Le saucisson gaumais entre au panthéon des IGP
Et de treize ! Avec la reconnaissance du saucisson gaumais, et de ses déclinaisons que sont la baudruche, le collier et la pipe, la Wallonie compte désormais treize produits labellisés IGP (indication géographique protégée) et AOP (appellations d’origine protégée). De quoi permettre à la Gaume et à ses artisans de rayonner en Belgique mais aussi au-delà de nos frontières.
À la fois gage de reconnaissance de la qualité d’un produit et élément de protection d’un savoir-faire, les labellisations AOP et IGP ne sont pas attribuées à la légère. Pour preuve, il a fallu 20 ans au saucisson gaumais pour obtenir le précieux sésame et, ainsi, entrer dans un cercle très restreint qui accueille déjà, entre autres, l’escavèche de Chimay, le fromage de Herve, le jambon d’Ardenne ou encore la Plate de Florenville.
Un processus long qui a pris fin, hasard du calendrier, le jour d’ouverture de la Foire de Libramont. Ce qu’a confirmé Michael Niejahr, directeur général adjoint de la DG Agriculture et Développement rural de la Commission européenne : « La reconnaissance officielle du saucisson gaumais comme IGP a été publiée ce 26 juillet au Journal officiel de l’Union européenne ». Au total, 37 produits belges et plus de 3.800 au sein de l’UE bénéficient désormais d’une telle protection.
Pour rappel, l’IGP est octroyée aux produits dont les caractéristiques sont étroitement liées à une zone géographique spécifique. Celle-ci sert à protéger et valoriser des produits ayant un lien fort avec leur région d’origine, tout en assurant aux consommateurs des produits authentiques et de qualité.
Un label. et de retombées économiques
Aux côtés de Michael Niejahr, Philippe Mattart, directeur général de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (Apaq-w) n’a pas manqué de rappeler combien « la Wallonie croit en la qualité et en la reconnaissance de cette qualité », notamment par le biais des AOP et IGP.
Il a également souligné, chiffres à l’appui, l’impact financier d’une telle labellisation : « L’IGP, c’est un titre… mais c’est aussi de l’économie ». Par exemple, le beurre d’Ardenne (AOP) a enregistré un chiffre d’affaires dépassant 16,3 millions d’euros en 2023. En deuxième position, suit le saucisson d’Ardenne (et ses déclinaisons, sous protection IGP), pour un total de 13,5 millions. Sur la troisième marche du podium, on retrouve le jambon d’Ardenne (IGP), pour 11,2 millions.
Faire rimer qualité avec pérennité
« La reconnaissance du saucisson gaumais a été rendue possible car il présente des spécificités mais aussi parce qu’il est fabriqué au sein de cette aire géographique particulière qu’est la Gaume », enchaîne Natacha Aucuit, d’AgriLabel, la structure d’encadrement qui soutient les producteurs ou groupements de producteurs wallons dans leur démarche de reconnaissance de leurs produits.
Un cahier des charges précis et détaillé doit désormais être respecté par celles et ceux qui fabriquent le saucisson gaumais et ses déclinaisons. « Les ingrédients obligatoires sont la viande maigre et la graisse de porc, le sel et le poivre », peut-on notamment y lire. Des épices et aromates sont également autorisés : « ail, échalote, graines de moutarde, laurier, macis, muscade, oignon et thym », selon le même cahier des charges. Ce dernier précise encore que le saucisson gaumais est légèrement fumé et séché et, on l’aura compris, exclusivement fabriqué sur le territoire de la Gaume.
« Le respect de ces critères est contrôlé chaque année par un organisme de certification accrédité », ajoute-t-elle. De quoi faire rimer qualité avec pérennité !
« Notre travail de longue haleine a fini par payer », poursuit Charlotte Thomas, à la tête des Salaisons Thomas (Habay-la-Neuve) et représentante des huit producteurs prochainement certifiés pour l’IGP. « Notre savoir-faire est désormais protégé et nous allons en assurer la continuité. La labellisation nous permettra de faire rayonner nos produits et de mettre en lumière la gastronomie gaumaise. »
Bientôt le miel de Wallonie ?
Outre le saucisson gaumais, le jambon d’Ardenne était, lui aussi, à la fête : il célèbre les 50 ans de sa reconnaissance au niveau belge. En effet, c’est le 4 février 1974 qu’un arrêté royal reconnaissant l’appellation d’origine « jambon d’Ardenne » et fixant les conditions que doit réunir ce produit pour être fabriqué et vendu est entré en vigueur. À l’occasion de cet anniversaire, le cahier des charges que doivent respecter les artisans a été actualisé et signé par la ministre wallonne de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq.
La reconnaissance européenne au titre d’IGP date, quant à elle, de 1996. Appellation qu’attend encore le miel wallon, installé dans l’antichambre des reconnaissances. L’Apaq-w, si elle ne souhaite pas mettre la charrue avant les bœufs, estime que le dossier est bien parti pour aboutir prochainement. La Wallonie décrocherait alors avec un 14e produit labellisé !
