Afrique du Sud: tout est bon dans l’autruche!

À 50 km de Cap Town, nichée dans les plus beaux paysages de la péninsule du Cap, en lisière de la réserve du Cap de Bonne Espérance, on découvre la « Cape Point Ostrich Farm ». Cet élevage d’autruches s’étend sur 65 ha dont 25 ha sont réservés à la reproduction. En effet, la spéculation de la ferme repose sur la naissance et l’élevage de jeunes autruches pour la production de viande, de cuir et de plumes ainsi que d’objets dérivés.

La saison des amours

De septembre à fin avril, c’est la saison des amours. C’est à cette époque que les femelles pondent leurs œufs et que les mâles présentent une couleur rouge sur leurs écailles de pattes et leur bec. Les mâles attirent les femelles grâce à ces attraits et une danse de séduction. Durant cette période, les 25 femelles reproductrices de l’exploitation peuvent pondre un œuf (fécondé ou non) tous les trois jours, c’c'est-à-dire 20 à 30 œufs sur toute la période de reproduction. Ceux-ci sont collectés et amenés en couveuse. « Si on les laisse dans leur milieu naturel, il y a beaucoup de risques qu’ils soient chapardés par les babouins qui représentent un véritable fléau dans notre coin. Notez néanmoins, qu’à l’état naturel, aussi bien les mâles que les femelles couvent les œufs » explique l’un des membres de l’équipe de la ferme.

Naissance en couveuse

Avant d’être placés en couveuse, les œufs sont nettoyés et désinfectés. On indique également leur poids et le nombre d’œufs produits pour les statistiques de fin de saison. Quand la couveuse contient 20 à 30 œufs, elle est mise en fonctionnement à une température stable similaire à celle du corps – 36,6°C- durant 6 semaines, c’est-à-dire 42 jours. Après deux semaines, on vérifie si les œufs sont bien fécondés à l’aide d’une torche. Si ce n’est pas le cas, les œufs non fécondés peuvent toujours être consommés.

Les œufs sont déplacés dans un autre local trois jours avant l’éclosion. Les petits sont capables de casser l’œuf seuls, avec leurs griffes et leur bec. Une fois sortis, ils passent trois jours sans manger et boire, les réserves accumulées étant suffisantes. Après ce laps de temps, l’homme entre en contact avec les autruchons et leur donne des aliments concentrés qui évolueront avec l’âge.

De la viande, des plumes et du cuir de qualité

Les oiseaux sont répartis dans des groupes de naissances de 2 à 3 semaines. Ils atteignent leur taille adulte et un poids d’environ 100 kg à 18 mois. « C’est à cette période que les animaux partent à l’abattoir car ils ont un rendement en viande de près de la moitié de leur poids. C’est aussi le meilleur compromis si on veut recueillir de belles plumes et une peau de bonne qualité. En effet, plus le temps passe, plus celles-ci s’abiment ».

La viande d’autruche est rouge et tendre comme le boeuf.

La peau est constituée de 14 couches ce qui donne le deuxième cuir le plus résistant au monde après celui du kangourou et le second le plus cher après celui de crocodile. « Une peau permet de créer un sac d’où le prix relativement élevé de ces produits. Les contrefaçons ne sont pas rares mais pour distinguer le vrai du faux, il suffit de caresser le cuir dans un sens puis l’autre, le cuir véritable accroche dans un sens et est lisse dans l’autre car toutes les plumes sont placées dans la même direction ».

Quant aux plumes, elles sont tout aussi appréciées dans la confection d’accessoires de mode ou objets de décoration. Viande, peau, cuir, coquille d’œuf… Rien n’est perdu, tout est converti. « Comme dans le cochon, tout est bon dans l’autruche ! ».

Delphine Jaunard