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Wim De Paepe, Para Triathlète: «Mes origines agricoles m’ont appris à toujours aller plus loin»

Originaire d’une exploitation agricole du Brabant wallon, Wim De Paepe performe en para triathlon. Fin de l’année passée, il a d’ailleurs décroché une médaille de bronze aux championnats du monde disputés à Abu Dhabi. La rigueur et la force de caractère qu’exige sa discipline lui viennent sans nul doute de son éducation et de l’environnement dans lequel il a évolué.

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C’est dans les campagnes de Bois-de-Nivelles, au sein d’une fratrie de trois enfants que Wim a grandi. « Mes parents ont repris l’exploitation familiale active en grandes cultures et dans l’élevage de Blanc-Bleu au milieu des années 80. Afin de diversifier leurs activités, ils se sont alors lancés dans la production de fraises. « C’est très vite devenu la spécialité de la ferme. Ma sœur, mon frère et moi-même avons toujours mis la main à la pâte, particulièrement dans cette dernière activité mais, nos parents nous ont toujours poussés à nous ouvrir au monde extérieur et à envisager un autre avenir. Nous avons d’ailleurs tous les trois choisis de nous investir dans des domaines plus ou moins éloignés de l’agriculture et nos parents sont encore à la barre de l’exploitation, même s’ils mériteraient de faire une pause », explique Wim De Paepe.

Le sport comme repère

Le sport a également toujours eu une place prépondérante dans la famille De Paepe : « Le sport a toujours été une affaire de famille. Si on ne le pratiquait pas on s’y intéressait. Je me souviens de mon papa et ses frères qui partaient courir le week-end. Ils se sont aussi quelque peu essayés au marathon. C’est donc assez naturellement que nous y portions intérêt ».

Malheureusement, vers l’âge de 9 ans, Wim eu un accident avec une machine de travail du sol. « J’ai perdu une partie de ma jambe droite mais je souhaitais encore pratiquer un sport. Ma sœur nageait déjà. J’ai donc décidé de me diriger vers la natation car elle ne nécessitait pas d’équipement spécifique et elle pouvait m’aider à réapprendre à vivre avec ce nouveau corps ». Wim s’entraîne alors avec acharnement, une à deux fois par jour, et commence à faire des compétitions internationales en handisport vers l’âge de 15 ans. « Tout cela m’a mené jusqu’aux jeux paralympiques d’Athènes, en 2004, durant lesquels j’ai eu la chance d’atteindre la finale et repartir avec une 6e place ».

L’agriculture ou le sport ?

Vient ensuite le temps d’envisager les études supérieures, Wim hésite un instant à s’orienter vers la filière agronomique mais se dirige finalement vers le métier de kiné, guidé par sa pratique du sport : « Lors des compétitions, j’étais souvent entouré de kinés et cela m’a inspiré. Le sport m’a aussi permis de connaître mes nouvelles limites et à refaire fonctionner mon corps correctement. Je pense que le fait de bouger et faire du sport est primordial quand un changement physiologique intervient. J’étais donc confronté à ces deux métiers, il s’agissait des deux grands pans de ma vie et j’ai choisi kiné et le sport. Mais, ce n’est pas pour autant que je renie le monde agricole. J’y porte toujours un grand intérêt, ça fait partie de ma vie et j’échange régulièrement avec ma famille proche, mes parents, mon beau-frère… Mais, je ne suis évidemment pas aussi passionné que des gens qui en vivent tous les jours ».

Wim n’hésite d’ailleurs pas à saluer l’impact de son éducation et ses origines sur ses valeurs et sa persévérance sportive : « Je viens d’une famille soudée et d’un milieu dans lesquels on nous apprend à travailler, qu’il y a toujours à faire et qu’on peut toujours se dépasser. C’est une valeur qui a influencé ma vie et mon sport. Quand je fais quelque chose, je me donne à fond ».

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De la nage au para triathlon

Durant ses études, Wim continue à nager et s’entraîner. Malheureusement, il loupe de peu les qualifications pour les jeux de 2008. « Sans doute car, à l’époque, j’ai quand même profité de tous les aspects de ma vie d’étudiant », rigole-t-il.

Il s’investit ensuite dans son métier de kiné et reprend également une formation d’ostéopathe. Il crée aussi sa propre famille puisqu’il est l’heureux papa de trois petits garçons. « Le sport avait toujours sa place dans ma vie mais pas à ce niveau, je nageais et j’entraînais juste pour le plaisir. C’est le Covid qui a été le déclencheur. Cela m’a obligé à freiner net dans le boulot et je me suis mis au vélo et à faire un peu plus de sport. J’ai remarqué que cela m’apportait un certain équilibre. Je me suis dit : je sais nager et faire du vélo, pourquoi ne pas tenter la course ? Pour cela, il fallait investir dans une prothèse de course. Je n’aime pas faire les choses à moitié, alors j’ai décidé de m’y mettre à fond avec pour objectif de faire mes preuves au para triathlon et, pourquoi pas, me faire remarquer. Si ça ne fonctionnait pas, tant pis, ça m’aurait au moins permis de me recentrer ».

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collection privée

Vers les jeux paralympiques de Paris

Une stratégie qui a porté ses fruits puisque les résultats sont apparus assez vite. Fin de l’année 2022, Wim a même remporté une médaille de bronze aux championnats du monde d’Abu Dhabi. « Tout cela m’a permis d’obtenir des soutiens. C’est important car pour pouvoir être au niveau, il faut pouvoir aménager son temps de travail et maximiser son entraînement. Dans ce contexte, une aide de la Fédération n’est pas négligeable. L’objectif maintenant, c’est la qualification pour les jeux paralympiques de Paris en 2024. Près de 20 ans après ceux d’Athènes, ça serait épatant et je vais y travailler durant l’année qui va s’écouler ».

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Rigueur et organisation familiale

Et quand on lui demande comment il fait pour concilier vie sportive, professionnelle et familiale, Wim répond : « En effet, la pratique d’un sport de haut niveau demande certains sacrifices mais il y a moyen que tout fonctionne bien, il faut juste être assez organisé. Une fois qu’on a trouvé la bonne méthode, tout se met assez naturellement en place mais, ça demande de la rigueur. En secondaire, je faisais par exemple mon travail le week-end pour être libre pour mes entraînements la semaine. Dans le supérieur, j’ai vite compris que je ne pouvais pas faire partie de ceux qui rentraient aux petits heures alors que je me levais pour aller nager… et aujourd’hui, mon épouse m’accompagne en compétition, mes enfants s’entraînent parfois avec moi… Tout est assez cadenassé et la famille nous apporte aussi pas mal de soutien. Toute cette logistique est favorisée par nos parents respectifs qui sont aussi à féliciter. Ce sont aussi tous ces éléments qui contribuent à la réalisation de bons résultats ».

D. Jaunard

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