L’ail est fortement attaqué par la rouille cette année. L’ail d’hiver est plus atteint que l’ail de printemps. Ce constat éveille notre curiosité de jardinier, d’autant que le printemps est particulièrement sec et que les autres maladies des légumes restent très discrètes. Faisons le point.
Quelle rouille ?
Les plantes du genre Allium peuvent porter plusieurs types de rouilles sur leur feuillage. Les rouilles les plus importantes sont Puccinia allii, Puccinia porri et Uromyces ambiguus. Nous trouvons également Puccinia mixta sur la ciboulette et Puccinia asparagi sur l’asperge.
Dans nos régions, Puccinia allii est fréquent sur les poireaux et l’ail. Les attaques sur oignons sont plus rares.
Les pustules (urédosores) de couleur orange sur très visibles sur les feuilles. Elles éclatent et libèrent les spores (urédospores) qui tombent ou sont emmenées par le vent.
Les attaques sont généralement plus importantes dans la région méditerranéenne que chez nous. Elles sont les plus manifestes lors des deux derniers mois de culture. La surface foliaire active pour la photosynthèse diminue durant cette période, avec une incidence sur la taille des bulbes.
Un printemps très favorable !
Le développement de Puccinia allii est favorisé par des températures entre 10 et 24ºC, avec un optimum de 18ºC. Dans ces conditions, le cycle de multiplication du champignon s’étend sur une vingtaine de jours. L’infection se fait à des températures légèrement plus basses (optimum de 15ºC) ; elle nécessite 4 h d’humidité de l’air, proche de la saturation. Une rosée suffit donc pour permettre une contamination. Cette années, les conditions météo de mars à mai étaient très favorables à la rouille sur l’ail.
Comment la rouille se dissémine-t-elle…
Le vent permet une diffusion de la maladie. La présence de poireau en été et en automne et d’ail au printemps facilite la transmission d’une culture à l’autre. Mais surtout, la présence d’ail sauvage dans ou à proximité immédiate de la parcelle est un facteur de risque important ; ces deux types d’ail sont présents au même moment de l’année et sont sensibles aux mêmes types de rouille.
Certaines variétés sont moins sensibles que d’autres (voir aussi nos éditions des 11 janvier et 11 octobre 2019). L’ail sauvage est souvent plus fortement atteint que l’ail cultivé.
… et comment la prévenir ?
Les résidus de culture sont enlevés de la parcelle au moment de la récolte. Nous avons déjà mentionné cela pour le poireau, c’est vrai aussi pour l’ail. Ils peuvent être compostés pour autant que le tas de compost soit bien géré afin d’atteindre des températures élevées lors du mélange des matières.
Il est également recommandé de respecter de longues rotations en laissant le sol sans alliacées pendant au moins 3 ans.
La plantation à faible densité permet une meilleure aération du feuillage, ce qui défavorise les contaminations du feuillage. Les densités recommandées dans notre calendrier de jardinage (Le Sillon Belge du 9 janvier dernier) en tiennent déjà compte.
Il faut éviter les apports abondants d’azote qui mènent à une luxuriance excessive du feuillage.
Notons encore qu’aucun produit n’est homologué contre la rouille en ail pour les jardiniers amateurs.
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