Le froid vivifiant mais pernicieux
Les basses températures de ces dernières semaines ont sans doute laissé quelques marques sur les mains et les pieds des travailleurs extérieurs. Doigts blancs ou engelures, telle est la douleur infligée par le froid. PreventAgri nous partage ses connaissances et ses conseils.

Lorsque les pertes de chaleur excèdent la chaleur produite, le corps est soumis à une contrainte thermique et va réagir en mettant en œuvre des mécanismes de lutte comme :
– des frissons : certains muscles se contractent spontanément pour produire de la chaleur via l’activité musculaire. Leur apparition doit être considérée comme un signal d’alarme.
– une vasoconstriction cutanée : diminution du diamètre des vaisseaux sanguins pour limiter la quantité de chaleur transportée par le sang vers la peau, ce qui se ressent en premier au niveau des extrémités (pieds, doigts).
Cette contraction des vaisseaux sanguins diminue les pertes de chaleur mais augmente le risque d’engelure !
L’exposition au froid peut donc avoir des conséquences sur la santé mais aussi sur la sécurité des travailleurs.
De nombreux risques
Le froid augmente en effet les risques d’accident en entraînant une perte de dextérité et en provoquant des erreurs de manipulation. Ces erreurs peuvent s’avérer très dangereuses, comme dans le cas de l’utilisation d’outil coupant telle qu’une tronçonneuse.
De plus, le danger d’une longue exposition au froid peut toucher certaines parties du corps ou se généraliser. Dans un premier temps, les extrémités, comme les doigts et les orteils, sont plus exposées au risque d’engelures qui se caractérisent par des lésions de la peau suite à une nécrose due à une exposition prolongée à l’humidité et au froid.
le froid combiné aux vibrations liées au travail avec une machine portative à moteur (tronçonneuse, souffleur…) peut entraîner le syndrome des doigts blancs ou syndrome de Raynaud, décrit comme l’arrêt temporaire de la circulation sanguine dans les extrémités.
Que dit la loi ? À situations différentes, règles différentes…
Pour le travail en continu dans des espaces fermés (locaux de travail, hangars fermés, serres, ateliers…), la législation définit des températures minimales sur le lieu de travail (Tableau 1), déterminées en fonction de la nature du travail à effectuer.
Il est à noter que les températures minimales sont également d’application dans les cas où le froid n’a pas une origine climatique mais une origine technologique, par exemple dans une chambre froide. Des vêtements de protection adaptés doivent être prévus et éventuellement avec un système de chauffage incorporé.
D’autres règles sont d’application pour les locaux ouverts ou lorsque l’on travaille dehors. Entre le 1er novembre et le 1er mars, un certain nombre de mesures sont spécifiquement prévues. Parmi celles-ci, des boissons chaudes sont distribuées, avec l’accord du comité pour la prévention et la protection au travail (si plus de 50 salariés). Des appareils de chauffage doivent être placés à l’intérieur d’un local de repos afin que les travailleurs puissent se réchauffer régulièrement. Mises en œuvre selon les besoins, ses mesures deviennent obligatoires dès que la température passe en dessous des 5°C.
Quelques moyens de prévention
Afin de se prémunir au mieux du froid, il est indispensable de prévoir plusieurs couches de vêtement. Trois couches sont recommandées : la première permettant l’évacuation de l’humidité due à la transpiration près du corps, le coton est idéal ; une seconde couche pour l’isolation thermique, en laine ou polar ; une dernière couche imperméable. Il est primordial que les vêtements restent secs pour conserver leurs propriétés.
Sachant que plus de 30 % des pertes de chaleur se produisent par la tête, un couvre-chef reste un excellent moyen pour limiter ces pertes.
Les gants ou mitaines sont également indispensables pour protéger les extrémités ainsi que les chaussures qui doivent idéalement être imperméables, antidérapantes et pourvues d’une bonne isolation thermique. Les chaussettes trop serrées ou superposées sont à proscrire car elles empêchent la circulation sanguine, le pied a donc plus de difficulté à conserver la chaleur.
Un autre conseil est de boire régulièrement de l’eau et/ou des boissons chaudes, mais éviter les boissons qui contiennent de la caféine ou de l’alcool et qui possèdent des caractéristiques diurétiques.
Il est aussi recommandé d’aménager des pauses dans un endroit chauffé et à l’abri du vent, ainsi que d’éviter les courants d’air.
Enfin, pour compenser les pertes énergétiques, une alimentation calorique, riche en graisses et en glucides, comme les pâtes, le riz et les produits laitiers est suggérée.