Favoriser l’innovation et l’amélioration
des pratiques agricoles
Les GO-PEI ou « groupes opérationnels du partenariat européen pour l’innovation » sont des outils concrets d’implémentation de l’Akis. Ces structures clefs ont pour objectif de développer et tester des solutions innovantes répondant aux besoins du terrain. Elles visent aussi à transformer les résultats de la recherche en pratiques agricoles concrètes. Ce dispositif original associe agriculteurs, scientifiques, institutions de recherche, consultants, vulgarisateurs pour répondre à des questions de terrain.
La journée du 19 février a été l’occasion de présenter quelques projets innovants.
Plusieurs groupes opérationnels (GO) mis en œuvre par la Cra-w sont déjà sur les rails en Wallonie. Tous ambitionnent de faciliter le développement de nouvelles pratiques adaptées aux réalités locales.
Le Cra-w,moteur de plusieurs « GO »
Citons le « GO Veaux » pour le développement d’alternatives à la production de veaux blancs, laquelle, bien que répandue, soulève des questions en matière de bien-être animal et de durabilité. Les chercheurs explorent dès lors des méthodes alternatives qui respectent davantage le bien-être des animaux tout en étant économiquement viables pour les éleveurs.
Parmi les options envisagées, l’engraissement à la ferme permettrait aux éleveurs de maîtriser l’ensemble du processus de production, de la naissance à la commercialisation, tout en répondant aux attentes des consommateurs en matière de qualité et de traçabilité.
Les acteurs du groupe travaillent à la mise en place de stratégies pour positionner la viande issue de ces veaux sur le marché en répondant aux préférences des consommateurs.
C’est encore le « GO Wallbovinut », qui vise à déployer des outils numériques pour optimiser le rationnement des bovins. Il prévoit l’intégration de l’outil en ligne Rumicalc (qui analyse techniquement et économiquement les rations bovines) à la plateforme WALLeSMART.
Selon les chercheurs du Cra-w, cette intégration facilitera l’échange de données entre les éleveurs et divers fournisseurs de services, tels qu’Eleveo, l’Arsia, le Comité du lait, le Centre de Michamps, améliorant ainsi l’efficacité et la personnalisation des analyses de rations.
Les fruits du projet « pré-verger 2.0 », une filière en devenir
Directeur de l’unité de recherches « biodiversité et amélioration des plantes et forêts » au Cra-w, le chercheur Marc Lateur est venu présenter le projet « pré-verger 2.0 » qui implique la structure Fourrages Mieux et l’Asbl Diversifruits dans une approche permettant de diversifier les exploitations agricoles tout en favorisant la biodiversité et la durabilité des sols.
M. Lateur nous a appris que la Wallonie était réputée, dès le Moyen Âge et surtout aux XIXe et XXe siècles, pour ses vergers, notamment en Hesbaye, en Condroz et en Fagne-Famenne.
Les vergers étaient souvent disposés autour des fermes, le long des chemins et parfois même dans des zones de cultures associées avec d’autres types de plantations. Certains faisaient partie intégrante des fermes traditionnelles, souvent en haute-tige, ce qui permettait un pâturage en dessous.
On y trouvait majoritairement des pommiers, poiriers et cerisiers. Quant aux fruits, ils faisaient la part belle aux nombreuses variétés locales, comme la célèbre Reinette de Waleffe (une variété de pomme) ou la Poire de Saint-Rémy.
Monitoring des ravageurs et valorisation du fumier de ferme
Les vergers étaient souvent intégrés dans des systèmes agricoles diversifiés, où les arbres fruitiers coexistaient avec les cultures de céréales, de légumes et l’élevage.
La spécialisation des exploitations agricoles (plus d’élevage, plus de cultures ou plus de vergers) a ensuite malheureusement conduit à la disparition de cette pratique intégrée avant de revenir en grâce ces dernières années.
Dans le cadre du projet « pré-vergers 2.0 », l’idée du « GO » a été de travailler dans la région du Condroz qui connaît un regain d’intérêt pour la plantation de vergers qui associent, comme jadis, de l’élevage et l’intégration d’arbres fruitiers dans les prairies pour constituer un large agrosystème durable.
L’équipe de recherche effectue actuellement un monitoring des principaux ravageurs présents dans les vergers tel que le carpocapse, un insecte dont les larves pénètrent dans le fruit et se nourrissent des pépins de la pomme. C’est aussi l’entonome, un insecte parasitoïde à même de détruire jusqu’à 90 % des pièces florales et, enfin, le redoutable puceron cendré à l’origine de dégâts sur les fruits, les feuilles, les branches et les jeunes arbres.
Les équipes travaillent par ailleurs sur la définition de seuils de tolérance et des modes d’action en privilégiant d’abord la biodiversité fonctionnelle tout en envisageant le piégeage de certains ravageurs présents dans le système. Avec l’aide de Fourrages Mieux, elles envisagent la façon de valoriser au mieux le fumier de ferme en évaluant les effets à la fois sur l’herbe et les arbres. Les premiers résultats de ce projet sont attendus pour la fin de l’année 2025.
Marie-France Vienne