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Un outil pour mieux définir les zones prioritaires «phyto»

Le projet Prior’eau du Centre wallon de recherches agronomiques (Cra-w) permet de fournir un appui à Protect’eau dans son accompagnement quant à la bonne gestion des produits phytopharmaceutiques. Grâce à des bases de données de détection des produits de protection des plantes (PPP) au niveau des ressources en eau et des outils d’analyse, des zones prioritaires à démarcher sont définies.

Temps de lecture : 4 min

Le Cra-w travaille, en collaboration avec le Service public de Wallonie (SPW), sur l’exploitation de bases de données spécifiques. Ces sources d’information recensent les détections de produits phytopharmaceutiques (PPP) dans les eaux souterraines et de surface. Le projet Prior’eau vise à identifier et à surveiller les zones où les concentrations en produits phytopharmaceutiques sont entre 30 et 75 % de la norme de potabilité fixée à 100 ng/l (les seuils mentionnés sont tels que définis dans le Code de l’eau wallon).

Le but de l’outil est préventif et permet d’agir localement avant que la situation n’affiche une tendance négative pouvant aller jusqu’au dépassement de cette norme. L’identification des PPP problématiques dans une zone donnée permet de cibler les cultures et parcelles où les conseils devront être délivrés prioritairement. Les conseillers Protect’eau, œuvrant pour la protection de la ressource en eau, bénéficient ainsi d’un support complémentaire pour l’accompagnement des agriculteurs.

Un large échantillon

Sur l’ensemble de la Wallonie, c’est près de 1.000 points d’échantillonnage d’eau qui sont analysés. Le réseau de surveillance DCE (Directive-Cadre sur l’Eau), mis en place par la Région wallonne pour répondre aux exigences de l’Europe, est composé de 397 points d’échantillonnage pour les mesures de l’état chimique des masses d’eau. Le réseau dit « additionnel » est composé, lui, d’ouvrages dans lesquels des analyses sont également effectuées, mais moins fréquemment et dont les résultats ne servent pas à l’établissement de l’état de l’environnement wallon.

Des matières actives ciblées

Les bases de données sont traitées afin de mettre en évidence les substances actives ou les métabolites potentiellement problématiques, en se basant sur leur présence dans les eaux. En fonction de la fréquence de détection et les concentrations rencontrées dans les ouvrages au sein des deux réseaux, certaines molécules feront l’objet d’une attention particulière. La situation dans les pays limitrophes est aussi prise en compte pour déterminer la liste des substances actives à cibler. Celle-ci est susceptible d’être complétée chaque année en fonction des nouvelles détections et de la dynamique d’évolution.

Des zones d’action précises

Sur base de cette liste (substances actives et métabolites associés), des zones prioritaires sont définies autour des points contaminés. Ces endroits correspondent aux zones de prévention rapprochées et éloignées (zones IIa et IIb) ou à celles d’alimentation de captage lorsqu’elles sont définies. Elles permettent d’identifier les parcelles les plus contributives aux contaminations enregistrées. Les conseillers peuvent, de cette façon, cibler les lieux sur lesquels ils doivent concentrer leurs efforts.

Des cartes de chaleur comme guides

Les scientifiques produisent des résumés opérationnels, issus des résultats de leurs analyses. Ils présentent, entre autres, des tableaux sous forme de carte de chaleur où les concentrations sont représentées par gradient de couleur. Ceux-ci seront utilisés pour orienter les actions de terrain, mais aussi pour construire l’argumentaire des conseillers. Ces derniers devront prendre également en considération les dynamiques de détection. En effet, un ouvrage peut présenter une faible concentration en une substance active mais récurrente, ou a contrario une concentration préoccupante mais sporadique (voir figure 1).

Mise en place de zones prioritaires

La première étape de ce projet Prior’eau a été la prise en main des différentes bases de données (Calypso pour les masses d’eau souterraines et Aquaphyc pour celles de surface) et leurs traitements en collaboration avec les services du SPW pour une exploitation concertée. Un premier tour de la bibliographie, pour analyser comment d’autres chercheurs et autorités ont abordé la thématique, a permis au Cra-w d’orienter sa démarche. Suite à ces recherches, différentes méthodologies, pour la mise en place de zones prioritaires, ont été réfléchies et testées. Grâce aux premiers résultats générés, les conseillers de Protect’eau vont pouvoir concentrer leurs efforts sur les eaux souterraines où une pollution est en cours, avant qu’elle ne porte atteinte à leur potabilité.

23- carte concentration dimethenamide-web

Pour chaque substance active problématique pour l’eau, le Cra-w fournit une carte géographique et un tableau informatif (sous forme de carte de chaleur) aux conseillers de PROTECT’eau.

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