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Iqsw… Redilemele…?

J’ai eu la chance d’assister, comme une petite souris dans un grand auditoire de l’UCL, au forum de lancement d’un projet de « super indicateur » pour caractériser les sols wallons, l’Iqsw. Oups ! Fastoche… N’est-ce pas ce que font les analyses de terre de nos chères provinces ?

Temps de lecture : 4 min

C’est plus compliqué que cela. D’abord, ces analyses de terre sont le reflet de ce qu’on cherchait au 20è  siècle : de la productivité agricole pour de la nourriture en suffisance, à la portée de tous.

Aujourd’hui, le « paradigme » (comme il se dit dans les milieux intellectuels) a changé. On s’inquiète pour la santé des sols. Il y a les sols agricoles (50 % en cultures et prairies, 30 % en forêt, 10 % bétonnés et 10 % d’espaces naturels ou inconnus). Le monde agricole et sylvicole (80 % du territoire) était présent à travers plusieurs interventions via la Fwa, les laboratoires du réseau Requasud et la Confédération du bois.

Pour les 20 % restant (le bâti urbain, les parcs et jardins et les réserves naturelles), les priorités sont évidemment différentes : écosystème, biodiversité et pollution sont les maîtres-mots.

Sur le fond, on imagine les grands axes : le fameux P.C.B. Rien à voir avec le moribond Parti communiste belge, ni avec les polychlorobiphényles (PCB), ces polluants interdits depuis 1987 mais qui font toujours parler d’eux.

Non, ce sont les paramètres physiques, chimiques et biologiques d’un sol. Physiques ? La texture (argile, sable, limon), quasi inchangeable et la compaction (très instable). Chimiques ? Le pH, les éléments nutritifs (ni trop, ni trop peu) et les métaux lourds et autres éléments indésirables. Biologiques ? Point sensible mais très variable, en saison, selon la chaleur, l’humidité et l’aération. Il y a la flore microbienne souhaitée et quelques parasites indésirables. Enfin, le nouvel élément clé, à l’épicentre des trois axes : le carbone.

On l’aura compris, ce ne sera pas facile de comparer des pommes et des poires, tant les critères d’évaluation sont nombreux et tellement différents selon l’affectation des sols. On n’imagine pas de comparer Eden Hazard, Justine Henin et Adamo sur les mêmes paramètres de qualité. Pareille pour les sols, mais la difficulté ne doit pas empêcher l’effort. Ce qui rassure, c’est que les sols agricoles, forestiers et naturels sont au sommet de la pyramide des préoccupations de sauvegarde.

Quelques questionnements venus des tribunes : qui va payer ces analyses ? Silence dans les rangs. Quel supplément administratif cela risque de générer ? Là, pas de soucis, une toute petite ONG environnementale a témoigné de sa modestie, n’ayant que 36 employés salariés (…). Autrement dit, il y a de la réserve… Au fait, à quand un indicateur sociologique pour dénombrer le nombre de personnes subventionnées ou fonctionnarisées qui tournent autour de l’agriculture et de la nature ?

Point positif à mettre aussi en évidence : pas un politique dans la salle (200 personnes) pour tirer la couverture ! Bravo. Par contre, quel acronyme bizarre. Iqsw, pour Indice de qualité des sols wallons. J’aime bien les mots compliqués comme ce volcan islandais Eyjafjallajökull qui avait pollué le ciel en 2010 mais c’est quand même plus facile avec des mots simples comme Cocorico ou Coca-Cola… Tiens, une idée parmi d’autres : CoQua-SoWa… pour « Cotation de qualité des sols wallons »…

Bref, il y a du pain sur la planche pour trouver une formule idéale entre le « plus petit commun dénominateur » et le « plus grand commun multiple », mais le jeu en vaut la chandelle.

Juste une suggestion : le monde agricole doit s’y intéresser de près et revendiquer un poids proportionnel à son occupation des sols, pas à son nombre de lobbyistes opérationnels dans les cénacles où se font les réglementations.

Alors… « Aux armes les terriens ! » Occupons le terrain. Comment ? En s’inscrivant sur le site web www.iqsw.be. Il suffit de quelques clics pour être dans la boucle, notamment en remplissant le formulaire d’attente en bas de la rubrique « évènement ». Cinq minutes pour défendre la vocation agricole de nos sols, cela devrait en valoir la peine.

JMP

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