Projet EU Farms +: un Erasmus pour la transmission de l’agroécologie
« L’agriculture bio ne nourrira pas le monde », nous avons déjà tous entendu ceci et peut-être même le pensons-nous… Or, l’agriculture fait face à de nombreux enjeux comme le changement climatique ou la dépendance aux importations d’intrants et aux exportations des productions. Dans ce contexte, il est indispensable de pouvoir s’adapter et trouver des solutions, par exemple, en s’inspirant de ce qui se fait à l’étranger.

Une formation agroécologique
Un soutien de l’Europe
À l’heure actuelle, l’agriculture bio représente à peine 10 %. L’Europe a donc la volonté d’encourager ce type d’agriculture. Grâce à son financement, ce programme Erasmus sera co-construit par EU Farms et six autres acteurs européens majeurs du secteur agricole et de la formation, dont le CIVAM du Gard (France), AgroParisTech (France), Farm for Good (Belgique), Fattoria La Vialla (Italie), Gut und Bösel (Allemagne) et PWB Grupa Szkoleniowa (Pologne). Les sept fondateurs disposent de deux ans pour établir les bases de ce projet. Trente à cinquante mobilités sont prévues durant ces années de préparations et constitueront une sorte de tests.
Les objectifs de ce programme Erasmus, définis par EU Farms, sont multiples :
– Créer un réseau de fermes d’apprentissage pour permettre aux agriculteurs de se former en immersion sur le terrain grâce à des séjours au sein de fermes pionnières.
– Développer une méthodologie commune et des outils pédagogiques pour l’apprentissage entre pairs en agroécologie biologique.
– Faciliter l’accès aux mobilités européennes Erasmus+ pour les agriculteurs souhaitant se former dans d’autres pays.
– Construire une plateforme de ressources et d’évaluation pour accompagner la montée en compétences des agriculteurs engagés dans la transition agroécologique.
Des exemples inspirants
Durant ces deux ans, avec un financement européen, les sept fondateurs sont, dès lors, chargés d’établir leurs réseaux en trouvant des exploitations capables d’accueillir. Ces fermes ou coopératives pionnières doivent remplir certains critères :
– être certifiées bio,
– avoir deux ateliers de production différents,
– posséder un atelier de transformation à la ferme,
– plus de 30 ha.
Un suivi individuel et adapté sera proposé aux participants mais également aux fermes accueillantes, afin de garantir des acquis de compétences nécessaires et spécifiques à chaque besoin. Un ratio de 60 % de terrain sera proposé.
Pour aider le choix de formation, une plateforme numérique sera développée, avec une description des activités et des apprentissages. Les exploitations souhaitant se lancer dans le projet pourront aussi s’inscrire via cette plateforme.
De plus, les agriculteurs rencontrent souvent des difficultés à se déplacer. Ces déplacements dureront au minimum deux jours.
Un dialogue interculturel
Selon Emilie Rousselou, l’échelle européenne du projet offre de nombreux avantages.
Par exemple, elle facilite la discussion sur l’adaptation aux enjeux climatiques. En effet, il n’est pas toujours évident de trouver des solutions dans son pays. « Se tourner vers d’autres régions ayant vécu des bouleversements agricoles, d’un point de vue technique, permettrait d’anticiper ce qui aura probablement lieu chez nous dans quelques années », ajoute Emilie.
Elle continue, « cet échange international faciliterait aussi le partage en dépassant les enjeux nationaux ou commerciaux et la concurrence ».
Se pose ensuite la question de la barrière linguistique : « nous sommes conscients du frein que peuvent représenter les langues et nous y avons songé ». Durant ces deux années de préparation, plusieurs solutions seront envisagées, comme la technologie ou encore l’intervention d’une école de traduction.
Le projet EU Farms n’en est qu’aux prémices mais laisse entrevoir d’enrichissantes perspectives.