Réussir les semis et l’élevage des plants à repiquer
Dernièrement, le calendrier du jardinage et des conseils sur les stocks de semences ont été publiés dans cette rubrique. Il est donc, à présent, temps de passer aux autres aspects pratiques afin de s’assurer, étape par étape, que les semis se développent dans les meilleures conditions.

Le calendrier de jardinage du Sillon Belge du 23 janvier permet de repérer facilement les espèces de légumes qui se cultivent en semant directement ainsi que celles qui seront semées en pépinière pour être ensuite plantées à leur emplacement au potager. Dans le tableau, un petit « p » indique d’ailleurs cette étape de la plantation et son époque dans l’année.
Les renseignements techniques repris sur l’emballage ou le catalogue du semencier sont également précieux. Ils permettent de nuancer les informations générales selon la précocité ou les exigences de luminosité de chaque variété. Par exemple, les différentes sortes de laitues de printemps sont sélectionnées pour leur bon comportement en période de jours à longueur croissante. Celles d’été ont, elles, été sélectionnées pour leur bonne résistance à la chaleur.
Bien gérer ses stocks de semences
Le Sillon Belge du 6 février nous aide à faire le point sur nos stocks de semences. Nous pouvons en déduire ce qu’il convient d’acquérir en complément pour satisfaire nos besoins et nos envies de jardinage de légumes.
Lorsque nous semons pour produire des plants à destination du potager, ne nous fions pas qu’à notre mémoire. Il est important de bien noter les dates de semis et surtout le nom des variétés. Pour les paquets plus anciens, il faut aussi inscrire la référence du lot ou la date conseillée d’utilisation. Si la germination de ce lot était très mauvaise, il ne sert, en effet, plus à rien de conserver le paquet. À ce propos, les semenciers sont généralement très prudents. Il est fréquent que des semences germent encore assez bien après la date limite conseillée, pour autant que la conservation des paquets ouverts se soit faite à l’abri de l’humidité, de la chaleur et de la lumière.
Choisir les dates idéales
Le calendrier publié reste une base théorique, même s’il est le fruit de longues observations. En effet, les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Il est difficile de prévoir six semaines ou deux mois à l’avance si les conditions de plantation seront correctes, surtout en plein air.
En semant de petits lots à plusieurs dates successives, nous augmentons les chances globales de réussite.
En pratique…
Du terreau de semis peut être disposé dans une caisse : c’est la terrine. Les plantules qui émergeront quelques jours plus tard pourront être repiquées dans des pots avec du terreau de croissance. La terrine de semis ou les godets sont emplis de terreau de semis jusqu’à 1 cm du bord. Nous nivelons la surface et tassons pour obtenir un lit de semis régulier. Nous posons les graines en les distançant. Pour les terrines dans lesquelles nous semons en même temps plusieurs variétés, il est plus facile d’aligner chacune d’entre elles pour l’identification ultérieure. Ensuite, nous recouvrons de ¼ à ½ cm de terreau de semis et humectons-le tout avec de l’eau à température ambiante. Pendant toute la durée de l’élevage, nous utiliserons de l’eau tempérée pour les humectations ou arrosages.
Une autre solution consiste à préparer déjà les petits pots ou godets, et de semer une ou quelques graines seulement. Après émergence, nous sacrifierons les plantules en surnombre pour n’en garder qu’une par pot. L’avantage de cette méthode est de ne pas nécessiter de repiquage. L’inconvénient est que la surface totale consacrée au semis est plus grande. C’est surtout important pour les premiers semis réalisés à chaud, dans la maison ou sur un tapis chauffant dans la serre. Plutôt que d’employer des pots, nous pouvons presser des mottes de terreau qui seront disposées sur une planchette ou dans une caissette.
Et attention, employer de l’eau froide ferait chuter la température du lit de germination pendant plusieurs heures. La durée de la germination serait alors beaucoup plus longue et la réussite moins bonne. Il faut donc utiliser de l’eau tempérée, en remplissant l’arrosoir à l’avance et en le disposant en un endroit chauffé.
Semer en terrine, en godets ou en mottes pressées
À chaque opération de repiquage, la plante est freinée dans son développement avant de se réenraciner et de reprendre.
D’une part, le repiquage permet d’enterrer partiellement des plantes qui auraient filé par manque de luminosité, du moins pour les espèces qui le tolèrent (tomates, poivrons, aubergines, choux). Un semis en terrine prend moins de place qu’une pépinière de godets, cela peut être intéressant si nous ne disposons pas d’une serre ou d’un abri chauffé équivalent.
De plus la question : « petites ou grosses mottes, petit ou grand godet ? », n’est pas anodine. Une grosse motte pressée, un godet plus important mettent à disposition de la plante une plus grande quantité de nutriments et un plus grand volume d’extension du globe racinaire. L’élevage peut y prendre davantage de temps, ce qui est intéressant au début du printemps. Les plantes restent sous abri plus longtemps, protégées du froid.
Néanmoins, il faut plus de terreau avec un prix de revient un peu plus élevé. Toutefois, l’avantage est net au printemps avec une protection sous abri plus longtemps, et pour les jardins en carré puisque la plantation est la plus tardive possible et, par conséquent, l’occupation d’un espace de production sera plus courte.
Un choix judicieux consiste à confectionner des grosses mottes pour les premiers semis de l’année. Plus tard en saison, nous pourrons recourir à de plus petites mottes pressées ou de plus petits pots.
Quand repiquer de la terrine vers le godet ?
Lorsque, selon l’espèce de légume, la première vraie feuille ou les premières vraies feuilles commencent à apparaître, la plante se développe de plus en plus en indépendance des réserves de la graine dont elle est issue. Il s’agit un bon stade pour procéder au repiquage.
Nous soulevons la plantule à l’aide d’une fourchette en emportant avec elle une motte de terreau accrochée aux racines. Nous l’installons dans son nouveau milieu, godet ou motte pressée. Pour la manipulation, évitons de tenir la plantule par la tige : nous risquerions de provoquer des lésions avec des effets sur toute la durée de vie de la plante. En la tenant par une feuille, les éventuelles lésions auront moins d’incidence.
Une question de lumière
Le jardinier qui ne dispose que de peu d’espace chauffé et bien éclairé pour produire ses plants peut envisager une solution avec un éclairage artificiel. Il s’agit d’installer des lampes à lumière blanche, à une distance d’une dizaine de cm des plantes. Elles vont apporter de la lumière et un peu de chaleur qu’elles soient seules ou complémentaires à la luminosité d’une fenêtre de la maison. Et veillons à respecter une période sans lumière d’au moins 6 h par cycle de 24 h.
Opter pour des godets en papier
Les godets peuvent être constitués de différents matériaux recyclés pour autant que nous aménagions des trous de drainage afin de permettre l’évacuation de l’eau en excès. Nous pouvons aussi constituer des rouleaux en papier, à la façon de gros cigare, que nous remplissons de terreau. Les plantes pourront être transplantées au potager avec leur contenant.
Endurcir les plants
Les plantules que nous avons élevées au chaud ont besoin d’une petite période de transition avant d’être exposées au froid et aux conditions extérieures. Les plantes élevées dans des conditions de croissance idéales peuvent souffrir si on les installe brutalement dans des conditions de chaleur, de sécheresse ou de grand vent. Nous pouvons organiser une transition. C’est la période d’endurcissement, une étape très importante. Elle consiste à déplacer les plantes encore installées dans leur godet de l’endroit de l’élevage vers l’extérieur à un lieu protégé des vents forts et de l’ensoleillement vif. Après quelques jours, elles seront prêtes à être installées à leur emplacement définitif.
Notons que l’endurcissement est surtout nécessaire en période sèche et ensoleillée. Lorsque le temps est couvert, la différence d’humidité, principale source du stress dans ce cas-ci, est moins importante.