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Un étang de baignade dans mon jardin? Et si mes plantes purifiaient l’eau de ma piscine?

Depuis quelques années, l’étang de baignade a le vent en poupe. Pourquoi ? Et en fait, en quoi ça consiste ? Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de Romain Pinte, propriétaire d’Aquatic Design, société experte en la matière.

Temps de lecture : 8 min

On les appelle bassins de baignade ou piscines naturelles mais, la nomenclature la plus exacte est celle d’étang de baignade. Ce dispositif est devenu la spécialité d’Aquatic Design, entreprise fondée par Charles-Henry Herbay et aujourd’hui aux mains de Romain Pinte. « La société existe depuis près de 40 ans et a toujours été dédiée l’aménagement de pièces d’eau, fontaines ou encore bassins à poissons. Il y a quelques années nous nous sommes diversifiés vers l’étang de baignade dont les techniques se sont considérablement améliorées au fil du temps. Aujourd’hui, on peut proposer des dispositifs à l’eau cristalline et portable à 98 % ainsi que des formats extrêmement variés alors qu’avant on était sur des créations très basiques et structurées ».

Le lagunage offre pas mal de possibilités de formes, d’agencement et d’associations et, d’un point de vue esthétique et visuel, ça fonctionne bien avec les nouvelles tendances dans les jardins.
Le lagunage offre pas mal de possibilités de formes, d’agencement et d’associations et, d’un point de vue esthétique et visuel, ça fonctionne bien avec les nouvelles tendances dans les jardins. - T.G.

Ambiance et détente

L’étang de baignade est particulièrement en vogue depuis la période Covid : « Les demandes ont explosé à l’époque et ça a vraiment été intense durant 4 ans. Malheureusement, cette année, le mauvais temps à un impact sur l’intérêt des clients. »

La piscine naturelle propose la baignade dans une eau pure, exempte de produits chimiques, tout en aménageant le cadre naturel du jardin. Le principe repose sur la filtration de l’eau de la zone « de baignade » par une zone « de lagunage » composée de plantes spécifiques. « Le lagunage offre pas mal de possibilités de formes, d’agencement et d’associations et, d’un point de vue esthétique et visuel, ça fonctionne bien avec les nouvelles tendances dans les jardins. On peut faire du plus simple au plus compliqué et laisser libre cours à son imagination tant que l’on reste dans les normes de filtrations nécessaires ».

«Aujourd’hui, on peut proposer des dispositifs à l’eau cristalline et portable à 98% ainsi que des formats extrêmement variés alors qu’avant on était sur des créations très basiques et structurées.», explique Romain Pinte. Crédit: D.J.
«Aujourd’hui, on peut proposer des dispositifs à l’eau cristalline et portable à 98% ainsi que des formats extrêmement variés alors qu’avant on était sur des créations très basiques et structurées.», explique Romain Pinte. Crédit: D.J. - D.J.

Démarches, emplacement, mise en œuvre…

La réalisation d’un bassin de baignade de demande a priori pas d’autorisation urbanistique en dessous de 70m² ou 100m², en fonction de la localité. « Néanmoins, nous conseillions toujours de prendre toutes les informations utiles au niveau de la commune. Ce type de projets est en général assez bien perçu car ils créent de nouveaux écosystèmes naturels », explique Romain Pinte.

Les modèles standards ont des dimensions souvent proches de 4 sur 8 mètres mais les longueurs peuvent être portées à 10 voire 15mètres ou, au contraire réduites à 3 sur 6 mètres. « Pour la mise en œuvre d’un projet basique, il faut compter 6 semaines. L’équilibre lors de la mise en route de la circulation de l’eau est quant à lui obtenu après 3 semaines de fonctionnement, tout en sachant que les plantes atteignent leur maturité après 3 ans, ce qui demande un peu d’ajustements les premières années ».

T.G.
T.G.

L’étang est de préférence implanté au soleil, dans un espace pas trop ombragé et dépourvu d’arbres pour éviter que les feuilles n’élisent domicile dans le bassin. « Cela élimine certaines contraintes lors du nettoyage et l’eau chauffe plus rapidement si la réalisation est placée au Sud ».

L’installation de base correspond tout d’abord à une zone de baignade réalisée par terrassement et la mise en place d’un coffrage et d’une dalle de béton. L’ensemble est maçonné à l’aide de blocs et renforcé à l’arrière par du stabilisé pour contrer la pression de l’eau. Une pompe de fond est installée et le bassin est couvert d’une bâche EPDM ou d’un revêtement en polyester. « Ce dernier est un peu moins rugueux que l’EPDM et l’entretien est plus facile. Il offre également davantage de choix de couleurs et de mise en forme. Certaines personnes envisagent parfois la pose d’un liner comme dans les piscines classiques mais c’est à déconseiller car, avec le temps, si la matière vieillit mal, il peut être transpercé par les racines des plantes ».

« La piscine naturelle propose la baignade dans une eau pure, exempte de produits chimiques, tout en aménageant le cadre naturel du jardin. »

La zone réservée aux plantations

La zone de lagunage est aménagée un peu plus haut que celle destinée à la nage, sur une surface au moins égale à la moitié de la surface de baignade. « Un lagunage trop petit nécessitera une aide mécanique pour la filtration, il est donc important de bien respecter la surface préconisée ».

Le lagunage peut prendre place sur la longueur de l’étang ou être réalisé en forme de paysage, de manière arrondie. Cette partie est comblée de stabilisé pour en assurer l’étanchéité et accueille ensuite une couche de pierres lave. Cette pierre volcanique fait office de contacteur de chaleur qui permet de remonter la température de l’eau lorsqu’il fait chaud mais, elle représente surtout le substrat pour les plantes aquatiques qui prennent place dans la zone de lagunage. Les pierres poreuses maintiennent les végétaux et laissent passer l’eau et les nutriments nécessaires à leur bon développement. « On choisit des plantes de marais qui peuvent aller à une profondeur de 15 à 20 cm et sont voraces. Elles vont ainsi se nourrir des bactéries et déchets végétaux qui vont sédimenter sur les pierres de lave ou dans le bassin et filtrer l’eau ». La pierre de lave peut se colmater avec le temps : « Un ralentisseur d’algues est régulièrement apporté à l’eau. Cette poudre blanche permet de tuer les algues filamenteuses présentent dans l’eau jusqu’à la racine. En effet, le lagunage et l’ultraviolet ne permettent pas d’éliminer ce genre d’algues, mais uniquement les microalgues. Il est donc nécessaire d’en ajuster correctement le dosage pour éviter qu’une croûte ne se crée sur les pierres et qu’elles ne perdent de leur efficacité. De même, les végétaux morts doivent être évacués. Néanmoins, après 15-20 ans, il n’est pas rare de devoir envisager le remplacement des pierres ».

Cette année, la saison de baignade naturelle peut être qualifiée de délicate car le manque de chaleur et de lumière ont un impact sur la croissance des végétaux et donc sur la filtration de l’eau.
Cette année, la saison de baignade naturelle peut être qualifiée de délicate car le manque de chaleur et de lumière ont un impact sur la croissance des végétaux et donc sur la filtration de l’eau. - D.J.

De l’eau limpide, mais comment ?

Pratiquement, l’eau de la zone de baignade est aspirée par la pompe de fond ainsi que par un skimmer qui récupère l’eau de surface. L’ensemble est envoyé vers une pompe générale et un dispositif UV qui va détruire les microalgues présentes dans l’eau afin que celle-ci reste claire et limpide. L’eau est dirigée vers le lagunage où les plantes réalisent une filtration purifiante.

Contrairement aux idées reçues, l’étang de baignade nécessite un minimum de suivi. Les professionnels tel qu’Aquatic Design interviennent généralement pour l’entretien d’hiver et la mise en route de printemps : « On réalise une mise hors gel à la fin de l’automne. La baignade est nettoyée, les tuyaux sont purgés et les plantes sont coupées entre 5 et 10 cm au-dessus du niveau de l’eau. Au printemps, on vérifie la reprise des plantes, on s’assure de la propreté de la zone de nage et de la qualité de l’eau par analyse. Néanmoins, il arrive que des clients sollicitent nos interventions pour un suivi plus régulier en saison ».

En effet, le suivi d’un étang de baignade dépend en général des envies et de l’utilisation qu’en font ses propriétaires. « En période estivale, on recommande au minimum un entretien de suivi par mois avec un contrôle de l’eau et l’ajout de ralentisseur d’algues filamenteuses. Sans cela, la zone sera moins adaptée à la baignade puisque ces petites algues se déposent sur les parois. Pour profiter d’une espace de baignade nickel, certains réalisent un entretien hebdomadaire en analysant l’eau et réalisant un nettoyage à l’aide de robots similaires à ceux employés pour les piscines classiques si ce n’est qu’ils sont pourvus de chenilles un peu plus fortes ».

Chaleur, sécurité et décorum

Si l’on craint le froid, on peut envisager de chauffer l’eau via une pompe à chaleur mais il faudra veiller à ne pas dépasser un certain seuil pour le bon développement des plantes : « Les plantes croissent dès que l’eau atteint 12 degrés. En dessous, les bactéries et nutriments nécessaires à leur survie ne se forment pas. Si une température minimale de l’eau est nécessaire à leur développement, une température supérieure à 28 degrés leur est aussi néfaste et cela demande un suivi très régulier de la qualité de l’eau. Une eau située entre 24 et 26 degrés est le format idéal ».

Comme pour des installations de nage classiques, la question de la sécurité peut aussi être soulevée : « Des protections contre les chutes sont possibles. On peut installer une bâche sur laquelle on peut marcher mais il est alors impératif de séparer zone de baignade et de lagunage. Il existe aussi des dispositifs à volets même si, d’un point de vue esthétique, ça rend moins bien. Outre la sécurité, tout cela a également le mérite de réchauffer l’eau et préserver sa propreté puisque l’absence de lumière empêche la photosynthèse et le développement d’algues.

Enfin, on peut même envisager d’accueillir des poissons s’ils restent en taille et quantité adéquates et si une filtration mécanique supplémentaire est installée afin de pouvoir gérer les déjections.

L’étang de baignade offre donc de nombreuses possibilités, s’inscrivant avec beauté et cohérence dans le paysage naturel d’un jardin tout en offrant la possibilité d’y adjoindre divers espaces de détente ou de le faire évoluer avec le temps et selon ses envies et besoins.

Delphine Jaunard

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