C’est le moment pour semer des carottes primeurs sous abri!
Les carottes sont un légume classique du jardinage. Sous abri, il est possible de les semer dès à présent. Une couche protégée par un châssis, un tunnel ou encore une serre convient parfaitement. Ces jeunes légumes, à consommer rapidement, peuvent être récoltés environ trois mois après le semis. Quant aux carottes de garde, elles sont semées au début de l’été et sont prêtes à la fin de l’automne ou au début de l’hiver en vue d’une conservation.
La préparation du sol un point très important pour la réussite de cette culture. L’objectif est qu’il soit décompacté, mais affermi. Bien que ce soit facile à écrire, des précisions sont nécessaires.
Ainsi, il sera suffisamment décompacté si une fourche bêche y pénètre sans effort de la part du jardinier. Et il sera assez affermi si le niveau du sol résiste à la pression exercée à l’aide du dos d’un râteau.
Concernant la décompaction, bien souvent aucune intervention particulière n’est nécessaire pour les couches sous châssis. Nous n’y marchons pas. Le terrain est occupé presque en permanence par l’une ou l’autre culture. Le châssis permet une protection lors des journées particulièrement pluvieuses.
En serre, plusieurs situations sont possibles. Notre travail consiste à corriger les défauts liés à l’usage que nous avons fait de la surface lors des derniers mois. La fourche bêche et le râteau sont deux outils qui conviennent pour corriger les aspects physiques de la structure du sol.
Sous petit tunnel installé en terrain nu, il peut également y avoir plusieurs cas de figure. Après les pluies abondantes des quinze derniers mois, la plupart des sols se sont refermés. Si le tunnel de protection est en place depuis des mois, la situation peut souvent être comparée à celle des couches sous châssis. Si ce dernier ne va être installé qu’après la préparation du sol, la décompaction est nécessaire avant tout autre travail.
Corriger l’humidité du sol
Par ailleurs, il faudra corriger l’humidité du sol sur une profondeur d’une cinquantaine de centimètres au moins. Cette correction peut être réalisée avant ou après la décompaction. Cependant, la capacité d’absorption d’eau d’un sol complètement desséché est faible. Il faudra d’abord le décompacter ou le mouiller très progressivement par petits apports journaliers.
Retenons quelques repères chiffrés. Un sol limoneux, comme nous en disposons en de nombreux endroits de Wallonie, est capable d’absorber environ 8 mm d’eau par heure. Pour en apporter suffisamment sur une profondeur de 60 cm, il faut prévoir 60 mm d’eau : 10 % du volume, soit 60 litres par mètre carré. Cette distribution devra être fournie progressivement, étalée sur plusieurs jours.
Choisir les variétés les plus adaptées
Pour cette production précoce, notre choix peut se porter sur les variétés courtes comme « Marché de Paris ». Avec une forme évoquant une boule, elles conviennent parfaitement en apéritif ou en cuisine de légumes primeurs.
Les variétés de type « Amsterdam » donnent des carottes d’environ 15 cm, à récolter jeunes, elles peuvent également être produites en serre pour la production très précoce.
Les autres types seront plutôt semés en pleine terre, dans quelques mois.
Le calendrier de production
La germination se fera au rythme de la température du sol. La protection de la couche sous châssis, de la serre ou du petit tunnel permet de gagner quelques degrés par rapport au plein air. L’orientation du jardin est une caractéristique locale.
Les apports d’eau tempérée permettent aussi un léger gain de chaleur en comparaison avec des arrosages à l’eau froide. Nous emplissons les arrosoirs à l’avance et les laissons sous abri quelques heures avant d’arroser. Le gain sera surtout manifeste lorsque ces apports seront plus fréquents, à partir de fin février.
La pose d’un voile de forçage après le semis permet aussi de limiter l’évaporation d’eau en surface et donc de gagner un peu de chaleur.
Un légume avec une levée assez lente
Le semis proprement dit se fait en des sillons de 1 à 1,5 cm de profondeur. Ceux-ci sont écartés de 15 à 20 cm, selon les outils dont nous disposons pour biner ultérieurement. Nous semons très clair et recouvrons d’une fine couche de terre. Ensuite, et c’est important, nous plombons avec la tête du râteau ou en passant avec la roue de la brouette pour tasser la terre sur le sillon. S’il ne pleut pas, nous pouvons arroser et maintenir le sol humide durant les semaines à venir. La carotte peut mettre jusqu’à 3 semaines pour germer.
Un truc : la graine doit être bien plombée au sol. Cela signifie que le sol doit être bien tassé après le semis, sans excès bien sûr. Comment y arriver ? Un truc simple : après avoir refermé le sillon de semis avec de la terre fine, passez à cet endroit avec la roue de la brouette. Le sol sera, de cette façon, tassé idéalement.
La levée de la carotte est assez lente. Pour repérer facilement les lignes et pour pouvoir biner, nous pouvons semer dans le même sillon quelques graines de radis. Ils lèvent très vite et permettent ainsi les binages sans perturber les lignes de semis. Ils seront récoltés avant de devenir des concurrents sérieux aux carottes.
Lorsque les plants atteignent 10 cm de hauteur, nous éclaircissons le semis une première fois, c’est-à-dire que nous éliminons les plantes en trop pour ne laisser qu’une carotte tous les 3 cm. Les légumes vont alors grossir quelques semaines et nous pourrons réaliser cette opération une seconde fois en enlevant deux carottes sur trois. Celles enlevées peuvent être consommées, tandis que les autres, restées en terre, continueront de grossir. Pour faciliter ces éclaircissages en période sèche, n’hésitons pas à bien arroser la parcelle la veille de l’opération.
Et n’oublions pas que cette culture a besoin d’eau : nous arrosons chaque semaine pour maintenir de la fraîcheur dans le sol.
Les carottes primeurs sont récoltées au fur et à mesure des besoins. Pour éviter de perdre de la place dans notre serre ou notre couche, nous repérons et traçons déjà les emplacements des cultures à implanter dans quelques semaines, comme les laitues, et dans quelques mois, par exemple, les tomates.
Une forme et un goût influencés par le type de sol
Nous essayons de respecter une rotation d’au moins quatre années, ou mieux de six années, entre deux cultures de plantes de la famille des Apiacées (carotte, céleris, fenouil). Il faut éviter l’excès d’azote, lequel est néfaste au goût, à la couleur et au comportement vis-à-vis des maladies, et donc les parcelles fumées lors des derniers mois. En pratique, les sols de nos couches et de nos serres sont suffisamment dotés par les apports effectués pour les cultures antérieures. Les apports spécifiques pour la carotte ne sont généralement pas nécessaires.
Le type de terrain influence la forme et le goût. Ceux sablonneux sont propices à une croissance régulière et l’obtention d’une forme harmonieuse. Pour les argileux, ils sont réputés pour produire des carottes au goût prononcé. Les sols limoneux sont intermédiaires.
Les premières carottes sont d’excellents légumes primeurs. Leur feuillage est aussi une très bonne base pour confectionner des soupes.
