avantage de pouvoir offrir un large choix de taureaux, livrés avec leur pedigree, leur certificat des tares génétiques, de spermatogenèse. Le tout validé par un organisme officiel, BBG. C’est la démarche qualité qui l’exige !

Si les acheteurs veulent de grands taureaux hors origines, lourds et bien en aplombs, on en distingue deux types : ceux qui regardent davantage la morphologie et ceux qui ne regardent que les chiffres.

Les centres d’insémination s’y rendent souvent. S’ils sont à la recherche d’excellents reproducteurs, ils aiment acquérir des taureaux pour le croisement car ils ont des données chiffrées. Les données du catalogue leur donnent des arguments de vente supplémentaires pour leurs doses.

Depuis peu, nombreux sont les taureaux qui partent pour l’exportation.

Mais une autre tendance se dégage. De plus en plus de privés sont prêts à mettre des sommes importantes pour un bon taureau. Avant, c’était principalement les centres d’insémination.

Pour la responsable du Csb, Sophie Marchal, c’est le moment d’acheter des taureaux avec des données techniques, dont l’efficacité alimentaire. « Un taureau qui a une très bonne croissance et à qui il faut peu d’aliments pour croître est un animal hyper rentable ! En achetant un taureau, on achète désormais un outil. Les éleveurs y voient un investissement avec un retour sur la génétique future. C’est devenu de la spéculation ! »

Et de poursuivre « Grâce au programme de l’Awé, il est possible d’avoir des conseils liés à la consanguinité et à l’accouplement. En ferme, on ne peut trouver pareil service ! »

Et à l’avenir ?

Le Csb espère toujours aller plus loin. « On espère pouvoir proposer un jour des taureaux génomiques. Ce sera une plus-value, mais il faut que la recherche évolue. »

Côté Limousin

Pour pouvoir proposer son jeune à la criée, il faut être sélectionneur limousin en Belgique, suivre le contrôle de performance Siboval, effectuer les pesées régulières des veaux et le pointage des mères. Les animaux doivent être IBR négatif… Un sacré écrémage au vu du cheptel wallon. Une quinzaine de taureaux sont proposés chaque année.

Ils arrivent à Ciney fin juillet pour être vendu à la criée en fin janvier. Ils sont pesés tous les 15 jours, manipulés et promenés à la corde… Avec ce programme, le Csb est le seul organisme à fournir autant de données techniques pour des reproducteurs. Autant de raisons pour un éleveur de privilégier les animaux passés par le Csb.

P-Y L.

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